Avoir une voiture plaisir, c’est bien. Se faire plaisir avec, c’est mieux. À notre humble niveau, difficile d’être aussi performant que nous l’aimerions vraiment sur circuit. Nous sommes donc allés au Castellet, chez Oreca, pour prendre quelques conseils de conduite sur piste et découvrir ce grand nom de la course automobile 100 % frenchy…
Si vous ne connaissez pas Oreca mais que vous suivez le sport automobile, vous devez sûrement savoir que la firme collabore avec les plus grands et a déjà quelques trophées accrochés au mur (49 titres et 350 victoires) : 24H du Mans 2017 en LMP2 aujourd’hui, mais aussi 24H du mans en 1991 avec la Mazda 787 à moteur rotatif par le passé. L’entreprise est présente partout : proto, endurance, rallye, Formule 3.
Oreca, c’est une entreprise familiale fondée en 1972 et qui compte aujourd’hui plus de 200 employés à travers le monde. dans de nombreux milieux autour du sport automobile : conseil aux écuries, constructeur de prototypes LMP2, vente de produits de course, prestataire en événementiel ou encore école de pilotage ; tout ce qui touche de près ou de loin à de la piste, ou du moins à de la performance sur quatre roues, Oreca le couvre.
N’étant pas un pilote de renom ou un ingénieur de génie, Oreca n’a plus qu’un intérêt direct pour moi : ses journées circuit ouvertes à tous.
1,6 km de long, 8,5 m de large, une vingtaine de virages, une aire plane, aucune courbe identique et un peu de dénivelé, la recette parfaite d’une piste technique et exigeante pour s’amuser sans prendre trop de risque. Depuis 2013, juste à côté du mythique Circuit Paul Ricard, le Driving Center est le terrain de jeu d’Oreca et de ses pilotes-instructeurs.
Deux armes pour découvrir la piste et s’amuser le temps d’une journée : la pétillante et fun Abarth 124 Spider équipée de l’exubérant échappement Monza, et le très efficace et chantant Cayman de précédente génération, avec son mélodieux Flat 6.
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Freiner, c’est la clé
« 80 % du pilotage, c’est savoir freiner ». Ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’un des pilotes instructeurs qui m’a accompagné tout au long de la journée…
Et ma foi, avec un peu d’expérience sur piste, je dois dire qu’il a raison. Du coup, premier atelier de la journée : freiner. Freinage dégressif puis freinage d’urgence, la clé est de savoir adapter sa technique en fonction de la situation, que ce soit sur piste ou sur route ouverte d’ailleurs…
Il est toujours intéressant de voir à quel point on est hésitant à appuyer à fond sur la pédale de frein pour arrêter une voiture en situation d’urgence, sûrement la peur que le train avant nous plante et que le véhicule se mette à déraper (à tort avec l’ABS et le freinage anti-multi-collisions). Du coup, les aides à la conduite nous supplantent et freinent désormais à notre place, plus tôt et surtout plus fort. Reste que lorsque sa voiture n’en est pas équipée, et bien il faut savoir le faire ce freinage d’urgence…
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Montant graduellement notre vitesse sur la zone de test, et même si on le savait déjà, on s’est ainsi rapidement rendu compte de l’augmentation exponentielle des distances de freinage et les différences énormes pour s’arrêter en ne roulant qu’à 10 km/h de plus.
Sur circuit, autant vous dire que ce que l’on utilise le plus, c’est le freinage dégressif. Déclencher son freinage au bon moment en ayant les roues droites, le doser comme il faut, et ne pas hésiter à tenir la pédale jusqu’à loin dans la courbe pour faire un transfert de masse sur l’avant. Cela permet ainsi de passer le point de corde de façon fluide puisque tout le poids sera sur les roues directrices, et qu’implicitement cela augmentera la surface de contact avec la route, le pouvoir directionnel du train avant, et donc l’adhérence de la voiture.
Gérer ses trajectoires
Le moindre joueur de Forza ou de Gran Turismo vous le dira : gérer ses trajectoires c’est la base de tous les bons chronos. Une bonne trajectoire ça permet de bien freiner, de passer sereinement une courbe et surtout de repartir à la bonne allure et au bon endroit.
Avoir le regard porté loin dans la courbe, c’est la base du pilotage, et c’est surtout valable pour tout ce qui va vite et qui tourne, du circuit aux pistes de ski. Ne pas regarder son capot et porter son regard sur la sortie de la courbe inscrit naturellement la voiture dans le virage, cela agit implicitement sur les actions de ses mains sur le volant et de ses pieds sur les pédales.
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Les repères sur piste (souvent des plots) placés par les instructeurs permettent de savoir où rentrer/sortir dans une courbe, où prendre la corde et où passer pour optimiser son temps. Une bonne connaissance du tracé est primordiale pour maitriser ses trajectoires, et je ne peux ainsi que vous recommander de rouler deux tours au ralenti sur la piste pour la mémoriser. Pour ma part, je retiens une piste autour des passages qui me semblent difficiles et des parties rapides, mais vous pouvez également vous fier à un arbre ou tout autre repère vous permettant de savoir où vous en êtes sur le tracé…
Il n’y a pas de trajectoire unique, mais il y a tout de même des généralités applicables à tous les types de courbe. Le principe étant généralement de réduire le moins possible l’angle que l’on met dans le volant et de garder un run fluide, pour empêcher les transferts de masse trop brutaux, les mauvaises relances dues à un placement hasardeux, ou la glisse, qui est un ennemi au chrono (mais pas au fun avouons-le).
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Il faut ainsi généralement trouver son point de braquage (l’entrée du virage) à l’extérieur, aller chercher le point de corde à l’intérieur pour commencer à débarquer et à ré-accélérer en conséquence, puis le point de sortie au niveau duquel on pourra remettre les gaz en ayant les roues droites.
Certains enchainements de virages vous demanderont également de faire des choix, on appelle ça « sacrifier un virage » et il faudra, comme le nom l’indique, ne pas prendre la trajectoire que l’on pensait être la bonne sur un premier virage pour parfaitement passer le prochain.
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S’amuser
La finalité de ces quelques petits conseils, c’est quand même de s’amuser. Le circuit, c’est cet espace de liberté que la route n’est pas. Peu importe l’allure, peu importe sa monture, il y a des tracés adaptés à tous les types de voitures et à toutes les puissances, de la MX-5 sur le circuit des Écuyers à la Porsche 911 sur le Bugatti du Mans, prendre son pied sur piste aujourd’hui est assez aisé en France lors des « Track Days ».
Le Driving Center du Castellet permet ainsi une fois par mois de venir rouler avec sa propre voiture sur un tracé vraiment cool, dans un cadre culte du sport automobile, et surtout accompagné de pilotes-instructeurs prodiguant de précieux conseils. Et la plus-value d’Oreca se trouve ici : c’est l’un des seuls circuits de France à offrir un « package Track-Day » dans lequel on vous donne des conseils pour se perfectionner sur piste au volant de sa voiture.
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Pour ma part, ne pouvant descendre ma voiture pour une journée expresse, je me suis amusé avec les jouets du Driving Center…
Le matin, la découverte du circuit et les ateliers de freinage se sont déroulés avec l’Abarth 124 Spider, le jouet idéal pour se faire la main sur piste. Reposant sur la base très saine et très joueuse de la MX-5, le roadster Italo-nippon que je connais déjà plutôt bien s’est révélé une fois de plus être une machine à sourire diabolique.
Son moteur turbo donne suffisamment de couple pour relancer efficacement, son chassis permet de se faufiler rapidement dans le sinueux sans jamais vous mettre à défaut, et l’échappement vous donne l’impression d’être dans un GR.4 d’Endurance. Quelques coups de gaz et coups brutaux dans le volant et elle se met même à danser entre les courbes. Bref, une très bonne entrée en la matière pour se lancer sur piste.
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Après plusieurs tours et un parcours assimilé, nous avons pu jouer avec la plus rigoureuse et plus efficace Porsche Cayman type 981, encore équipée du Flat 6. Un autre monde s’est alors offert à nous, un monde chirurgicale où la voiture vous répond au doigt et à l’œil et anticipe même vos désidératas. Les Porsche sont les meilleures voitures du monde pour beaucoup et après quelques passages sur piste à leur volant, je commence à comprendre pourquoi. Il y a un mois, je m’émerveillais à bord d’une 911 GT3 en Espagne, aujourd’hui je découvre la rigueur avec laquelle le Cayman 981 se promène sur la piste.
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Un chassis rivé au sol, une direction précise à souhait, un moteur onctueux, une mélodie lyrique et une boite de vitesse PDK qui passe les rapports au moment où votre cerveau commence à y songer. On apprécie d’autant plus la piste avec une telle voiture, surtout lorsqu’on a le parcours en tête et que l’on se rappelle à chaque courbe les précieux conseils qu’on nous a donnés.
Entreprise de passionnés depuis le début, Oreca perpétue cette philosophie et fait vivre à travers ses stages de pilotage et de ses Track Days au sein du Driving Center du Castellet sa vision du plaisir de conduire sur piste. Pour se perfectionner tout en s’amusant, je vous recommande vivement de vous y rendre si vous êtes dans le coin…