C’est un exercice périlleux de toucher à une icône, surtout quand celle-ci se nomme BMW K1600. Très connue et adulée par les dévoreurs de bitume et autres grands routiers, cette Grand-Tourisme est désormais disponible dans une version plus dépouillée, la K1600B, avec un B comme Bagger. En fait ce sont 2 K1600B qui nous ont été confiées, un essai à deux motards, avec chacun sa sensibilité et son style. Alors cette moto est-elle fondamentalement différente de sa grande sœur, ou est-ce juste un exercice de style ? Voici ma version des faits !
La vidéo de l’essai est disponible ici :
Caractéristiques techniques :
- Moteur : 6 cylindres en ligne norme Euro 4
- Puissance : 160 ch et 175 Nm de couple
- Consomation : 5,7 l/100km soit environ 400km
- Poids : 336kg
- Tarif : à partir de 23250 euros
Un Bagger, quel est le projet ?
Définir un Bagger, voilà un exercice compliqué, alors je vais faire simple : pour moi le Bagger est une moto avec des sacoches et une ligne descendante du guidon vers l’arrière. « Dans ce cas la 103SP de Tonton Bernard est un Bagger ? », non, espèce d’ignorant, ça implique d’avoir du style, et pas seulement une béquille torsadée. Habituellement on voit des Bagger plutôt chez les américains, sur base Harley, Indian ou Victory. Alors le Bagger bavarois c’est un style plus sage, mais qui respecte les codes, peut-être un poil trop sage…
Approche esthétique respectueuse des codes de Munich
Au premier coup d’œil ce K1600B ne vous mettra pas dans un état digne d’une soirée à la fête de la bière. Il est propre le bagger, certes les éléments du cahier des charges sont là, une petite bulle, des sacoches, et bien sûr la ligne descendante. A y regarder de plus près on remarque tout de même le traitement particulièrement bien travaillé des feux arrières, là il y a clairement une influence US ! Vous l’aurez compris, et c’est un avis tout à fait personnel, cette moto ne m’a pas fait l’effet ‘wahou’ au premier coup d’œil, même si son regard entouré de leds et particulièrement réussi, il est le même que sur une K1600 classique.
Equipement complet, c’est une BMW !
Côté instrumentation et électronique de bord, on est servi. Des compteurs un peu ‘old school’ mais qui vont bien avec le style, une radio inutile à mon goût, à moins de mettre le volume à fond afin que toute la rue sache que vous écoutez ‘Chante France’… Selle et poignées chauffantes, avec un contrôle un peu compliqué en roulant, mieux vaut manipuler les menus à l’arrêt. Le GPS, lui, est en option (si si !), il occupe une place au centre de la bulle qui pour notre essai était remplacé par un plastoc pas très glorieux. Le vrai intérêt de l’électronique embarquée c’est la possibilité de changer les configurations de la moto, 3 modes sont disponibles : Road, Dynamic et Rain.
Bayerische Motoren Werke, des motoristes de génie
Evidemment les premiers tours de roues se feront en mode Dynamic, suspensions fermes mais pas trop, moteur incisif mais surtout je re-découvre ce 6 cylindres que j’avais (presque) définitivement associé aux motos-taxi. Ce moteur est le meilleur que j’ai pu avoir entre les cuisses (non non pas d’allusions grivoises svp, bon, si alors !). Sérieusement, c’est un joyau du constructeur bavarois. Il est toujours présent, c’est dingue, quelle autre moto peut se permettre de descendre à 30 km/h en 6ème et repartir sans sourciller, sans broncher, remonter le régime sans même un à-coup jusqu’à 130 (Maître Yoda a dit : respecter la limitation, tu dois)? Ce moteur est redoutable, surtout en mode Dynamic quand on l’emmène dans les tours, autant à faible allure le bruit est proche d’une perceuse Bosch, autant dans les tours il chante ‘la chevauchée des Walkiries’.
Partie cycle extraordinaire
Autant le moteur est fabuleux, autant la partie cycle n’est pas en reste. Les suspensions, en mode Dynamic, filtrent bien la route mais surtout permettent des placements extrêmement précis en courbes. Cette routière donne envie d’attaquer, elle donne le sentiment de maitriser la bête alors qu’en fait c’est la moto qui s’autogère presque ! Bon il est temps de passer en mode ‘Road’. Le moteur est un poil moins dynamique, et encore… Par contre le confort de suspension est parfait, je comprends pourquoi BMW a racheté Rolls-Royce, pour offrir le même confort aux motards. Même les pavés semblent lisses, les suspensions font un travail parfait, même à deux, en effet elles s’adaptent aux poids sur la selle, solo ou duo.
Parlons confort, soyons exigeants
Comme indiqué plus haut l’ensemble moteur-cycle est au top, mais quid du reste ? Coté boîte de vitesse, les 6 vitesses passent facilement, d’autant plus avec le shifter pro (en option). Les rapports sont assez longs et encore une fois l’ensemble se montre d’une souplesse incroyable. La protection au vent est suffisante avec la petite bulle, en jouant avec le pare-brise électrique on peut augmenter ou diminuer la quantité d’air et de moustiques que l’on prend dans la figure. De nuit, c’est le jour ! Les projecteurs bi-xénons adaptatifs sont secondés par des feux additionnels sous les cale-pieds, en terme de visibilité cela permet vraiment de voir et d’êtres vu. Les automobilistes ne pourront pas vous louper, d’autant plus qu’après vous avoir croisés, ils seront aveugles. Pour le repos du motard notre version était équipée de repose-pieds type ‘plate-forme’, sympathique attention mais pour moi dangereuse. En effet, les commandes de boite et de freinage sont situées au niveau des cale-pieds médians, du coup si on a les pieds sur les repose-pieds avant, et que l’on doit faire un freinage d’urgence, il faudra chercher et trouver le sélecteur bien vite…trop tard !
Une moto avant tout stratégique
Ce Bagger est positionné dans la ligne ‘Héritage’, au même titre que sa petite sœur la Nine-T. C’est une nouvelle clientèle que BMW cherche à attirer, ceux qui trouve la K1600GT trop conventionnelle mais qui souhaitent bénéficier des immenses qualités routières de cette dernière. Une cible de biker en Hugo Boss plutôt qu’en cuir clouté, cela reste cohérent pour cette marque prémium, et c’est là l’idée lumineuse : séduire un public qui cherche à se ‘salir’ tout en restant dans les clous. Oui on peut être avocat et rebel !
Du lifestyle jusqu’au bout des pieds
BMW s’est associé à un manufacturier Français pour produire des chaussures de motos dignes des qualités de la moto allemande. C’est la marque HESCHUNG qui produit les bottines destinées à être aux pieds des CSP+ qui pourront se les offrir. En effet à 850 euros, ces souliers de haute qualité ne pourront pas prétendre à être vendus à ‘la halle à la godasse’. C’est tout le savoir-faire des deux fabricants qui sont concentrés dans ces chaussures. Un cuir de haute qualité, une semelle conçue dans une gomme spéciale qui offre confort et résistance. Sans oublier la lanière qui permettra de ne pas abîmer le haut de la bottine à cause du sélecteur.
Machine à rêves
BMW nous vend du rêve avec ce Bagger, on se prend pour un rebelle sur cette moto, mais pour autant on est loin d’être un ‘outlaw’. C’est pour moi la bécane idéale pour celui, ou celle, qui cherche une monture différente mais pas outrancière. C’est avant tout une K1600 avec toutes ses qualités routières, et c’est pour cela qu’il faut la choisir, cette machine est une des meilleures routières du marché. Après, la choisir en Bagger ou en GT restera un choix personnel et financier car la version B reste plus accessible avec un tarif de départ à 23500 euros. Le ticket d’entrée reste élevé mais les prestations sont vraiment à la hauteur. Quant au choix de l’esthétique il restera personnel, pour ma part si je devais aller chez BMW ce serait mon choix, le choix de ne pas rouler sur une moto un peu fadasse et le choix de conduire une machine qui m’offre un peu plus que des qualités routières : un univers qui va avec, easy-rider mais avec un cinq étoiles à chaque étape.
J’ai aimé :
- Souplesse et dynamisme du moteur
- Confort parfait
- Qualité de fabrication
J’ai moins aimé :
- Look encore un peu trop sage
- Ergonomie des commandes
2 commentaires
Pourquoi limiter à 160kmh?
non c’est la grand américa qui est limitée à 160kmh