Quel chemin parcouru pour la célèbre marque de voitures de sport Allemande. Des débuts de la 356 à Gmünd en 1948 à la Panamera de 2021 l’évolution est immense. Mais Porsche est-elle toujours fidèle à son ADN ?
Voilà la question que je me suis posée avec cette nouvelle Panamera. De Cannes à Paris un voyage sur les routes variées de France et une plongée dans l’univers du luxe sportif… à la sauce de Zuffenhausen.
La Porsche Panamera Turbo S Sport Turismo en quelques chiffres :
- Dimensions : Long 5,049m – Larg 1,937m – Haut 1,432m – Coffre 520 Litres
- Motorisation : V8 Bi-Turbo 4.0L 630cv / 820nm (2300 à 4500 tr/mn)
- Performances : 0 à 100 km/h 3,1sec – 80 à 120 km/h 2,1sec – Vmax 315 km/h
- Tarif : à partir de 189 916 Euros + Malus 30 000€ (2021)
L’essai en vidéo c’est ici :
La Porsche familiale dans les gènes
L’histoire du nom Porsche est marquée par la recherche de l’excellence mécanique. Au sortir de la deuxième guerre mondiale la firme s’installe d’abord en Autriche à Gmünd puis dans la banlieue de Stutgart à Zuffenhausen, mais surtout elle a déjà dans ses cartons les travaux de son fondateur Ferdinand. La base de travail sera la coccinelle, en naitra la 356 qui brillera notamment lors de la fameuse course Carrera Panamerica. A partir de 1963 la désormais cultissime 911 (merci Peugeot pour le zéro central sous licence !) est proposée, elle sera l’icône de la marque jusqu’au début des années 80. Puis viendra le temps de la remise en question et Porsche décidera de remplacer sa sportive par une voiture plus moderne, plus confortable, avec un V8 en position avant, en 1978 la 928 était présentée. La Porsche 911 n’était pas encore tout à fait abandonnée (ouf !), et restait au catalogue. En 1984, une version ‘Shooting Brake’ sera présentée sous l’appellation interne ‘H50’.
La Panamera tire son nom de l’histoire héroïque et des victoires en Carrera Panamerica, et comme vous le devinez (sinon relisez le paragraphe précédent), l’idée d’une berline confortable et puissante est bien inscrite dans le passé de la marque. Présentée à Shangaï en 2009, je dois dire qu’elle laissa pas mal de monde dubitatif, il faut dire qu’à l’époque dans la gamme il y avait déjà la 911 et le Cayenne, alors pourquoi une berline ? Si elle fut présentée en Asie ce n’est pas innocent, les chinois raffolent des berlines luxueuses et c’est en toute logique que ce marché fut le premier visé. Porsche est une marque précurseure et deux ans plus tard la Panamera sera la première berline de luxe proposée en version hybride. Il y a 10 ans cette technologie était encore rare, à moins de vouloir conduire une Prius…
Depuis 2016 la version 2 a encore grimpé les échelons du luxe, avec des intérieurs encore mieux finis et richement dotés, le dernier grain de folie sera la version Sport-Turismo en 2017 avec sa forme que, personnellement, je trouve encore plus belle et racée que la berline.
Pour l’amour du V8
Celle qui me fait des appels de phares, est la version Turbo S Sport-Turismo. Certainement une des dernières berlines sportives qui subsiste sans apport de puissance électrique. C’est un choix de passion, certes déraisonnable écologiquement, mais pour parcourir les quelques 1000 kilomètres d’essais, je souhaitais gouter aux joies d’un moteur noble et puissant. Avec son V8 Bi-Turbo de 630cv je suis servi ! Si on rajoute ses quatre roues motrices et ses modes de conduites paramétrables, elle offre de belles perspectives…
Premier constat, les changements extérieurs sont minimes, un bouclier plus affuté, une bande lumineuse rouge continue à l’arrière, voilà en somme les changements extérieurs de cette nouvelle version. Les étriers de freins jaunes trahissent la présence de disques céramique, autrefois une option mais ici ce sera de série. Sur le porte clé la présence d’une télécommande supplémentaire permet de déclencher le chauffage à distance, indispensable lorsque l’on revient d’une journée de ski. Le luxe se cache dans les détails, ce n’est qu’un début. Une fois les bagages rangés dans le coffre de 520 Litres, je m’installe au volant, l’espace intérieur respire la qualité, dans ma version la finition est ‘tout cuir noir’. L’ambiance est sobre mais sportive, avec cette petite touche de chic discrète, les aérateurs couleur carrosserie, les rehausses en aluminium. Une fois le siège réglé, il est temps de démarrer, bonne surprise (pour un vieux Porschiste), il y a une (fausse) clé de contact à gauche du volant, merci de cette attention ! Le V8 s’ébroue dans un son rauque tout à fait plaisant, il donne même quelques à-coups caractéristiques de cette motorisation, que c’est bon de trouver de telles sensations. Mode Sport paramétré, le son est encore meilleur, c’est parti pour la grande balade !
Du bonheur sur toutes les routes
Départ de la croisette par un temps très moche, mais cela donne tout de même envie de rouler, ça tombe bien les routes sont vides. Les premiers kilomètres permettent d’admirer le décor au travers des larges surfaces vitrées et du toit panoramique, puis direction l’arrière-pays pour jouer un peu. Direction Mons et ses kilomètres de lacets, sélecteur en mode sport. Les rapports passent désormais plus haut, jusqu’à 6000 tours, les accélérations sont bluffantes, surtout instantanées. Parfois la réponse est tellement immédiate que j’ai l’impression d’être dans une électrique mais après vérification il n’y a aucune hybridation. Les quatre roues motrices me pardonnent mes erreurs de pilotage et même si je sens quelques petits décrochages, c’est immédiatement corrigé par la voiture. Les deux tonnes de l’engin se stoppent très facilement, et les freins céramiques ne perdent jamais leur mordant. Ayant eu l’occasion de conduire des coupés sportifs, je me sens aussi à l’aise dans cette grosse berline, un vrai bonheur d’enrouler les virages. Arrivé dans ce magnifique village de Mons, perché sur un rocher, j’en profite pour vérifier ma consommation…25 Litres oups ! Après en avoir bien profité, direction l’autoroute pour parcourir les derniers 900 kilomètres.
Changement d’ambiance sur l’autoroute, place au luxe. La Panamera est une voiture à plusieurs visages, désormais ce sera un salon roulant. Les aides à la conduite se composent de tout l’arsenal dernier cri. Le régulateur adaptatif (PID) pourra même lire les panneaux et adapter automatiquement la vitesse, pour ma part je ne me servirai pas de cette option, j’ai besoin de pouvoir gérer un minimum les choses. Ce sera donc le classique ACC, avec maintien dans la voie, adaptation de la vitesse par rapport au véhicule précédent. Je remarque une subtilité très intéressante, la vitesse est régulée même en descente, en utilisant le frein moteur, voire les freins. C’est très intelligent car la plupart des systèmes n’ont pas cette option, et au bout d’une grande pente on peut largement dépasser les 130 km/h légaux.
Du confort haut de gamme
Une fois les aides paramétrées, il est temps de profiter des éléments de confort proposés. Tout d’abord je peaufine le réglage du siège, mais malgré les multiples paramétrages je trouve l’assise un peu dure. La Porsche propose tout une gamme de massages, il est temps de se détendre, ça tombe bien j’ai le temps de tous les essayer. Reste à allumer le chauffage du siège et sa ventilation, voilà je conduis au SPA ! L’ambiance sonore est assurée par BUREMEISTER, une des meilleures qualités audio que j’ai eu l’occasion d’utiliser, on peut transformer l’habitacle en salle de concert. Dans la Panamera tous les occupants sont chouchoutés, y compris à l’arrière car ma version est en configuration quatre places, avec deux sièges individuels proposant les mêmes services qu’à l’avant…Ambiance limousine.
Les kilomètres défilent, et je m’habitue enfin à l’ergonomie de certains boutons et menus, parfois peu intuitifs. La nuit arrive et les feux Led éclairent la route comme en plein jour, il est temps de faire une pause pour la nuit. Sur le parking de l’hôtel je constate la taille respectable de l’auto au moment de la garer, les 5 mètres de long et 1,94 mètres de large trouveront place à l’arrière de l’hôtel sur une place isolée. Au petit matin, surprise, le soleil est là, c’est le moment de reprendre la route, avec ce sourire qui ne me lâche pas depuis la veille au matin. Les heures défilent sereinement, et la capitale se profile à l’horizon, c’est déjà fini ? Malheureusement oui, je n’ai pas vu le temps passer. Dernier petit plaisir, la remontée des Champs Elysées, mais ce sera sous la pluie. Les rues de Paris étant souvent dans un état plus que moyen, je paramètre le châssis en mode normal, les pavés sont survolés dans un confort absolu. Le road-trip s’achève, je vérifie la consommation globale, 12 Litres de moyenne, on peut trouver cela excessif mais pas pour ce type de machine à bonheur !
Porsche offre toujours plus
La question initiale était de savoir si cette berline conservait l’ADN de la marque allemande. Indéniablement OUI ! Que ce soit par quelques détails stylistiques ou par le caractère résolument sportif, cette Panamera Turbo S est une Porsche à 1000%. Mais son intérêt vient du fait qu’elle peut aussi avoir un autre visage, elle peut se transformer en berline luxueuse et confortable, à la manière d’une limousine anglaise. Alors oui les finitions et aménagements intérieurs sont encore un cran au-dessous de certaines marques vénérables, mais l’ambiance générale est vraiment à un niveau rarement atteint par des voitures de sport. La Porsche est séduisante, bluffante et en plus elle est utilisable au quotidien. Alors s’il ne devait en rester qu’une dans le garage, je pense que ce serait peut-être, choix de raison ? Non ! Choix de passion !
J’ai aimé :
- Sportivité affirmée, c’est une vraie Porsche
- Luxe intérieur, prestations haut de gamme
- Moteur noble et expressif
J’ai moins aimé :
- Ergonomie peu intuitive
- Confort de l’assise
À voir ou à revoir, l’essai en Porsche Taycan
La déclinaison parfaite de cette Porsche Panamera en moteur électrique se nomme Porsche Taycan. Un essai impressionnant sur circuit et sur routes, un châssis connecté à l’image d’une 911.