Qui a dit que les SUV n’étaient bons qu’à faire de l’autoroute ? Nous sommes allés nous promener sur les chemins au cœur des plus beaux vignobles de Bourgogne au volant du petit dernier du groupe VAG : le Skoda Karoq.
Plus petit que le Kodiaq et succédant au controversé Yeti, le Karoq vient lorgner un marché on ne peut plus concurrentiel : celui des SUV compacts. Quelles sont ses armes pour réussir ?
Design simple et efficace, habitacle pratique et spacieux, agréable à conduire sur route et bluffant sur piste, le Karoq est un SUV complet et une alternative convaincante aux cadors du segment.Notes – Skoda Karoq TDI 150 DSG 4x4
Look - 70%
Vie à bord - 75%
Habitabilité/modularité - 90%
Technologie - 80%
Confort - 80%
Agrément moteur - 65%
Conduite 4x4 - 75%
Prix/équipements - 77%
77%
Look : SUV des ville, SUV des champs
Le Karoq, c’est le dernière bébé de Skoda et affiche donc un lien de filiation irréfutable avec le Kodiaq, mais aussi avec le reste de la gamme depuis les récents restylages de la Superb et de l’Octavia. Sans déchainer les foules, le SUV distille un petit côté baroudeur pas désagréable à regarder avec une garde au sol relativement haute, des grosses jantes, des bas de caisse en plastique et des barres de toit. Une invitation à l’aventure qui s’accompagne de quelques touches de raffinement, à l’image de la signature lumineuse joliment travaillée et de multiples éléments chromés sur la carrosserie.
Comme souvent avec le groupe VAG, l’ensemble n’est pas très osé et l’air de famille avec VW et Seat est omniprésent, mais le Karoq propose tout de même un petit quelque chose en plus au niveau stylistique, et notamment au niveau de son museau, dont la calandre imposante et les feux en deux parties lui donnent un regard plutôt réussi.
En somme, un savant mélange entre SUV des villes et SUV des champs qui colle bien à sa philosophie de voiture couteau-suisse.
À bord : moderne et pratique
La présentation intérieure est en raccord avec l’extérieur : ni fantaisie, ni gaité particulière, mais un ensemble réussi et convaincant conçu pour être pratique au quotidien. L’ambiance à bord est relativement morose, mais la qualité des assemblages et des plastiques est au rendez-vous, au même titre que les jolis sièges en cuir et alcantara de notre version « Style », le haut-de-gamme à ce jour.
Le look général de la planche de bord est quelconque mais ergonomique, et tous les équipements de confort et de divertissement sont de la partie. On pourra ainsi noter la présence d’un chargeur par induction, du système multimédia à écran tactile du groupe qui intègre une partie connectée (CarPlay, Android Auto, services en ligne) et même prochainement d’une instrumentation numérique (Virtual Cockpit) en lieu et place des compteurs à aiguilles.
Le Karoq est né pour charmer et accueillir les familles et cela se ressent sur les aspects pratiques, un fil rouge pour le constructeur, qui nous a ainsi habitué au fil des années à doter ses modèles de petits détails sympas comme les parapluies dans les portières ou la baguette qui se déploie sur la tranche de chaque porte dès qu’on l’ouvre pour éviter de l’abimer. Intelligent.
La modularité est également un point fort du SUV tchèque, avec beaucoup de rangements et trois sièges indépendants, coulissants et rabattables. On peut même retirer le siège central arrière pour n’avoir que deux fauteuils et optimiser ainsi l’espace pour les passagers ou pour le chargement. Ce dernier varie ainsi entre 479 L et 1810 L en fonction des configurations à bord, un score honorable pour le segment.
Sur le bitume : taillé pour tracer la route
Un SUV compact, c’est avant tout une voiture faite pour rouler et enquiller les kilomètres, sans que cela ne devienne une contrainte. À ce petit jeu, le Karoq fait le job et s’affiche comme un redoutable partenaire pour les gros rouleurs.
Deux tiers des Karoq vendus le sont aujourd’hui en motorisation essence TSI, mais nous avions pour notre essai droit au 2.0 TDI 150 ch qui équipe une multitude de modèles VW, Seat, Audi et Skoda, le seul bloc disponible avec la transmission 4×4. Même si le diesel est en chute libre et ne représente plus qu’un intérêt pour les conducteurs qui avalent le bitume à longueur de journée, Skoda ne pouvait se résigner à priver son SUV de ce type de moteur. Surtout que ce quatre cylindres ne surprend pas et souffle le chaud et le froid.
Il brille par sa tonicité et sa vigueur avec un couple de 340 Nm et des relances efficaces une fois la DSG en mode Sport, avec notamment un 0-100 plié en 8,7 secondes. Démons du mazout obligent, il souffre d’un niveau sonore élevé en phase d’accélération et lorsqu’il est à froid. Ce moteur est toutefois relativement économe puisque nous sommes arrivés au score de 7,0 L / 100 km au terme de notre essai routier.
Sur autoroute, le SUV se transforme en routière ; le bruit du TDI se dissimule entièrement, quelques bruits d’air se font sentir au niveau des rétroviseurs (mais rien de bien méchant), et les aides à la conduite veillent au grain. Régulateur de vitesse adaptatif, feux de route automatiques, maintien actif dans la voie, alerte anti-somnolence, reconnaissance des panneaux : le tchèque n’est plus une VW au rabais et propose l’essentiel du confort et de la sécurité pour rouler en toute tranquillité.
Plutôt axé confort sur la partie amortissement, le comportement du Karoq offre toutefois un bilan dynamique de qualité, avec une direction bien calibrée qui se durcit comme il faut en mode Sport, une boite DSG à la fluidité toujours exemplaire et au comportement changeant en fonction du monde de conduite. Malgré un centre de gravité placé assez haut, la prise de roulis sur les petites roues bourguignonnes est contenue et le confort préservé peu importe le revêtement, et ce même en l’absence de suspension pilotée.
Hors du bitume : Scout un jour, Scout toujours !
Qu’un SUV compact soit à l’aise sur le bitume, formalité me direz-vous… Qu’il le soit une fois l’asphalte derrière lui, rien n’est moins sûr !
Depuis 1999, Skoda équipe ses modèles (et même ses berlines) de déclinaisons 4×4. Un marché de niche pour la France, qui devient un argument de poids dans d’autres pays où les conditions climatiques le demandent (Allemagne en tête). En plus du Kodiaq, de l’Octavia et de la Superb, le Karoq reçoit donc à son tour une transmission intégrale et plusieurs aides lui permettant d’évoluer avec de l’aisance là où on ne l’attendait pas forcément…
Techniquement, déjà, Skoda a doté son Karoq de proportions adaptées à l’évolution en tout-terrain. Avec une garde au sol de 183 mm, un angle d’attaque de 19,9 mm et un angle de fuite de 27,8 mm, le tout protégé sur la carrosserie et au niveau des soubassements, le Tchèque peut déjà se vanter d’être l’un des mieux armés pour affronter les éléments.
Et effectivement, une fois passés les premiers chemins vallonés et sous-bois humides avec des gués, la garde au sol relativement haute nous a permis d’évoluer sans crainte dans des endroits où un 3008 aurait déjà laissé ses jolis appendices aérodynamiques sur la terre. Pas besoin d’un Defender G4 pour se balader dans les champs, mais le fait que le Karoq soit protégé comme il se doit permet de ne pas craindre d’abimer la voiture lorsque le terrain devient plus hostile qu’un parking de supermarché (et Dieu sait que ça l’est déjà…).
Au milieu des vignes de Corton-Charlemagne et de la vallée de Savigny-les Beaune, le Karoq est dans son élément. Son gabarit relativement compact, combiné à un angle de braquage réduit, permet d’évoluer sans soucis dans les chemins sinueux.
Après un déjeuner bucolique au milieu des paysages du pays de Beaune et la visite (sans alcool ingérée s’il vous plaît) du domaine de Chassagne-Montrachet, les choses se compliquent en arrivant dans une carrière créée et entretenue par un gang de locaux en treillis, armés de Land Cruiser et de Discovery prêts pour le Dakar. Puisque nous sommes joueurs et que Skoda était sûr de son coup, nous avons gardé les mêmes modèles de Karoq, chaussés de pneus route typés éco’, gonflés aux pressions préconisés pour la route. Inutile de préciser le sourire moqueur de nos hôtes baroudeurs…
Bien guidés par les pilotes instructeurs, sans qui j’aurais sûrement laissé un Karoq à l’envers, je dois dire que j’ai été bluffé par l’aisance avec laquelle le SUV s’est joué du parcours de franchissement qui se dressait devant nous.
Contrairement à beaucoup de ses concurrents, qui ne disposent que d’artifices électroniques comme le Grip Control de chez PSA, Skoda a doté son petit dernier d’une vraie transmission intégrale ainsi que d’un mode OFF-Road. Ce dernier active plusieurs aides à la conduite comme le freinage automatique en pente ou un différentiel de blocage électronique sur les deux essieux, qui permet de freiner la roue tournant dans le vide pour transmettre plus de couple à l’autre, optimisant ainsi la motricité générale et l’évolution sur des situations compliquées comme des changements de pont.
Une interface spécifique permet de suivre sur l’écran central différents paramètres en tout-terrain, comme l’altitude ou encore l’inclinaison de ses roues, ou encore d’activer le mode « Neige » qui régule la puissance de la voiture et adapte le comportement de la boite DSG. Le combo TDI/DSG prend d’ailleurs en conduite tout-terrain tout son sens, le couple de 340 Nm aidant à évoluer sans encombre et à avoir de la puissance lorsqu’on en a besoin.
Dès lors que la voiture peut physiquement affronter le terrain (garde au sol et angles d’attaque/fuite pris compte) et qu’on a quelques notions de conduite off-road, il est ainsi difficile de la mettre à défaut. Je n’aurais ainsi jamais imaginé voir un SUV compact être aussi à l’aise sur trois roues, à 1,20 m du sol, et l’on oublie vite que l’on est à bord d’un modèle de série, absolument pas préparé pour ce type de pratique.
Prix, concurrence : dans la moyenne
Proposé à partir de 32 890 € en transmission intégrale TDI 150 (Ambition, boite mécanique), le Karoq atteint les 37 790 € au sommet de la gamme à ce jour (Style, DSG7). Une version TDI 190 plus puissante mais sans grand intérêt, ainsi qu’une finition plus premium, viendront prochainement compléter l’offre.
À ces tarifs et avec ce moteur, le Karoq se retrouve au même niveau que la concurrence (Seat Ateca, Peugeot 3008, Nissan Qashqai), avec pour seul réel argument sa transmission intégrale et ses arguments en tout-terrain. Ce dernier point sera, pour la plupart des clients, bien anecdotique, avouons-le.
Bilan : polyvalence, bonjour
Sans faire de vagues, le Karoq fait son petit bonhomme de chemin depuis sa commercialisation à l’automne 2017. Il hérite de la banque d’organes du groupe VAG et jouit ainsi d’éléments éprouvés et de qualité, tant sur la partie mécanique que sur la dotation technologique. Son design est simple, sans fioriture mais sans forcément d’âme, son habitacle est pratique et bien conçu avec une habitabilité de premier ordre, et il est un partenaire de choix sur la route. Enfin, ses capacités en tout-terrain en version 4×4 lui permettent de sortir du lot et de faire preuve d’une polyvalence bienvenue sur ce type de modèle, même si peu de client en tireront parti. Un SUV complet, en somme, et une alternative convaincante aux best-sellers.
J’ai aimé
- Équipement de série complet
- Habitabilité et modularité remarquables
- Confort
- Boite automatique DSG agréable
- Évolution hors des sentiers-battus
J’ai moins aimé
- Look assez banal
- Intérieur triste
- TDI rugueux et bruyant
- Tarifs salés en 4×4 (TDI 150 obligatoire)
En chiffres – Skoda Karoq TDI 150 4×4
- Moteur : 2.0 TDI 150 ch
- Couple : 340 Nm à 1750 tr./min.
- 0-100 km/h : 8,7 sec.
- Vitesse max. : 196 km/h
- Conso. mixte : 5 L/100 km (constructeur) ; 7 L/100 km (mesurée)
- Transmission : automatique à double embrayage 7 rapports
- Puissance fiscale : 8 CV
- Dimensions L/l/h : 4,38 m, 1,84 m, 1,62 m
- Coffre : 479 L à 1810 L
- Prix : à partir de 32 890 € (modèle essayé : 37 790 €)
En photos – Skoda Karoq Style et Skoda Kodiaq
Un commentaire
Un SUV se doit d’avoir 4 roues motrices sinon il n est d’aucun interet et peu m importe ce que pense 80% de moutons français qui votent avec leurs pieds. Vive les 4*4 et batsta, rien à declarer…