Moins de 1000 kg, moins de 150 ch, de la polyvalence, un coût réduit et surtout beaucoup de fun : existe-t-il encore aujourd’hui des GTI fidèles à la philosophie originelle ? Se comptant sur les doigts d’une main, les petites GTI sont aujourd’hui éclipsées par des citadines et des compactes bien plus puissantes, et souvent bien trop aseptisées pour être drôles. Heureusement, certains constructeurs résistent à l’attrait des chevaux et de la performance pure avec des voitures à la philosophie authentique. Parmi eux, Suzuki, qui propose avec la Swift Sport sa vision de la sportive aussi accessible que pétillante. La promesse est-elle tenue ? En route !
En vidéo – On prend notre pied à son volant !
Depuis 2007, la Suzuki Swift Sport défend les couleurs sportives du constructeur japonais. Avec son petit moteur atmosphérique de 125 puis 136 chevaux, une bouille craquante et un tarif mesuré (16 000 euros), elle incarnait déjà cette vision de la GTI. Dix ans plus tard, qu’en est-il ?
Citron pressé
Avant de partir s’éclater sur les petites routes, il faut qu’une bombinette nous fasse ce petit quelque chose à chaque fois qu’on la retrouve. Même à l’arrêt dans son box, son physique doit nous donner envie de monter à bord et d’enchainer les kilomètres de plaisir.
Sur cet aspect, la Swift Sport soigne sa copie. Impossible de la louper dans son coloris Champion Yellow, déjà, qui rappelle les couleurs utilisées par le constructeur en championnat du monde des rallyes.
La version sport est facilement identifiable et affiche d’emblée son tempérament de petite bombe. Avec son bouclier spécifique, ses ailes élargies, sa calandre en nid d’abeille, ses superbes jantes spécifiques de 17 pouces, son diffuseur avec deux jolies sorties d’échappement ou encore son petit becquet, elle montre sans vulgarité son potentiel sportif.
Plus imposante et accueillante que la précédente génération, la Swift n’est plus disponible qu’en cinq portes. Son dessin s’est également affirmé et musclé avec le temps pour donner une silhouette plus massive mais toujours sympa. Suzuki a soigné les détails, avec notamment l’intégration des poignées des portes arrière dans les vitres, une signature LED réussie, une palette de teintes fournie et des éléments spécifiques plutôt sympa’, à l’image de bas de caisse en simili-carbone.
Le tout est justement dosé, et sans forcément prendre notre couleur pétante, la Swift Sport a déjà fière allure en blanc ou en rouge. Elle plait aussi bien aux femmes qu’aux hommes, et revendique un capital sympathie élevé avec sa bouille mignonne.
Passons à bord…
L’univers intérieur de la Swift Sport souffle un peu le chaud et le froid.
Le froid, d’abord, avec des plastiques hors d’âge dans un segment tiré vers le haut par des références en la matière comme la Polo 6. Les plastiques durs et brillants sont légion, et la présentation générale fait plutôt dépassée à l’heure où l’on cherche à flatter aussi bien la vue que le toucher en proposant des ambiances plus soignées et abouties. La Swift est une petite GTI à l’ancienne jusque dans sa copie intérieure, où tout semble solidement fixé sans que cela ne soit très franchement « quali’ ».
Des petites touches de couleur et de « sportivité » viennent égayer un poil cet habitacle de l’ère soviétique. Suzuki a ainsi apposé un peu partout dans l’habitacle des inserts rouges plutôt jolis et deux gros sièges baquets pour rappeler que l’on est dans la déclinaison sportive de la citadine. On retrouve également un compte-tours spécifique, des lumières d’ambiance rouges ainsi qu’un volant en cuir avec un petit méplat. L’ambiance noire et rouge respire cette même petite sportivité qu’à l’extérieur.
Côté ergonomie, Suzuki s’est mis à la page en réunissant toutes les fonctions sur l’écran tactile au centre de la planche de bord et en réduisant ainsi drastiquement le nombre de boutons. L’ensemble est facilement utilisable et l’on ne passe pas des heures à se familiariser avec les commandes et différentes possibilités offertes par la voiture. L’essentiel est là, et à sa place.
Surtout que Suzuki a mis le paquet sur la dotation à bord de la Swift Sport. Devant assumer sa polyvalence et le fait d’être utilisable sans arrière-pensée partout, elle propose ainsi une belle panoplies d’équipements de série comme CarPlay/Android Auto, les sièges chauffants, la caméra de recul et tout un tas d’aides à la conduite.
Côté habitabilité, elle fait partie des petites du segment en terme de dimensions, mais ne sacrifie pas pour autant l’espace aux places arrières. En plus de se doter de deux portes supplémentaires sur ce nouveau millésime, elle soigne ses occupants en leur offrant un espace aux jambes remarquable, une belle garde au toit et cinq vraies places. Le coffre est lui en retrait par rapport à ses concurrentes, en n’affichant que 265 litres de stockage.
La polyvalence incarnée
Contrairement à bon nombre de sportives, la Swift Sport ne sera pas une deuxième ou une troisième voiture dans le garage qui ne sortira que le dimanche sur les routes de campagne et/ou sur circuit.
Comme le veut la tradition, une petite GTI se veut être aussi vivable sur la route du travail du lundi au vendredi que drôle sur les petites routes une fois le week-end venu. Est-ce le cas ?
Du lundi au vendredi, en tout cas, le pari est parfaitement rempli…
La Swift Sport est une citadine aussi agréable que toutes celles qui inondent nos rues. Bien équipée, habitable et compacte, elle mêle les aspects pratiques et la polyvalence que toute bonne voiture de ce créneau se doit de proposer. Niveau look, en plus, son petit côté de canaille en costume est passe-partout. Ni trop ennuyant, ni trop vulgaire, le bon mix.
Sur la route du quotidien, son amortissement est idéalement calibré pour ne pas être trop ferme et préserve ainsi nos lombaires malgré des pneus taille basse et des jantes en 17 pouces, son moteur reste sobre en affichant des consommations autour des 7,0 L / 100 km en conduite mixte, le tout étant bien aidé par une boite manuelle à six vitesses bien étagée et la présence d’un stop&start.
Son gabarit compact et sa caméra de recul lui permettent de se garer facilement en ville, et son espace à bord ainsi que ses cinq portes balaieront les habituels « désolé, je n’ai pas de place dans ma voiture » des possesseurs de sportives minimalistes, roadsters et citadines coupées à l’habitabilité… anecdotique.
Sur voie rapide, elle affiche le sérieux d’une véritable compacte avec une tenue de cap rassurante malgré une direction un peu légère et inconsistante à vitesse élevée. Sa dotation en série sur le tableau des aides à la conduite lui permet d’enchainer les kilomètres sans broncher : régulateur de vitesse adaptatif, avertisseur de franchissement de ligne, maintien actif dans la voie, feux de route automatiques, freinage d’urgence automatique ou encore caméra de recul. Seule la petitesse de son réservoir (37 L) peut devenir gênante sur longs trajets, où il faudra fréquemment passer par la case station-service. Mais elle n’est pas vraiment conçue pour ça…
Bombinette ou pas ?
140 ch, 970 kg : la recette du bonheur réside beaucoup dans le rapport poids-puissance de cette Swift Sport (7kg/ch), très proche de celui d’une citadine de plus de 200 ch. Suzuki a délaissé le petit bloc 1.6 atmosphérique de la précédente génération pour le remplacer par un 1.4 suralimenté nommé Boosterjet de 140 ch.
Moins rageur dans les tours, on ne peut toutefois en rien regretter l’adoption de ce nouveau moteur sous le capot du cru 2018. Très coupleux (230 Nm), il est disponible sur une plage d’utilisation suffisamment large pour jouir d’une souplesse hyper agréable dans tous les usages.
De 2300 tr. à 5500 tr./min., le petit quatre cylindres affiche une pêche véritablement bluffante ! La poussée est franche, les reprises rassurantes et les accélérations vigoureuses, le tout passant très bien sur le train avant avec une motricité préservée. Petite bizarrerie, le rupteur se trouve lui à 6500 tr./min., avant la zone rouge.
Performant, disponible et souple, ce moteur est un vrai plaisir à cravacher mais ne ravit pas vraiment nos oreilles. À défaut d’attendre quoique ce soit du son provenant du moteur, dommage que Suzuki n’ait pas donné quelques vocalises à sa Swift Sport ; sans tomber dans le côté caricatural de l’échappement Monza optionnel des Abarth, il eût été mieux de doter la nippone d’un son un peu plus rauque et charmeur sortant de ses deux jolies petites sorties d’échappement. Rien de bien transcendant au programme du concert, à part en phase d’accélération pied au plancher où quelques jappements s’échappent du capot.
La boite de vitesse propose quant à elle un étagement bien fichu (point de 2/3 interminable comme on aurait pu le craindre), des débattements courts, mais son guidage souffre d’un certain flou avec des verrouillages pas vraiment francs.
Côté châssis, la Suzuki peut notamment compter sur un allégement de 80 kg par rapport à celle qu’elle remplace et repasser ainsi sous la barre symbolique de la tonne. Elle peut donc revendiquer son appartenance à la famille des « Light is right » !
La petite puce brille par sa vivacité dans le sinueux : agile et équilibrée, elle est rivée au sol et affiche un comportement efficace et rassurant, avec cette agréable sensation que tout le monde peut se faire à plaisir à son volant, quelque soit son niveau de pilotage. Son train avant est incisif et encaisse sans broncher une tendance au sous-virage relativement prononcée et très caricaturale d’une petite traction, alors que l’arrière reste cloué à la route et ne décroche tout bonnement jamais.
Ses suspensions Monroe affichent un bon compromis entre dynamisme et confort, en préservant un aspect sans entacher l’autre. Un carton quasi-plein qui donne à la Swift Sport un niveau d’efficacité qu’elle n’avait pas, au détriment du fun qu’elle délaisse un peu. Ciao moteur rageur dans les tours et train arrière mobile au lever de pied, place à plus de performance et de rigueur avec cette nouvelle génération.
La mayonnaise prend et l’on est véritablement bluffé par le bilan dynamique de la Swift, qui passe de la citadine quasi-idéale à une petite sportive aboutie et efficace. Le comportement sous-vireur, et la légèreté de la direction ne font pas d’elle la plus rigoureuse des sportives, mais elle propose de bonnes sensations grâce à un moteur performant et une poids plume qui lui confèrent des relances pétillantes et une bonne dose d’agilité. Le kiffe !
Bilan : une vraie GTI
Elle sait tout (bien) faire, et excelle aussi bien dans les tâches les plus banales du quotidien qu’une fois arrivée sur une petite départementale déserte.
Nul besoin de puissance, nul besoin d’être un pilote, nul besoin d’un mode Sport, la Swift incarne cette philosophie GTI que beaucoup ont délaissé en cédant aux sirènes de la performance pure. Une voiture joyeuse, rigolote, qui parle à tous ceux qui aiment conduire au sens propre du terme, et ce quelque soit son budget, le tout dans une enveloppe séduisante et accueillante, voici la savoureuse recette de la Swift Sport.
Affichée sous la barre des 19 000 € dans le réseau Suzuki, difficile de lui trouver une réelle concurrence à ce niveau de puissance. La Fiesta ST Line 140 ch est moins fun et moins sportive, l’Abarth 595 145 ch est bien plus petite et moins bien équipée, et toutes les autres sont bien plus chères et plus puissantes.
Dans un monde où l’automobile est perçue comme un moyen de transport parmi d’autres plus qu’un moyen de s’amuser, merci Suzuki d’avoir fait de sa Swift une puce débordante d’énergie sans compromettre sa « vivabilité ». Là où la petite nippone marque le pas, c’est sur sa polyvalence. Elle sait tout (bien) faire, et excelle aussi bien dans les tâches les plus banales du quotidien qu’une fois arrivée sur une petite départementale déserte. Un gros coup de cœur.
20 000 €, 140 ch, moins d'une tonne : la Suzuki Swift Sport représente toujours cette vision de la sportive accessible, polyvalente et efficace. La bombinette parfaite du quotidien.Notes – Suzuki Swift Sport
Look - 80%
Vie à bord - 65%
Comportement - 75%
Plaisir de conduire - 80%
Prix/Équipements - 85%
77%
J’ai aimé
- Bouille craquante
- Technologie embarquée
- Habitabilité
- Moteur performant et plaisant
- Authentique à conduire (agilité)
- Rapport prix/équipements
J’ai moins aimé
- Qualité de certains plastiques
- Conduite de boite de vitesse approximative
- Petitesse du réservoir (35 L)
- Manque de son moteur/échappement
Caractéristiques techniques
- Moteur : 4 cyl. 1.4 turbo essence 140 ch
- Couple : 230 Nm dès 2500 tr./min.
- Accélération : 8,1 secondes
- Vitesse max. : 210 km/h
- Consommation mixte mesurée : 7,0 L / 100 km
- Dimensions : 3,89 m / 1,74 m / 1,50 m
- Poids : 975 kg
- Coffre : 265 L
- Prix : 20 500 €
- Malus : 95 €
- Garantie : 3 ans
Équipements (aucune option)
- 6 airbags
- Climatisation automatique
- Phares à LED
- Système multimédia avec écran tactile 7 pouces
- Navigation GPS Europe avec info trafic
- Caméra de recul
- Android Auto / Apple CarPlay
- Radio numérique DAB
- Freinage automatique d’urgence
- Alerte de franchissement de ligne
- Surveillance de la vigilance du conducteur
- Régulateur de vitesse adaptatif
- Vitres arrière sur-teintées
- Peinture métallisée
- Jantes bi-ton de 17 pouces
- Pneus Continental ContiSport Contact 5 (195/45 R17)
- Kit carrosserie (calandre en nid d’abeille, éléments façon carbone sur les boucliers et les bas de caisse, double sortie d’échappement)
2 commentaires
Merci de cet article pertinent, qui reflète bien la polyvalence et les qulités de cette excellente auto.
Dans la vie de tous les jours, c’est Dr Jekyll, un régal de douceur et d’agilité. Chacun(e) de ceux/celles à qui j’ai laissé le volant l’ont eue tout de suite en mains.
Mais dès qu’on tape dedans (sur circuit bien sûr 😉 c’est Mr Hyde !
Quelques remarques complémentaires qui n’engagent que moi :
* Mention spéciale au freinage, mordant et puissant
* La qualité des plastiques ne me gêne pas ; je trouve même le tout plutôt bien fini et assemblé
* Le maniement de la boîte me satisfait ; par contre je trouve la 1ere bien trop courte, surtout compte tenu de la souplesse et du couple moteur
* Si le compromis confort/tenue de route est en effet remarquable, j’aurais apprécié encore moins de roulis, et une garde au sol plus faible (ceci influence cela) ; revenir à du 16″ aiderait.
* Son absence d’AFFICHAGE DIGITAL DE LA VITESSE est un défaut majeur dans la vie d’un citadin, d’autant que le compteur est gradué « à l’italienne » jusqu’à 260….
J’espère que Suzuki va bientôt le proposer avec une mise à jour du logiciel (via la carte Sd). D’autant qu’un écran vierge est dispo sur l’ODB.
Les concepteurs ont curieusement préféré fournir des gadgets inutiles (histogramme accélération/freinage, accéléromètre…)
Merci pour ce retour détaillé. C’est toujours bien d’avoir l’avis d’un propriétaire. La précision sur l’excellent freinage est importante, je n’en ai effectivement pas parlé dans mon article.
Il est vraiment qu’un compteur numérique serait intéressant, je ne me servais pas vraiment de l’afficheur central.