Direction la belle île de Majorque pour découvrir la version la plus puissante de la sixième génération de Volkswagen Polo, la Polo GTI. Avec 200 ch, un chassis inédit et de nouveaux équipements, est-elle la citadine sportive idéale ?
Chic et sportive, la sixième génération de Polo GTI progresse sur tous les points et se rapproche toujours plus de la Golf GTI. Pas fun à conduire mais efficace, elle saura être une voiture aussi agréable au quotidien qu'en conduite dynamique.Avis – Polo 6 GTI
Look - 75%
Habitacle - 85%
Performances - 90%
Efficacité - 80%
Plaisir de conduite - 60%
Prix - 65%
76%
Note
Notre essai complet de la Polo 2018 en motorisation TSI 95 ch est à retrouver ici.
Essai vidéo – Polo 6 GTI (2018)
Un peu d’histoire…
GTI, trois lettres qui résonnent dans les oreilles des passionnés comme une porte vers le plaisir de conduire. Ce terme, devenu générique à de nombreux constructeurs, est la marque de fabrique des Volkswagen sur-vitaminées depuis plus de 40 ans maintenant. Mais dans la gamme de sportives de la firme de Wolfsburg, la Polo GTI a toujours vécu dans l’ombre de sa grande sœur : la Golf GTI. Sortie en 1976, la pionnière a fait un peu de place à ses côtés et a accueilli dès 1987 la première génération de Polo musclée : la Polo 2G40, de 115 ch.
Après une escalade de puissance (120 ch pour la Polo 3 GTI en 1998, 150 ch pour la Polo 4 GTI en 2006, 192 chevaux pour celle qui laisse sa place) et une taille en constante augmentation, la Polo d’aujourd’hui est finalement plus grosse et plus puissante qu’une Golf d’il y a quelques années. Six générations plus tard, Volkswagen a revu de fond en comble sa copie de Polo GTI et nous propose aujourd’hui une version entièrement nouvelle.
Femme d’affaires en jogging
Plus longue de 8 cm et plus large de 7 cm que sa devancière, cette sixième génération en devient presque imposante. Elle reprend le dessin général de la citadine populaire, que j’avais particulièrement apprécié, en ajoutant à sa recette ce piment doux que VW sait donner à ses GTI. Pas d’exubérance ni de vraie originalité, elle est une bombinette sérieuse et chic aux lignes tendues.
Le constructeur a ajouté tous les artifices nécessaires pour muscler un peu la Polo traditionnelle et coller à la lignée GTI : bouclier spécifique noir laqué, barrette rouge traversant la calandre en nid d’abeille jusque dans les optiques LED, monogrammes GTI un peu partout, superbes jantes 18 pouces avec étriers de frein rouges, becquet noir, diffuseur avec une jolie double sortie d’échappements et feux assombris. L’ensemble rend plutôt bien et les teintes proposées (dont notre blanc, malheureusement pas nacré) font ressortir les différents éléments sportifs. C’est net, c’est propre, c’est sans fioritures, les Allemands font les choses extrêmement bien mais sans grande originalité. Comme d’hab’.
Petite déception sur l’abandon des version 3 portes, faute de demande selon le Marketing (ou flemme d’en concevoir une pour les designers ?), qui donnait un caractère encore plus piquant à la citadine. Quoiqu’il en soit, la recette fonctionne et plait quand on voit les volumes de vente astronomiques et la base de fans VW GTI, mais qui me gène un peu sur une voiture qui se destine sur le papier à être aussi fun à conduire qu’à regarder.
La comparaison stylistique n’est finalement pas à faire avec le côté pétillant d’une Fiesta ST ou le look sportif de la Clio RS… Non, la Polo GTI joue en fait sur le tableau des Alfa MiTo QV et autres Mini Cooper S, des citadines chics et sportives, ce genre de femme d’affaires en tailleur qui enfile en quelques secondes son jogging et ses tennis.
La proposition de VW est logique et suit cette dynamique lancée il y a maintenant 40 ans : maquiller en sportive une voiture qui plait au plus grand nombre avec des petits détails subtiles mais réussis. Après plusieurs mois, on ne se lassera finalement pas de rejoindre sa Polo GTI après le travail et elle saura même trouver sa place dans les beaux quartiers. Pas sûr que l’on puisse dire la même chose d’une 208 GTI coupe franche, pour n’avoir à citer que son alter-ego dans le segment.
Un habitacle entre tradition et modernité
Inutile de tergiverser : le cocon de la Polo GTI reprend tout le bien que j’avais pu évoquer ici de la Polo cru 2018. Tout est bien fini, bien pensé, moderne et ergonomique.
Chapeautant la gamme, la GTI propose l’alternative « sportive » à la finition Carat Edition, plus axée quant à elle vers le côté chic et premium. En bonne héritière du mythique blason, la citadine propose des petits clins d’œil toujours sympas à ses ancêtres. À commencer par ses superbes sièges semi-baquets recouverts de tissus Clark, ce motif écossais présent à bord des GTI depuis le début et repris à chaque nouveau modèle, ou encore un volant à méplat à la finition vraiment soignée.
Pas de balle de tennis en guise de pommeau de vitesse en revanche, notre Polo ne propose pour l’instant que la boite auto’ DSG. Côté déco’, le pavillon de toit noir, le pédalier en alu, et des inserts colorés participent à donner à l’habitacle une ambiance particulière. Trop de rouge tue le rouge à mon sens, et l’on pourra heureusement choisir du gris pour recouvrir la console centrale.
Tradition stylistique préservée, il fallait tout de même apporter une dose de modernité et de confort à notre GTI. Et VW n’y est pas allé de main morte en dotant la Polo d’un arsenal technologique impressionnant, en provenance direct de la Golf. Virtual Cockpit nouvelle génération, écran tactile d’excellente définition de 8 pouces avec CarPlay et systèmes connectés, chargeur par induction, plusieurs ports USB, HiFi Beats et multiples aides à la conduite, c’est un sans-fautes. Elle est une sportive vivable dans laquelle on se sent bien pour la côtoyer au quotidien.
Comme l’extérieur, l’intérieur est donc un parfait cocktail entre sportivité et confort, un univers dynamique et soigné doté de tout ce dont on peut attendre technologiquement d’une voiture premium en 2018.
Sur la route : surdouée
Dans GTI, il y a GT ; GT pour Grand Tourisme, si vous ne le saviez pas encore. Cette philosophie, la Polo l’incarne parfaitement. Elle se destine à être cette voiture couteau-suisse qui pourra alterner entre les monotones trajets domicile <> travail ponctués de bouchons, de longs week-ends sur l’autoroute, et les sorties entre possesseurs de bombinettes dans du sinueux.
Une voiture pleine de compromis est bien souvent une voiture moyenne, une voiture dans laquelle il ne se passe rien et qui fait le job sans vraiment exceller dans un domaine. Les compromis, c’est le Leitmotiv des constructeurs qui tentent de faire la voiture parfaite : capable de faire des chronos sur le Nürb tout en étant adaptée pour amener votre petit dernier à la crèche et votre ado au lycée.
Certains modèles se rapprochent du Graal et touche du doigt le compromis parfait. La Polo GTI est sûrement l’une d’elles. Tant d’enthousiasme pour une citadine de 200 ch ?
En arrivant à Majorque, l’héritage laissé par la précédente génération trottait dans mon esprit : chassis complètement largué, freinage hasardeux, TSI onctueux mais bridé par la DSG, comportement moyen, le tout à un tarif très salé. Bref, la Polo V GTI n’était pas la plus sympa des petites sportives, loin de là. En écoutant le staff faire leur démonstration à grands coups de slides plus argumentées les unes que les autres, une lumière est apparue : les ingénieurs qui ont pondu l’une des meilleures sportives du marché (la Golf GTI Clubsport) ont bossé sur notre Polo. En voilà une bonne nouvelle…
N’étant pas destinée à faire principalement de la piste, VW a réellement travaillé sur la polyvalence de sa citadine avec l’ajout d’un sélecteur de modes. Son dédoublement de personnalité lui va comme un gant et ravit ses occupants. Sur les départementales interminablement droites de l’île des Baléares, son confort de suspension et son insonorisation en mode « normal » font oublier que nous sommes à bord d’une sportive. La Polo est alors une version TSI somme toute civilisée et utilisable au quotidien. La DSG enchaine les rapports sans le faire ressentir et la sobriété du 2.0 TSI fait des merveilles si l’on passe en mode « ECO » (moins de 7,0 L / 100 km).
Sur autoroute, la citadine devient routière et accentue sa schizophrénie. Truffée d’assistants, elle régule sa vitesse par rapport au trafic (et redémarre seule dans les bouchons), vous prévient des voitures dans les angles-morts et incite à cruiser à vitesse… soutenue. Le couple omniprésent du quatre cylindres offre des accélérations et reprises bluffantes, donnant l’impression d’avoir beaucoup plus de 200 ch.
Merci à VW d’être allé à l’encontre du downsizing et d’avoir pris la décision de glisser un 2.0 L sous le capot de la Polo : les 320 Nm sont présents sur une plage d’utilisation étendue (de 1500 à 4400 tr./min.), ce qui lui donne un souffle appréciable. Tous les essayeurs présents étaient au moins d’accord sur un point : « ça pousse fort et tout le temps » ! La sensation de vitesse est viciée par l’insonorisation parfaite et un feeling de direction de routière. On se retrouve alors à des vitesses déraisonnables beaucoup trop rapidement pour ne pas être tenté d’aller sur Autobahn… ou sur circuit.
200 ch, 320 Nm de couple, 1280 kg à vide, 6,4 kg/ch, 237 km/h, blocage de différentiel électronique : autant de données qui ne sont pas là pour faire des records de conso’ et admirer le confort d’une voiture pourtant bien née en la matière. Une GTI est là pour avaler de l’asphalte et bruler de la gomme, et VW a eu la merveilleuse idée de nous emmener sur le circuit de Majorque pour attester du bon en avant effectué sur sa sixième génération de fourmi.
Ciao chassis hasardeux, bonjour plate-forme MQBA0. L’avantage de la piste, c’est de pouvoir aller chercher les limites de la voiture. Le mot « chercher » prend ici tout son sens : la Polo repose sur des liaisons au sol d’une rigueur impressionnante, et même trop si l’on désire s’amuser à son volant. La voiture vire à plat et encaisse les changements de direction et autres appels/contre-appels sans sourciller.
Au-delà d’un chassis élaboré pour absorber le sous-virage dont souffrait son ainée, le durcissement des suspensions en mode « sport » (il faut pour cela prendre l’option chassis Sport Select) joue à donner à la Polo cette efficacité impressionnante. Un comportement tellement sain et sécurisant qu’il en devient même difficile de faire partir le train arrière, même en désactivant l’ESP. Bien maintenus dans les semi-baquets, les courbes s’enchainent et se ressemblent, le chassis est tellement bon qu’on voudrait finalement encore plus de puissance pour relancer toujours plus fort.
L’ensemble boite DSG/moteur 2.0 est hyper convaincant : l’inépuisable souffle du TSI offre de belles relances à chaque sortie de virage dans une rafale de passage de rapports impressionnantes (une vraie bébé PDK cette DSG) si on se met à jouer avec les palettes (mobiles et non fixes, alleluia !). Bien aidé par le différentiel électronique XDS, le couple passe sans trop d’encombre sur le train avant. Ce dernier, toutefois moins efficace que le Torsen d’une DS 3 Performance, joue un rôle clé dans le feeling que l’on a au volant de la Polo. Une fois les premiers virages appréhendés, on n’hésite ainsi plus à sortir pied au plancher d’une courbe tant le comportement de la voiture est prévisible et sain.
Petite réticence concernant la direction, qui aurait mérité d’être un poil plus informative et communicative : on ne sait pas vraiment ce qui se passe sous les roues, et même si ça marche fort, elle manque de consistance à mon goût. Une fois la ligne droite avalée, le freinage est lui excellent avec une attaque progressive puis un très bon mordant.
Pour terminer, mention spéciale au bruit. C’est tout bête, mais le bruit d’une GTI joue beaucoup au plaisir de conduite… VW l’a particulièrement soigné, et sans devenir aussi artificiel que le mode Sport de Peugeot, le travail effectué sur l’échappement de la Polo est plutôt flatteur avec un son rauque et des petits retours métalliques toujours aussi appréciables en décélération et amplifié dans les enceintes.
Bilan : et le fun dans tout ça ?
La Polo GTI ne l’est assurément pas. Elle est hyper efficace, elle va très vite tout le temps, partout et sans piéger, mais on s’ennuie au final un peu à son volant. La voiture ne vit pas vraiment et montre qu’elle n’a pas envie de jouer plus que ça. Faire partir le train arrière sans arriver à vitesse déraisonnable dans la courbe relève du défi, et après quelques heures à son volant on sent qu’on a fait le tour de la voiture et de ses qualités. J’avais eu le même sentiment avec la Golf GTI, et VW avait eu la brillante idée de sortir en 2016 la formidable et piquante Golf GTI Clubsport ; espérons qu’une Polo GTI Clubsport voit le jour (un peu comme la R WRC de l’époque)…
Pour répondre à notre interrogation… Oui, la Polo GTI est un parfait daily. On aimera rouler avec au quotidien et attaquer de temps à autre à son volant, mais enchainer les cols et faire de la piste ne sera pas drôle en sa compagnie. Elle fera parfaitement et efficacement le job, mais n’éveillera pas cette petite poussée d’adrénaline et cette petite folie que j’attends personnellement d’une « hot hatch » et qui caractérise la Golf GTI première du nom.
Look chic et sportif, intérieur premium et technologie de pointe, routière de première ordre et sportive chirurgicale, le tout à un tarif en baisse et dans la moyenne du segment, la Polo GTI a tout pour plaire si l’on ne cherche pas une voiture pétillante et surprenante. Heureusement, VW a tout prévu en mettant au point une VRAIE petite bombinette : 997 kg, 115 ch, des dimensions réduites, la UP! GTI sera sûrement cette étincelle. Rendez-vous dans quelques semaines pour la découvrir ensemble…
J’ai aimé
- Look soigné
- Habitacle bien fini
- Technologie embarquée
- Polyvalence réelle
- Efficacité des liaisons au sol
- Moteur coupleux
- Boite DSG au comportement excellent
- Bruit sympa
J’ai moins aimé
- Direction au feeling trop superficiel
- Manque de fun à son volant
La Volkswagen Polo 6 GTI en chiffres
- Moteur : 2.0 TSI 200 ch (4 cylindres)
- Couple : 320 Nm dès 1500 tr./min.
- Accélération : 0 à 100 km/h : 6,7 s
- Vitesse max. : 237 km/h
- Transmission : automatique à double embrayage DSG 6 vitesses
- Réservoir : 40 L
- Poids à vide : 1280 kg
- Consommation mixte : 5,9 L (communiquée) / 7,0 L (constatée)
- Puissance fiscale : 11 CV
- Prix : 28 920 €
Album photos – Polo 6 GTI 2018
Merci à Volkswagen pour sa confiance et tout spécialement à Arnaud pour toutes ces belles années de collaboration.
Un commentaire
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