Dans la famille des voitures de sport il existe des catégories, des castes. McLaren fait partie de celles que l’on nomme des voitures d’ingénieurs, sans compromis, uniquement dédiées à la performance pure.
Alors ces automobiles d‘exception ne sont-elles destinées qu’à fréquenter les circuits et user leurs pneus sur les vibreurs ? Nous avons voulu prouver le contraire avec cette 600LT lors d’un petit road-trip, de quoi casser un peu les codes et les idées préconçues.
La McLaren 600 LT Spider en quelques chiffres :
- Dimensions : 4,60mx1,93mx1,20m
- Poids : 1400Kg
- Moteur : V8 4L Biturbo 600cv couple 620nm
- Tarif : à partir de 252000 Euros, Malus maxi
- Consommation constatée sur route mixte : 13L/100km
- 0 à 100 km/h : 2,9 sec
- Vmax : 294 km/h
Que c’est beau l’efficacité
On le sait, une McLaren est dessinée par le vent, l’aérodynamisme en conçoit les lignes. Le résultat donne une voiture fluide à regarder, bien assise sur ses roues, avec des détails qui trahissent la recherche de performances. Tout d’abord le museau, plongeant avec ses larges entrées d’air, il est résolument sportif, prêt à dévorer le bitume. Les feux sous bulles adoucissent l’aspect brutal et contribuent à arrondir le profil de l’aile avant, le résultat est dynamique et élégant. Petite déception au niveau du choix des matériaux, en effet les éléments noirs ne sont pas en carbone mais en composite. Le choix de ce matériau semble toutefois judicieux pour cette super-sportive, en termes de légèreté et également de coût en cas de remplacement. Il ne faut pas oublier que ces parties de la voiture sont soumises à rudes épreuves et peuvent être rapidement dégradées.
Les flancs de la voiture sont dessinés par les chemins aérodynamiques destinés à alimenter les prises d’air arrière et à en fluidifier l’écoulement. Le résultat donne une auto qui semble être en mouvement même à l’arrêt et c’est accentué par la position de la cellule de pilotage plutôt en avant. Cette architecture n’est en rien due au hasard ou à la recherche esthétique mais encore une fois à un savant calcul de répartition des masses et de positionnement du centre de gravité. Le moteur est positionné juste derrière les sièges, le poids est parfaitement réparti entre les deux axes de roues et le point de rotation de la voiture se retrouve sous les fesses du pilote !
C’est à l’arrière que la 600LT prend tout son sens et affirme ses ambitions. Cette version est dénommée « Long Tail » car un travail tout particulier a été mené par les ingénieurs sur la poupe.r Le but étant de faciliter encore plus l’écoulement de l’air et de minimiser les turbulences, comme sur une Formule-1 ou un Sport-Prototype. Tout d’abord les échappements ont été remontés au niveau du couvre moteur, cela a un double intérêt, tout d’abord en diminuant la tubulure on économise du poids (oui McLaren fait la chasse au moindre gramme !), ensuite cela permet un échappement plus direct. Les gaz ayant moins de distance à parcourir, le moteur est plus libre. Cerise sur le gâteau, la mélodie du V8 est encore plus présente, surtout en version Spider. L’énorme extracteur sous la voiture a donc le champ libre pour faire son office. Grâce aux travaux menés sur la partie arrière, la McLaren s’en trouve rallongée de quelques centimètres, d’où son appellation LT.
600 chevaux de bonheur
Le V8 bi-turbo dérivé de la 570 équipe notre monture, et comme son nom l’indique il offre 600cv. Comme toujours avec McLaren la sonorité est démoniaque, à partir de 3000 tours, c’est le chant des sirènes ! Un son envoutant mais dangereux, il donne envie d’être toujours dans les tours…mais gare au permis, avec la 600 LT si on se laisse charmer ce sont les sirènes de la police que l’on risque d’entendre le plus souvent ! En ville le moteur sait se montrer silencieux et délicat, sous la barre des 3000 tours, c’est une voiture presque discrète. Grâce au lift permettant de remonter la hauteur de caisse, on passe les (satanés) dos d’ânes aisément, et la très bonne visibilité à 360 degrés permet une conduite plutôt sereine, à peine troublée par tous les pouces qui se lèvent à notre passage. Il faut dire que le confort est étonnamment bon pour une sportive de ce rang, on est très loin des voitures qui brisent le dos et nécessitent des bras de bucherons pour manœuvrer. La suspension se montre souple et les sièges offrent un très bon compromis confort/maintien.
L’appel de la route
Soyons francs, ce n’est pas en ville que la McLaren vous délivrera toute ses qualités, il faut pour cela l’amener sur un terrain de jeu un peu plus adapté, la route. C’est décidé, un petit road-trip s’impose ! Départ de la région parisienne par une nationale, le temps est beau, les premiers kilomètres se feront en Spider. Quel bonheur d’entendre rugir ce V8, d’autant plus que les échappements sont situés vraiment près des oreilles ! Quelques accélérations franches permettent de comprendre à qui on a affaire : une super-sportive. Le 0 à 100 est abattu en moins de 3 secondes, outre qu’il vous colle littéralement au siège, il vous tire également le visage, provoquant un large sourire qui ne partira plus, même une fois arrêté. Dans les entre lats des routes sinueuses c’est encore meilleur, le train avant est ultra précis et place la voiture au centimètre près. Les sorties de virages sont explosives, le train arrière colle au bitume et la puissance passe quasiment sans déperdition, c’est bluffant.
Une fois l’autoroute atteint cela permet de stabiliser la voiture à 130 et d’en profiter pour examiner l’intérieur. L’habitacle est recouvert de matériaux composites, d’alcantara, quelques plastiques moches ici et là ternissent le tableau. L’instrumentation comprend le régulateur mais pas d’aides à la conduite, pas de radar anti collision, ou de maintien dans la voie… après tout on est dans une sportive. Le V8 ronronne tranquillement et la consommation se stabilise autour des 9 litres. Bizarrement beaucoup de voitures nous doublent, mais à y regarder de plus près, c’est pour prendre la McLaren en photo ou pour envoyer un pouce levé, vraiment cette voiture suscite l’admiration et la sympathie. Arrivé à Amboise une belle place se libère au pied du château, là encore la voiture pique la vedette au monument centenaire, et les passionnés se pressent pour admirer la belle anglaise.
Un détour par Chambord où le ‘lift’ permet d’accéder au parking un peu défoncé, à croire que personne ne roule en super-sportive ici… ah non en fait il n’y a que moi ! Pour la suite du chemin et le retour en région parisienne, un petit pèlerinage s’impose, direction Le Mans. La suite de l’aventure va se corser un peu avec l’arrivée de la pluie, tout à coup la 600LT va commencer à danser un peu. Les petites dérives du train arrière en phase d’accélération (même légères) m’obligent à opter pour une conduite très mesurée. La glisse devient quasi permanente à chaque fois que j’appuie sur l’accélérateur, il faut dire qu’avec des pneus semi-slicks ce n’est pas la meilleure météo pour profiter de la sportivité de la voiture. C’est donc tranquillement que j’arrive sur la partie du circuit ouverte, les Hunaudières, Mulsane, Indianapolis… quel lieu magique que ce circuit où McLaren fut vainqueur en 1995 avec la F1 GTR. Bruce McLaren brilla également dans les années 60 sur le circuit sarthois, la course est vraiment l’ADN de cette marque.
Retour à la réalité
Partir sur les routes quelques jours en 600 LT c’est agréable, la voiture est confortable, on y est bien installés, sans avoir l’impression d’être dans un bunker. On peut y loger quelques bagages souples dans le coffre avant, et quelques manteaux dans le couvre-tonneau (et son bouton caché sous la portière !). Si le soleil arrive, c’est cheveux aux vents et accompagné d’une symphonie en V8 majeur que la route s’avalera. Tout serait idyllique sans un facteur pourtant naturel et prévisible… la pluie ! Cette maudite pluie qui a accompagné la moitié du voyage et m’a stressé à chaque accélération. Vraiment cette voiture est fantastique, et encore je n’ai pas eu la chance de l’emmener sur circuit, car c’est là que cette diva doit pouvoir exprimer tout son potentiel. La McLaren 600 LT est une vraie voiture de gentleman driver, elle vous emmènera de votre demeure au circuit. A son volant vous vivrez de grandes émotions et d’intenses moments de plaisir automobile. Mais il y a un revers à la médaille pour cette sportive d’exception, tout d’abord son prix avoisinant les 250000 euros, et ensuite savoir qu’elle vous emmènera dans de petites glissades improvisées ici et là, mais toujours maitrisées, heureusement !
J’ai aimé :
- Ligne spectaculaire
- Moteur spectaculaire
- Tenue de route spectaculaire
J’ai moins aimé :
- Intérieur sans charme
- Pneus non adaptés à un usage quotidien