31 août, 11:00, 28 degrés. Alors que le cri des mouettes résonne dans ma tête et que le sable chaud chatouille encore mes orteils, il faut se rendre à l’évidence : les vacances sont finies. Pourtant, les cigales chantent encore et le soleil de la Provence sublime ce bronzage si difficilement acquis. Il faut se rendre à l’évidence, il faut rentrer à Paris !
Valises chargées et espadrilles rangées, l’A7 et la remontée du Rhône me tendent les bras. L’idée de slalomer entre les SUV blancs et les monospaces gris pleins à craquer, de faire le tour des aires pour trouver une place de stationnement, de payer un « sandwich » 7 euros et de patienter 10 minutes pour avoir un café à peine buvable ne me réjouit pas vraiment… Aigri, me direz-vous ? En quelque sorte oui… Mais je ne peux en vouloir qu’à moi-même d’avoir voulu prolonger les vacances et d’être resté jusqu’au bout avant de retrouver les joies de la circulation francilienne.
Le téléphone sonne, et là, le karma intervient. Dans mon désespoir de quitter la Provence, un constructeur m’annonce pouvoir prolonger de quelques heures mon aventure méridionale afin de découvrir l’une des voitures que j’attendais le plus en cette année 2018…
En vidéo, essai de la Ford Fiesta ST 2018
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Depuis que j’essaie des voitures (4 ans), je dois dire que la Ford Fiesta ST est l’une de celles qui m’a le plus laissé d’émotions. J’ai beau eu la chance de conduire des voitures extraordinaires, je dois dire que je prends autant de plaisir, ou du moins un plaisir différent mais pas moins important, à découvrir des modèles qui ont une âme, et qui nous communiquent le plaisir qu’elles ont à avaler de l’asphalte et engloutir du SP98.
Elle représente pour moi cette voiture accessible que l’on peut conduire au quotidien somme toute convenablement, mais qu’on peut également emmener valser sur piste ou lors de road-trips sans jamais s’en lasser. Après avoir essayé tout le segment, elle est ainsi restée l’Élue dans la petit cour des GTI.
2017, Ford présente à Genève la nouvelle génération de la Fiesta ST, en revoyant sa copie de fond en comble…
Me voici donc au Castellet, devant une rangée de Fiesta ST sagement parquées et prêtes à partir sur les routes du Var le temps d’une brève après-midi de découverte…
Première chose, et pas des moindres, la Fiesta s’est modernisée à tous les niveaux. Et ça, je dois dire qu’on ne peut que s’en réjouir… La transformation générale de la Fiesta de bonne famille en petite athlète est globalement réussie, même si je dois avouer ne pas être un adepte du look général de cette auto.
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Ford sait faire des faces avant, c’est indéniable, mais donne un fessier bien trop tristounet à ses voitures… Le museau acéré, habillé de l’habituelle calandre style Aston Martin, contraste étonnamment avec une poupe banale et haute-perchée, presque déjà démodée, qui normalise une voiture pourtant pétillante dans le rétroviseur. La « GTisation » physique (terme inventée en ce 30 août 2018) de la Fiesta est toutefois réussie, il faut le souligner, avec des ailes élargies et des appendices aérodynamiques qui lui donnent du caractère et affirment son positionnement sportif.
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À bord, et c’est là que le gros du chantier était à réaliser, la Fiesta fait table rase du passé en repartant d’une feuille blanche. Adieu petits compteurs et écran monochrome du XIXe siècle trônant au-dessus d’une console centrale atteinte d’acné sévère et d’une allergie évidente à l’ergonomie. Ford a su prendre le bon virage en modernisant l’intérieur de la Fiesta et en haussant considérablement le niveau des prestations à bord et du soin apporté à l’habitacle.
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La présentation ne fait pas dans l’originalité mais l’ensemble des matériaux et assemblages est très sérieux, tout en proposant une bonne préhension des commandes. Tous les vilains boutons ont disparu au profit d’un écran tactile de 8 pouces de bonne qualité qui intègre toutes les technologies au goût du jour. La Fiesta est ainsi joliment équipée et offre bien plus que ses rivales vieillissantes : chargement par induction, Hi-Fi Bang & Olufsen, volant chauffant et pléthores d’aides à la conduite, mais on y reviendra…
Pour l’heure, je pars à la recherche des détails propres à la ST. Mis à part le volant spécifique à méplat signé ST et les incrustations simili-carbone, rien de bien croustillant. Heureusement, les excellents sièges baquets RECARO cuir/alcantara sont toujours de la partie et nous rappellent que nous sommes dans la version la plus sportive de la Fiesta…
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Sur la route ? La crème de la crème
Calés dans les baquets (revus et améliorés par rapport à la précédente ST), le volant bien en main et le pédalier taillé pour le talon-pointe, j’appuie sur le bouton START avec, je dois l’avouer, une certaine appréhension…
Et oui, quand on est resté avec le souvenir mémorable d’une voiture, on a toujours peur que la succession nous déçoive. Surtout lorsque les normes écologiques sont passées par là, et que la pétillante citadine américano-allemande ait été contrainte de troquer son onctueux quatre cylindres de 184 ch pour un petit trois cylindres de 200 ch.
Que nenni, chers amis, le petit trois-pattes est une réussite à tous les niveaux ! Souple et volontaire dès les plus bas régimes, il ne suffoque pour autant pas avant 6000 tr./min.. Une plage d’utilisation extrêmement large qui participe grandement au plaisir de conduire ce nouveau cru de Fiesta ST : le couple de 290 Nm offre à la voiture des relances honorables et la montée linéaire en régime nous gratifie de relances bluffantes dans les jolies routes autour de Signes.
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La boite de vitesse (forcément) manuelle jouit d’un guidage intuitif et de débattements relativement courts, même si j’avoue trouver la position du pommeau un poil trop basse en conduite dynamique où l’on se met alors à tâtonner un peu avant de trouver le manche. L’étagement des rapports a lui été logiquement étudié pour une voiture que l’on peut utiliser au quotidien, avec une 3e et une 4e tirant un poil long à mon goût.
Arrivant au cœur du charmant petit village de Gémenos, difficile de résister à l’envie enfantine de faire résonner l’échappement à clapet dans les ruelles étroites. Pour pallier à la sonorité relativement… discutable des trois cylindres, Ford a ainsi doté la Fiesta ST d’un échappement travaillé produisant un son rauque à l’accélération et de petites pétarades jouissives à la décélération. Le résultat n’est pas aussi bruyant qu’une Mini JCW ou qu’une Golf R Akrapovic, mais il suffira à ravir au quotidien son heureux propriétaire et à faire naitre quelques sourires sur les visages des passants.
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Au pied du col de l’Espigoulier, je me remémore quelques bons souvenirs de la précédente Fiesta ST. Une fois de plus, rien n’a été perdu, tout s’est transformé, et même amélioré. La Fiesta, c’est presque comme le vin, avec le temps elle se bonifie… 30 lacets avalés et 20 grammes de gomme de Michelin Pilot SuperSport en moins plus tard, je jubile : la bombinette est toujours la reine des GTI d’aujourd’hui.
Chahutées, et même malmenées, elle n’a jamais bronché. Son efficacité m’a littéralement bluffé, avec une capacité à enchainer dans le sinueux à des allures difficilement tenables au volant d’une Polo GTI ou d’une Clio RS. Son train avant est aussi incisif qu’un scalpel, sa direction aussi précise qu’un Sniper du GIGN, le tout avec une remontée d’informations optimale qui nous fait savoir tout ce qui se passe sous nos roues, et une agilité détonnante grâce notamment à son poids relativement maitrisé (1260 kg).
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La Fiesta ST sait être rassurante, saine et prévenante grâce à une électronique habilement calibrée pour être présente sans être trop intrusive, et une conception soignée de ses liaisons au sol. Difficile de faire dériver la voiture tant la gomme des Michelin SuperSport est efficace et le train arrière d’une stabilité impressionnante.
Toutefois, lorsque cela survient, la petite bombe ne piège pas et décroche sans nous donner ce coup de raquette violent que l’on redoute et sans jamais accuser de sous-virage. Aucun mouvement de caisse n’est à déplorer malgré des suspensions relativement hautes, l’ensemble est correctement tenu et rigoureux.
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Équipée d’un différentiel à glissement limité Quaife qui se charge de répartir le couple sur la roue qui le nécessite, sa propension à accepter les relances musclées en courbe et à faire passer la puissance du trois cylindres au sol est un sérieux atout face à ses concurrentes qui se contentent pour la plupart d’un différentiel électronique au fonctionnement moins efficace. Seule la 208 GTI by Peugeot Sport équipée du Torsen fait aussi bien selon moi (mais pour 6000 euros de plus).
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Jamais la Fiesta ST ne m’a piégé, pas même dans les grandes courbes du circuit du Castellet où j’ai eu l’opportunité de la conduire quelques tours. Même si le tracé (très) rapide et (très) large du Paul Ricard n’est pas celui qui convient le mieux à la petite GTI, il faut avouer que cette dernière n’a pas démérité.
Seuls les freins n’ont pas tenu la charge en bout de Mistral au bout de quelques tours, une endurance limitée sur piste à mettre en relief par rapport à l’utilisation « normale » de la voiture, qui se veut être une sportive dans le sinueux plus qu’une vraie pistarde. Elle pourra néanmoins défendre ses couleurs sans sourciller sur des tracés plus adaptés à son format comme Dreux ou La Ferté-Gaucher. Affaire à suivre…
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Une GTI du quotidien
Comme toute bonne GTI qui se respecte, la Fiesta ST n’est pas de ses voitures que l’on trimbale sur plateau pour être utilisée une fois arrivé sur une route aussi lisse qu’un billard. Elle doit être parée à affronter l’état des chaussées de notre beau pays et les innombrables dos d’ânes dans chaque village traversé.
Auparavant un poil trop ferme pour moi pour être envisageable 2 heures par jour au quotidien, le cru 2018 représente à présent le compromis idéal entre confort et sportivité dès lors qu’on aime les assises fermes et les baquets enveloppants au niveau des hanches et des épaules. Pas de suspension pilotée ou même de réglage de la dureté des ressorts comme chez VW, mais je n’ai jamais ressenti le besoin de changer quoique ce soit pendant cette journée à son volant une fois que l’on a adopté la bonne position de conduite.
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Cerise sur le gâteau, en basculant en mode « Normal » (même si le mode Normal selon moi dans une GTI devrait être le mode sport), la technologie fait son apparition et la petite GTI se civilise. Le trois cylindres intègre un système permettant de basculer de façon imperceptible sur deux et de réduire ainsi la consommation à 7,5 L / 100 km (jusqu’alors relativement élevée : environ 11,0 L). L’échappement s’efface lui complètement, et l’on remarque ainsi une insonorisation soignée.
Niveau pratique, cinq places, des rangements nombreux et spacieux, et un coffre de 311 litres la rendent aussi vivable que la Fiesta de votre grande-tante.
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Enfin, elle propose toutes les aides à la conduite utiles pour enquiller les kilomètres : avertisseur d’angles-morts, caméra de recul, feux LED intelligents, système de maintien actif dans la voie ou encore lecture des panneaux. Seul le freinage automatique d’urgence et le régulateur adaptatif manquent à l’appel et sont proposés ailleurs (mais on s’en fiche un peu sur une GTI).
Tarifs et concurrence : le K.O.
Déjà agressive par le passé sur le tableau tarifaire, la nouvelle mouture de la Fiesta ST remet le couvert en étant la porte d’entrée des GTI de 200 ch, alors même qu’elle en devient la plus récente et la plus aboutie. Insolent, n’est-ce pas ?
Peugeot 208 GTI, Renault Clio RS, VW Polo GTI ou Opel Corsa OPC : ses concurrentes sont toutes plus chères de 3000 à 6000 €, voire mêmes plus vendues. Une aubaine du calendrier pour la Fiesta ST qui en devient le choix le plus rationnel quand on cherche une citadine de 200 ch.
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Deux versions existent aujourd’hui au catalogue :
Fiesta ST Pack, à partir de 23 200 €, axée vers la sportivité avec des jantes de 17 pouces, le différentiel à glissement limité, les baquets Recaro, ainsi que le Launch Control. Elle est déjà dotée de tout ce qu’il faut d’utile niveau équipements et représente à mon sens le meilleur choix quand on veut s’offrir une petite sportive.
Fiesta ST Plus, à partir de 24 600 €, axée vers le confort avec des équipements haut-de-gamme en plus comme le système multimédia SYNC de 8 pouces (au lieu de 6,5 pouces), des aides à la conduite et la HiFi B&O. On peut toutefois lui greffer le différentiel et le Launch Control via un pack à 950 € et avoir ainsi le meilleur des deux mondes : une dotation pléthorique avec tout ce qu’il faut pour s’amuser pour moins de 26 000 €.
Bilan : jeu, set et match
La précédente Fiesta ST m’avait séduit, le cru 2018 m’a conquis. Même si son look manque de finesse et de caractère à mon goût, elle distille un plaisir généreux à son volant, comme toute bonne GTI se devrait d’être. Modernisée comme il le fallait, elle se paie même le luxe de gagner en polyvalence sans sacrifier sa plus grande qualité : son comportement routier. Précise, rigoureuse, agile et performante tout en restant saine et amusante, c’est un véritable sans-faute sur l’asphalte. Le plus beau dans tout cela ? Ford n’a pas été gourmand en conservant un rapport prix/équipements/prestation extrêmement compétitif et un malus contenu, lui permettant d’être accessible au plus grand nombre. On frôle la perfection. Bravo Ford !
Mignonne, bien équipée, polyvalente mais surtout rigolote et efficace sans être trop chère : la Ford Fiesta ST 2018 a tout pour elle.Notes – Ford Fiesta ST 2018
Look - 75%
Vie à bord - 80%
Technologie - 75%
Moteur - 90%
Comportement routier - 95%
Plaisir de conduite - 95%
Prix/Équipements - 90%
86%
J’ai aimé
- Intérieur modernisé (technologie et présentation)
- Moteur volontaire et agréable
- Belle sonorité à l’échappement
- Liaisons au sol exceptionnelles (châssis et suspensions)
- Différentiel à glissement limité de série
- Propension à donner du fun
- Utilisable au quotidien sans trop de sacrifices
- Rapport prix/performances/prestations imbattable
J’ai moins aimé
- Look général (avis purement personnel)
- Manque de détails sportifs à bord
- Consommations un peu élevées
- Endurance des freins sur piste
Ford Fiesta ST 2018 en chiffres
- Moteur : 3 cylindres (désactivation à 2) 1.5 L EcoBoost 200 ch à 6000 tr./min.
- Couple : 290 Nm
- Accélération (0-100) : 6,5 secondes
- Vitesse max. : 232 km/h
- Transmission : aux roues AV avec différentiel à glissement limité Quaife
- Boite de vitesse : manuelle à 6 rapports
- Consommations mixtes constructeur : 6,0 L / 100 km
- CO2 : 136 g/km
- Dimensions H/l/L : 4,06 m / 1,73 m / 1,46 m
- Coffre : 311 L
- Pneumatiques : 205/50 R17 sur Pack ou 205/45 R18 sur Plus
- Poids : 1262 kg
- Prix : à partir de 23 200 € (+ 680 € de malus)
- Garantie : 2 ans
2 commentaires
Un bon site . bon travail bon courage!!
Merci 😉