L’électrification est désormais un passage obligatoire pour l’avenir des marques automobiles. Autant les marques généralistes franchissent le cap en apportant un plus technologique à leur image, autant les marques sportives doivent composer entre les attentes d’une clientèle exigeante et passionnée, et les contraintes environnementales. Avec l’abandon du Diesel dans ses gammes et le remplacement par des hybrides, Maserati renoue avec son image de pure tradition sportive. Mais le caractère italien est-il toujours présent à bord de la plus vendue des voitures au trident ? La Ghibli hybride propose de relever le challenge.
Essai vidéo : Maserati Ghibli Hybride 2021
La Maserati Ghibli Hybride en quelques chiffres :
- Dimensions : Long 4,97m – Larg 1,94m – Haut 1,46m – Coffre 500 Litres
- Motorisation : 4 cylindres Turbo électrique 2L 330cv
- Performances : 0 à 100 km/h 5,7sec – Vmax 255 km/h
- Tarif : à partir de 74700€ (+ malus 16000€)
La définition d’une berline sportive
A l’origine (en 1966), la Ghibli fut un coupé Grand Tourisme, 2+2. Deux adultes pouvant voyager vite et confortablement à l’avant et deux enfants pouvant trouver place à l’arrière. Aujourd’hui la Ghibli a gagné en habitabilité, avec 4 portes et 4 vraies places (le passager central arrière étant toujours moins bien lotit). Attention tout de même à l’arrière, au-dessus d’1m80 il sera difficile de trouver une place confortable. Son profil est désormais différent mais toujours aussi sportif et chic. A l’avant, la calandre concave semble toujours vouloir dévorer la route, le regard est lui aussi agressif, l’italienne a du caractère. La bonne surprise vient de l’arrière, grâce au nouveau feu ‘boomerang’ la Ghibli affirme sa lignée en faisant référence à l’illustre 3200 GT. La finition Granlusso accentue le côté chic de la voiture, les jantes de 20 pouces sont élégantes, les joncs chromés soulignent les vitres. Les ouïes des ailes avant sont parées de bleu, couleur spécifique à la version hybride.
A l’intérieur la qualité perçue est en très nette hausse par rapport aux premières versions. Le mobilier est bien ajusté, les cuirs et boiseries sont de très haute qualité. Seuls quelques plastiques encore présents rappelleront qu’il reste une petite marche à gravir pour atteindre un vrai niveau de luxe. De vrais compteurs analogiques encadrent un écran numérique derrière le volant, le choix des deux technologies est assumé, chez Maserati on n’oublie pas les passionnés. Au centre de la planche de bord, sous la mythique pendulette, un écran de 10 pouces permet l’accès à l’ensemble multimédia. Entièrement nouveau il se révèle complet, intuitif et pratique.
Le sujet qui fâche… tant que l’on ne l’a pas essayé !
Quand Maserati a annoncé la présence d’un 4 cylindres sous le capot, il y a eu beaucoup de retours négatifs. On peut comprendre que ce ‘downsizing’ puisse faire peur, mais pour ma part c’est plutôt la curiosité qui a pris le pas. Tout d’abord en termes d’image je suis plutôt heureux d’apprendre que le diesel ne fait plus partie du catalogue. Ensuite le fameux moteur est hérité du cousin Alfa-Roméo, le vaillant bloc qui équipe la Giulia Veloce et qui m’avait procuré de belles sensations de conduites. Cerise sur le gâteau, il est assisté dans la Ghibli par un compresseur chargé d’alimenter le turbo à bas régime. Un alterno-démarreur et une batterie 48v permettant de compléter l’ensemble. Au final un gain de 50 cv sans prise de poids détectable. Il est clair que les ingénieurs italiens ont cherché à optimiser au maximum cette ‘hybridation légère’, ou MHEV, afin de proposer au volant de cette Maserati toute la sportivité due à son rang.
Il est d’ailleurs temps de mettre le contact et de juger le temps d’un essai de plusieurs jours. Les premiers tours de roues s’effectuent en ville, le moteur est souple et discret. Les passages de la boite ZF à 8 rapports sont sans à-coups, en mode normal le régime ne dépasse pas les 2500 tours. C’est dans un confort haut de gamme et un silence très appréciable que je m’extrais du périphérique parisien. Seul petit bémol, la voiture est assez volumineuse, il faut faire attention dans la circulation. La prise en main de l’ensemble des fonctions est rapide, seul le grand volant est un peu perturbant d’autant plus qu’il est cerné d’un jonc en laque, magnifique mais inhabituel. Le moteur est discret, pas de vibrations, la transmission aux roues arrière est gérée grâce aux aides électroniques. Voici le moment d’accélérer un peu, les 2 tonnes de la voiture semblent s’effacer grâce à une montée en régime très linéaire, la boite fait encore ici un travail tout en discrétion mais gère parfaitement la puissance. Les 330 cv sont disponibles mais ne délivrent pas encore tout le plaisir de conduite que l’on peut attendre d’une Maserati. Ce n’est pas encore le moment de jouer !
C’est dans la vallée de Chevreuse et ses routes réputées, que j’emmène la belle italienne se dégourdir les roues. Mode de conduite Sport enclenché, gestion des passages de rapports grâce aux palettes (en aluminium) derrière le volant… je m’apprête à avoir ma réponse : suis-je bien au volant d’une Maserati ? Il ne me faudra que quelques minutes pour comprendre le caractère de la Ghibli, cette auto demande à être emmenée dans les tours. Si on laisse à l’électronique le soin de gérer la boite, alors on pourra être déçu, mais en optant pour une gestion manuelle, ce sera une autre histoire. J’emmène chaque rapport à la limite de la zone rouge, le moteur chante désormais. C’est un son qui me rappelle d’autres italiennes de caractère, chaque passage de vitesse s’accompagne d’une petite détonation familière, à la descente elle crépite. Aucun doute possible c’est bien une Maserati, peu importe le nombre de cylindres, le plaisir est là, et le large sourire qui va avec.
Il faut néanmoins faire preuve d’humilité, même avec les réglages les plus sportifs, la suspension reste souple et la direction ne retransmet pas la route comme je le souhaiterai. En résulte une impression de manque de précision sur le train avant accentué par le poids conséquent. En reprise d’accélération, l’arrière train pourra se montrer joueur mais pas d’inquiétudes, l’électronique veille.
Maserati livre sa vision de l’hybridation
Dans cette Ghibli la fée électricité est au service de la motorisation thermique, un choix technique assumé et qui après avoir pris la voiture en main me semble très convaincant. Cette auto a plusieurs visages, ce qui est plutôt appréciable. Confortable et raffinée de premier abord, elle permet d’appréhender les longs trajets en toute sérénité, la consommation saura, elle aussi se montrer raisonnable, aux alentours des 8 L/100km. Si l’envie de sportivité se fait sentir, Maserati livrera son savoir-faire à partir de 4000 tours. Voilà une belle idée de la polyvalence à l’italienne !
J’ai aimé :
- Ligne sportive élégante
- Intérieur chaleureux
- Caractère moteur
J’ai moins aimé :
- Train avant lourd
- Sonorité sous 4000 tours
Un commentaire
Au top cet article ! Si vous cherchez un bolide électrique