Comme tous les ans, c’est un brin fébrile que j’attends l’ouverture de mon salon préféré. Rappelez-vous ce sentiment, le 25 Décembre au matin, juste avant de pouvoir ouvrir le paquet du circuit de petites voitures… Souvenirs souvenirs…
Rétromobile 2017 : visite des jouets en vidéo
Promesse tenue
Cette année le salon Retromobile à encore tenu toute ses promesses, avec des chefs d’œuvres automobiles tous plus attirants les uns que les autres. Ce sont des centaines d’automobiles de toutes générations qui sont réunies, des milliers de passionnés qui déambulent, et chacun peut s’extasier devant SA voiture préférée. Choisir un seul modèle préféré sur Rétromobile, est-ce bien raisonnable ? La réponse est simple et nette : non ! C’est pour cela que j’ai choisi de ne parler que de quelques modèles emblématiques pour moi.
Renaissance
Parmi les mythes automobiles, il y en a une qui me tient tout particulièrement à cœur, car particulièrement chargée d’histoire pour la marque, la Jaguar XKSS. Tout commence en 1955 au Mans (comme souvent !), la Jaguar type D remporte sa première victoire. Un certain Steeve McQueen, passionné de course automobile, contacte alors la marque afin de se faire construire une auto dérivée de la Type D. Ce sera la XKSS, la première supercar directement dérivée de la compétition. Elle sera le lien entre la course et la route car de l’esprit de la XKSS naîtra la fameuse Type E et la lignée des Jaguars grand tourisme.
Prévue initialement à 25 exemplaires, la XKSS ne fut finalement produite qu’à 16 exemplaires, en effet un incendie détruisit en 1957 l’usine et les 9 châssis restant.
La voiture exposée à Retromobile est une ‘continuité’ produite par Jaguar, encore plus rare puisque produite à 9 exemplaires. Les 9 autos disparues en 1957 on été refabriquées par l’usine, strictement conformes aux modèles d’origines et vendues à des clients triés sur le volet. Une des conditions d’acquisition fut qu’elles ne soient pas remisées dans un musée mais utilisées en courses historiques.
Et c’est donc ici à Paris que j’ai pu découvrir une des autos les plus rares au monde, une Jaguar XKSS neuve !
Le chef d’œuvre du fils
C’est en 1938 que Jean Bugatti, fils d’Ettore, se voit confier le projet d’une automobile basée sur le châssis rabaissé, type 57S. A 29 ans, le challenge est grand, il doit créer un modèle qui doit redynamiser la marque. En effet à cette époque Bugatti a du mal à vendre ses productions et la firme est mise à mal financièrement, notamment à cause du projet pharaonique de la Royale. A cette époque la mode est aux carrosseries type ‘goutte d’eau’, et les Delahaye et Talbot carrossées par Figoni-Falaschi ou les Avions-Voisin Aérodynes sont les références des sportives modernes.
C’est donc une carrosserie ‘goutte d’eau’ qui sera montée sur le châssis 57S, avec des solutions innovantes comme l’utilisation d’un matériau léger et solide, un alliage de magnésium. C’est de cette contrainte que naquit un chef d’œuvre unique, en effet cet alliage ne pouvant pas être soudé, il fut entièrement riveté. C’est ce qui donne à l’Atlantic cet aspect si unique et particulier : les arrêtes saillantes sur toute la carrosserie. Il n’en reste aujourd’hui que 3 au mondes (dont une dans la célèbre collection de M. Ralph Lauren).
Celle présentée à Retromobile est certes la moins aimée des puristes (car reconstruite après une collision avec un train !), mais il n’en reste pas moins que c’est une vrai Atlantic, une Joconde de l’automobile. Son prix ? Difficile à dire, la dernière vente eu lieu en 2010, après la mort de son propriétaire, un exemplaire est parti à 30 millions de Dollars. La voiture la plus chère du monde, si aujourd’hui un exemplaire était à vendre il dépasserait certainement la barre des 50 millions pour se rapprocher de celle des 100 ! Mais peu importe son prix, un chef d’œuvre n’en a pas, elle reste une icône, une référence, un mythe.
Au nom du fils
Lorsqu’Enzo Ferrari décida de produire des moteurs V6 au début des années 60, il leur donna le surnom de son fils décédé à 24 ans, Dino. Alfredo ‘Dino’ Ferrari participa d’ailleurs à la conception de ces moteurs. En 1965 plusieurs prototypes de Berlinettes V6 à moteur central arrière furent créés, en collaboration avec PininFarina. Le modèle exposé par la maison de vente Artcurial était l’un de ces prototypes, la Dino Berlinetta Speciale. Il s’agit du modèle exposé au salon de Paris en 1965, en 1967 il sera offert par PininFarina au musée de la Sarthe.
Ce modèle est pour moi à l’origine de l’ère moderne de Ferrari, si on observe bien ses lignes, on retrouvera des caractéristiques encore utilisées de nos jours sur les Ferrari modernes. La vague formée entre l’aile avant et arrière, les ouies d’aérations, l’implantation moteur… la 488 est bien la descendante de ce prototype, dans la lignée des 246, 308, 348, 355, 360, 458 et j’en passe. La première Berlinetta c’est elle, cette Dino est bien la matrice de tous les modèles qui m’ont fait rêver.
Elle a été adjugée à 4,4 Millions d’Euros, en dessous de sa cote estimée à 6 millions, une affaire !
Profusion et qualité
Les stands des marchands Fisken et JD Classics offraient également à la vente des morceaux d’histoire. Comme cette Lamborghini Countach de 1975, un des premiers modèles, dans sa livrée la plus pure. Dénuée de tous artifices aérodynamiques, elle offre à la vue le dessin originel du carrossier Bertone. Ce modèle est dit ‘periscopo’ car la voiture étant tellement basse, elle proposait un rétroviseur traversant le toit, comme un périscope. Pour la petite histoire le mot ‘Countach’ est un mot d’argot signifiant ‘extraordinaire’ ou plutôt ‘wahooouuuuuu comment elle défonce de ouf’, mot qu’aurait lâché M. Bertone en voyant l’auto la première fois sur route.
Dernier cadeaux d’Enzo
S’il y a bien un modèle qui met tout le monde d’accord, c’est la Ferrari F40. Que ceux qui ne l’ont pas eu en poster ou en BBurago lèvent la main ! Et bien elle était là, en vrai, et comme à chaque fois que je la revois, je suis retombé amoureux. Je suis dingue de ses lignes, fou de ce qu’elle offre de bestialité et de sensualité. C’est la dernière voiture produite du vivant du Commandatore Enzo Ferrari, à l’occasion des 40 ans de la marque, d’où son nom. Et vraiment du fond du cœur un éternel ‘merci’ à M. Ferrari de nous avoir ‘offert’ ce fantasme sur roues.
LGHA pour Les Grandes Heures Automobiles
Une superbe exposition était organisée sur le thème des Groupe B, organisée par LGHA, elle nous rappelle combien ces monstres nous ont fait vibrer. Si vous souhaitez les voir en action, n’oubliez pas de réserver vos places pour l’édition 2017 des Grandes Heures Automobiles. Sur l’autodrome de Monthléry ce sera l’occasion de voir rouler toutes les gloires automobiles et motos. Au cœur de ce lieu mythique, avec des stands et une piste accessible, je vous promets un moment magique les 23 et 24 Septembre 2017. http://www.lesgrandesheuresautomobiles.com/
Un bilan entre bonheur et frustration
Ce ne sont que quelques modèles emblématiques décrits dans ces quelques lignes, mais Retromobile vous en offre 1000 fois plus, après 2 jours de salon je n’en avais pas encore fait le tour. Voilà un endroit convivial, où les exposants jouent le jeu et laisse les visiteurs approcher de très près des autos de plusieurs millions d’euros. L’offre est tellement vaste et variée que chacun pourra s’extasier plusieurs dizaine de fois. Un bilan, comme toujours extrêmement positif, avec juste deux nuances. La première, là le salon n’y peut rien, c’est de ne pas voir rouler les voitures. La deuxième est plus personnelle, s’il vous plaît les organisateurs, l’année prochaine changez-moi l’éclairage intérieur du hall 1 !!! Les lampes jaunes dénaturent toutes les couleurs et du coup les photos. Ce sera pour moi le seul point d’amélioration à retenir, parce que le reste c’est un an de rêve en tête, jusqu’à la prochaine édition.