Le Mans. Quelle ville incarne mieux le goût de l’asphalte et le sport automobile en France que la capitale de la Sarthe ? Connue mondialement pour son épreuve reine d’endurance des 24 Heures du Mans chaque année en juin, telle Saint-Jacques-de-Compostelle, tout passionné d’automobile se doit d’y aller en pèlerinage au moins une fois dans sa vie…
Embarquez avec moi dans un week-end à 300 km/h, ma première fois aux 24 Heures du Mans ! 🏁
Tout bon week-end aux 24 Heures du Mans digne de ce nom doit forcément commencer par un road-trip… Et quoi de mieux qu’une belle balade ensoleillée en Mustang Cabriolet pour se mettre dans le mood ?
Cruising en Mustang
La Stang’, on la connait bien et on l’apprécie tous sur le blog. Cyril en a dit tout le bien du monde ici, et Florian est tombé sous son charme là. En même temps, il est impossible de ne pas avoir un petit coup de cœur pour cette icône de l’histoire automobile, à la lignée pure et déjà culte. Surtout lorsqu’on sort du somnifère qu’est l’autoroute A11 et qu’on s’aventure dans les Alpes Mancelles…
Qui dit Alpes, dit virages… Bon, la Mustang n’est pas la plus à l’aise dans l’exercice, même si je dois dire qu’elle m’a véritablement bluffé par sa bonne tenue dans le sinueux autour du Mont des Avaloirs, le point culminant de l’ouest de la France avec 417 m d’altitude. Bien suspendue en mode Sport, et tonique avec son bloc EcoBoost de 290 ch, elle cache sous ses airs de paquebot un potentiel dynamique non négligeable.
J’ai toutefois pris bien plus de plaisir à cruiser avec en mode grand-tourisme, cheveux au vent et musique de bord de mer dans le système Bang & Olufsen, au gré des villages de charme entre Alençon et Le Mans. Parmi eux, Saint-Cénéri-le-Gerei, une petite perle classée parmi les plus belles bourgades de France, dans lequel l’échappement à clapets actifs de notre américaine a fait trembler les murs en pierre des superbes ruelles en pierre.
Pour donner un peu de vocalise au moteur de Focus RS qu’elle embarque, Ford a doté sa belle aux quatre-cylindres du même échappement que la Bullitt, sans toutefois chercher à reproduire les vocalises uniques du V8. Un petit artifice ô combien important pour ajouter un supplément d’âme et de caractère à une voiture qui n’en manque déjà pas…
Saint-Léonard-des-Bois, au cœur des Alpes Mancelles, je profite d’une pause pique-nique au bord de La Sarthe pour apprécier son look inimitable. Un peu comme avec une 911, toutes les générations de Mustang ont gardé ce petit truc de la version originelle. On ne dénature pas une légende, et Ford, après s’être un peu égaré dans les années 80/90, a redonné à son coupé cette gueule démoniaque qui sent bon les grands espaces du pays de l’Oncle Sam. Son nouveau museau inauguré en 2018 lui va comme un gant, et notre configuration grise avec ses jantes noires a ce petit quelque chose de chic.
On reprend la route en direction du Mans, le relief et les virages des Alpes Mancelles derrière nous, après Sillé-le-Guillaume, place à d’interminables lignes droites jusqu’au Circuit de la Sarthe. Calé en 10e vitesse (!), l’échappement ouvert, et profitant du confort royal de la Stang, je parfais mon bronzage et occupe les quelques kilomètres restants à jouer avec les différentes commandes à bord.
La voiture offre un nombre assez incroyable de personnalisation, permettant de tout régler : suspension, direction, échappement, réponse du moteur, on peut ajuster et créer sa propre configuration comme bon nous semble. Le tout étant ensuite repris dans la nouvelle instrumentation numérique, dont l’interface change joliment en fonction du mode sélectionné.
Point de mode drift ou de mode dragster pour nous aujourd’hui, la circulation se densifie, les supercars se multiplient, et les Anglais sont absolument partout. Le Mans, nous y sommes !
Les 24 Heures du Mans, enfin !
La Mustang parquée pour le week-end, je rejoins le circuit juste avant le départ des 24 Heures, où le reste de l’équipe Ford m’attend sur la grille de départ pour découvrir les GT engagées juste avant 15 heures.
Après plusieurs dizaines d’années d’absence et la GT40 comme lourd et noble héritage, Ford est revenu au Mans en 2016 avec la nouvelle GT de la plus belle des façons : en remportant l’épreuve. Second en 2017, troisième en 2018, et… une dernière participation annoncée, déjà, à l’occasion de cette édition 2019.
Pour terminer cette aventure en beauté, l’écurie de course du constructeur a aligné quatre GT, dont les numéros sont ceux des années victorieuses (de 66 à 69) et les livrées historiques rappellent l’âge d’or de la GT40 au Mans. 15:00, le départ est lancé suite au passage traditionnel de la Patrouille de France, c’est parti pour 24 heures de course et près de 5000 km à avaler en relais pour les trois pilotes de chaque voiture.
Pendant que ces derniers enchainent les pointes dans Les Hunaudières et ajustent leurs trajectoires dans le virage Dunlop, je passe en coulisse, et découvre le garage et les équipes techniques de Ford Performance. Chaque voiture compte onze mécaniciens et une quinzaine d’autres techniciens et ingénieurs, toute une équipe qui travaille en cohésion pour ajuster les stratégies de course et guider le pilote dans ses arrêts au stand.
Chaque passage au stand est décisif. Avec son V6 de 520 ch, la voiture consomme près de 90 L de carburant par heure, il faut donc y passer toutes les heures pour faire le plein, changer les pneus, et effectuer les vérifications techniques. En moins de 40 secondes, la GT sort des stands et la pression redescend doucement jusqu’au prochain ravitaillement et changement de pilote. Les gestes sont connus et répétés, le rôle de chacun est extrêmement précis, une efficacité et une organisation incroyables mais nécessaires règnent dans les garages.
Ce staff qui travaille dans l’ombre pour que les pilotes brillent dans la lumière ne dort pas pendant 24 heures… Assis sur leurs chaises devant les écrans de course, ils somnolent, ferment les yeux, mais ne quittent jamais vraiment Le Mans et sa frénésie. Prêts à accueillir leur voiture et son pilote, tout est en place pour que chaque arrêt soit le plus bref : capots, pneus, moteurs, tout est à disposition à même le sol.
Le jour se couche tranquillement sur Le Mans… Les tribunes se vident petit à petit et les spectateurs rentrent vers les campings.
Les campings du Mans : le véritable spectacle du week-end
Ce qui se passe sur la piste déplace les foules et bénéficie d’une couverture médiatique mondiale, mais Le Mans, c’est bien plus que des voitures sur la piste.
Le Mans, c’est une ambiance, une ferveur, une passion. Cet environnement, on le retrouve dans un endroit : les campings. Et plus particulièrement le Camping du Houx, au cœur du circuit, niché sous une clairière dont seules les vocalises des 911 RSR viennent troubler la tranquillité.
Bon, à vrai dire pas vraiment… Il y a aussi ces Anglais qui, après quelques bières au compteur, chantent, blaguent, crient, s’amusent. Et puis, il y a aussi ces fumées de barbecue, partout, dont l’odeur des côtes de bœuf embaume les toiles de tente posées par milliers entre les supercars, et la radio FM des 24 Heures du Mans qui diffuse en français, en anglais et en allemand, pour être au courant du moindre fait de course.
C’est ça la beauté du Mans. Ce côté authentique et ce retour aux sources que viennent chercher ces Anglais qui traversent La Manche par milliers chaque année à l’approche de l’été. Une tente minuscule, une grille de barbecue posée sur des palettes, et une Ferrari 488 Pista à côté : le cocktail dénote, mais résume à lui seul cette philosophie.
Les TVR, McLaren, Lamborghini, Aston Martin, Bentley et autres Porsche inondent les allées de ces campings où la fête est partout pendant toute la semaine des 24 Heures. On vous propose une bière et une brochette sans même vous connaitre, et on refait le monde jusqu’à ce que la nuit tombe autour du barbecue.
La nuit au Mans : la magie opère
C’est à la nuit tombée que Le Mans dévoile tout son charme. Minuit, nos Anglais ressortent des campings et regagnent les abords du circuit, et une joie de vivre la légende du Mans générale flotte dans l’atmosphère. La grande roue illumine le ciel sarthois, les allées se remplissent de nouveau, et la bière coule à flot. Je ne sais même pas ce qui est le plus consommé pendant ce week-end : la bière des spectateurs ou l’essence des proto’… ?
De mon côté, je décide de partir à l’autre bout du circuit pour vivre Le Mans de façon plus intime. Au terme de plusieurs dizaines de minutes de trajet dans le noir complet à travers les épaisses forêt à l’intérieur du circuit, une lueur apparait… Dans l’obscurité la plus totale, seuls les éclairages des voiture de course illuminent le tracé. À cet endroit, la route n’est qu’un circuit le temps d’un week-end par an. Normalement, on y roule à 80 km/h et on y trouve plus de Dacia grises qu’autre chose.
Les Hunaudières, une ligne droite interminable qui caractérise Le Mans. Ici, jadis, il n’y avait pas de chicanes : les Groupes C dépassaient les 350 km/h et s’envolaient même littéralement pour certaines. À l’approche de la première chicane, le spectacle reste grandiose, les LMP1 arrivent à plus de 300 km/h dans un grondement qui vous empêche de songer à vous endormir, les disques sont rouges et des flammes sortent des échappements.
Je continue mon tour du circuit et, après la portion rapide d’Indianapolis, je m’arrête quelques instants dans le virage d’Arnage, l’un des points les plus difficiles et les plus spectaculaires du circuit avec sa courbe quasiment en angle droit. Les Porsche 911 RSR et leur architecture parfaite pour Le Mans démontrent ici tout leur savoir-faire, alors que la puissance du V6 des Ford GT permet de relancer de façon assez incroyable jusqu’au virage Porsche.
3 heures, Le Mans ne dort jamais, mais mon corps en a besoin. La course se poursuit, moi je rentre reprendre des forces pour attaquer l’ultime journée.
Le Mans vu d’en-haut : grandiose !
4 heures de sommeil plus tard, me revoilà aux abords du circuit. Le classement n’a pas bougé : Toyota mène toujours la danse en LMP1 avec ses deux voitures, et nos Ford GT sont derrière une Ferrari et deux Porsche.
Pour mieux apprécier l’ampleur de cet événement, nous nous envolons en hélicoptère au-dessus du circuit des 24 Heures. L’occasion de mieux se rendre compte du dispositif incroyable déployé le temps d’un week-end… Tous les constructeurs qui y ont une voiture engagée dressent des pavillons énormes pour y accueillir leurs clients, des centaines de camions recouvrent le bitume des paddocks, des parkings gigantesques sont aux quatre coins de la ville, et les campings d’Anglais (même s’il n’y a pas que des Anglais) désormais si chers à mon cœur s’étendent à perte de vue.
À l’heure où les salons automobiles sont en perte de vitesse, les marques plébiscitent également ces événement où il règne encore et plus que jamais un bon air de passion automobile. Certains en profitent même pour marquer le coup : Alpine y a dévoilé au public son A110S, Aston Martin une rénovation totale d’une superbe DB4 Zagato, et Toyota y affiche partout sa nouvelle Supra.
Clap de fin
Dernières balades dans les allées du circuit. Derniers arrêts aux stands, les mécaniciens soufflent enfin et exultent lors du départ de leur auto’. Le Mans, pour eux, c’est fini !
Les spectateurs se ruent dans les tribunes pour apercevoir le drapeau à damier, et assister à la fin de 24 heures de compétition et de pression intense pour les équipages. Sur la piste, finalement, très peu de rebondissements…
Toyota est resté cette année encore en tête de bout en bout, tout comme la Ferrari qui a régné en maitre sur la catégorie Pro où nos Ford GT ont échoué au pied du podium mais toutes ensemble : 4, 5, 6, 7. On aurait aimé terminer en beauté ce week-end et cette aventure mancelle au sein d’une équipe Ford Performance soudée et unie autour de ses pilotes, mais la course en a voulu autrement… Un au revoir de plus au Mans pour Ford, pour revenir encore mieux armé dans quelques années ?
Merci à Ford de nous avoir permis de suivre leur ultime participation à cet événement unique. #FordPerformance
Crédits photo : Victor Desmet et Ford Ganassi Racing