Issue directement de l’expérience acquise sur circuit, la McLaren 720S, est aujourd’hui la voiture de série la plus puissante du catalogue de la marque.
Vidéo essai Mclaren 720S Spider
Au-delà des chiffres époustouflants de la supercar, ce sont des sensations rares que procure cette voiture. Loin de son image trop sérieuse, McLaren propose ici une machine qui repousse les limites du plaisir procuré derrière un volant. Dans le petit monde des voitures d’exception, la 720S mériterait-elle de figurer dans le peloton de tête ? C’est en se mettant à la place du conducteur que nous vous apportons quelques éléments de réponse.
La McLaren 720s Spider en quelques chiffres :
- Motorisation : V8 4.0L Biturbo 720 cv, boite robotisée 7 rapports
- Vmax : 325 km/h – 0 à 100 km/h : 2,9sec
- Consommation constatée : 12L/100km en cycles mixtes
- Poids : 1332 kg (+49kg vs coupé)
- Dimensions L x l xH : 4544 x 1930 x 1196
- Tarif à partir de 282500€ (69cv fiscaux) + 20000€ malus
Bienvenus à la ‘maison McLaren’
McLaren a depuis peu un nouveau QG, situé à Saint Cloud. Ici sont accueillis clients et passionnés, dans une ambiance de partage et de passion. Dans le showroom étaient présentes deux voitures absolument exceptionnelles, la barquette Elva et la bouillonnante 765 LT. A l’extérieur, le parc des voitures à vendre laisse aussi rêveur, de la GT à la 720s en passant par la 650, il y a au moins 10 véhicules disponibles. Cerise sur le gâteau, tous les passionnés sont les bienvenus, et bon nombre viennent uniquement pour prendre quelques photos. Ayant connu une période où approcher une voiture de sport était réservé à une élite, ici chacun recevra un accueil chaleureux et des explications sur les modèles.
Effet ‘Wahou’ garanti
Le premier contact avec ‘ma’ 720s est visuel, et autant vous dire que déjà à l’arrêt, la voiture respire l’exclusivité et la sportivité. La couleur bleu est superbe, elle met les courbes de l’auto en valeur. La McLaren apparait comme très basse, avec son habitacle plutôt avancé, elle semble être en mouvement même à l’arrêt. De face on remarque une garde au sol très faible, et un parebrise assez grand, permettant une bonne visibilité. Pour être tout à fait honnête, il faut un moment avant de comprendre toutes les lignes de la voiture.
En fait il faut savoir une chose simple, sur une McLaren il n’y a pas de place pour l’esthétique…je m’explique : absolument tous les traits, appendices et matières utilisées ne sont présents que dans un seul but, la performance. Ainsi le carbone n’est pas là pour faire ‘joli’, non il est utilisé à profusion en raison de sa légèreté et de sa rigidité. D’ailleurs la 720s est conçue autour d’une monocoque carbone, il est à noter que la version spider ne prend que 49 kg d’embonpoint (le poids du mécanisme du toit). Si on s’approche de son museau, on remarque le travail exceptionnel de la fibre, dans les circonvolutions de la face avant.
Le V8 Bi-turbo est installé en position centrale arrière, ce qui permet d’avoir cet avant extrêmement plongeant. Du nez jusqu’au bout de la voiture, des chemins aérodynamiques ont été dessinés. On voit exactement le trajet que prendra l’air en dessous, au milieu et sur la partie haute. Esthétiquement la sportive en impose, avec ses quasiment 2 mètres de large pour un petit 1.2 mètres de haut, elle semble tapie et prête à bondir. Il est temps d’en ouvrir la porte en élytre et de se glisser derrière le volant.
Ambiance radicale à bord
L’accès à bord est lui aussi sportif, heureusement facilité par l’extrême ouverture de la porte, qui comprend même la partie basse de la carrosserie. Heureusement la version Spider permet, une fois le toit carbone replié, de se glisser dans le baquet plus facilement. A propos des sièges, il faut absolument demander la bonne largeur lors d’une commande ! Sur le modèle d’essai, et grâce à l’option de configuration sport, j’ai dû forcer pour pouvoir toucher le fond du siège. Alors certes j’étais bien calé pour subir les G latéraux, mais c’est franchement désagréable pour des gabarits comme le mien. La monocoque en carbone est bien visible et c’est vraiment le matériau qui prédomine partout. L’alcantara recouvre une bonne partie de l’habitacle. C’est sombre, seuls les commodos et boutons en aluminium ressortent. Ici encore pas de chichis, tout est fonctionnel, pas de luxe inutile. Ce qui étonne vraiment c’est la très bonne visibilité qu’offre cette McLaren, c’est rare de voir quasiment à 360 degrés dans une voiture de sport. C’est extrêmement rassurant dans la circulation. La position de conduite est parfaite, le petit volant tombe naturellement en mains, il est temps de démarrer la cavalerie.
Un V8 aux accents de formule 1
Démarrage ! Heureusement la sortie du garage est facilitée par l’option Lift qui permet de lever la voiture. Avec des sportives c’est absolument indispensable pour aborder les dos d’ânes et les descentes de parking en toute sérénité. A petite vitesse, la sportive se montre assez discrète, en ville on passe (presque) inaperçu. Je dois l’avouer je suis un peu déçu par la sonorité, mais le meilleur reste à venir…
Sorti de la circulation urbaine, une première voie d’insertion s’offre à moi. Petit coup d’œil dans les rétros, et le pied droit enfonce l’accélérateur, presque sans vie jusqu’à 3000 tours, le moteur rugit enfin… PHENOMENAL !!! L’accélération qui me propulse comme un boulet de canon, le moteur émet une mélodie digne d’une formule 1. La 720s commence à se révéler. Le son est enfin bien présent, accentué par l’absence de toit. Vivement les premiers enchainements de virages. C’est en vallée de Chevreuse que je vais emmener mon petit monstre s’amuser. Sur la route des Vaux de Cernay me voilà rattrapé par une sportive allemande (GT3), il est temps de jouer un peu.
Le train avant est d’une précision incroyable, la voiture se place au millimètre. La direction est ultra vive et remonte toutes les informations de la route. La rigidité exceptionnelle du châssis, l’efficacité des suspensions, l’équilibre et l’appui aéro font de cette McLaren une vraie machine de guerre. Les lacets s’enchainent à des vitesses largement plus hautes qu’avec d’autres sportives. A aucun moment la voiture ne me fait peur, elle est rassurante et d’une rigueur incroyable. Au bout de quelques kilomètres la belle jaune qui me suivait parait minuscule dans mon rétroviseur… Angleterre 1 Allemagne 0 !
Est-ce bien raisonnable ?
Conduire une telle auto parait irréel dans le paysage actuel, rien n’ai fait pour vous faciliter les choses. Au volant d’une telle supercar, les quelques portions de routes tranquilles sont des grands moments de plaisir, sans pour autant dépasser les limites de vitesses (évidemment). Les enchaînements de virages distillent des sensations de pilotage au-delà de ce que l’on peut connaitre avec d’autres sportives. Alors certes le prix peut être un frein, et à ce niveau, la concurrence existe. Que ce soit du côté de Maranello ou de Stuttgart, le choix est tout de même limité. Acheter une McLaren est en général un acte réfléchi, pas forcément un rêve de jeunesse que l’on réalise. Cela vient probablement de l’histoire de la marque qui produit des voitures de routes depuis moins longtemps. Malgré les qualités, pour moi, largement supérieures aux autres, la 720s manque encore de ce petit plus pour qu’elle rencontre le succès mérité. Et c’est bien là le challenge que McLaren doit relever pour assurer sa position, construire une image plus glamour, susciter le rêve. A la vue des réactions provoquées par le passage de la 720s dans les rues, le défi est déjà en très bonne voie de réussite.
J’ai aimé :
- Comportement exceptionnel du châssis
- Exclusivité
- Atteindre mes limites largement avant celles de la voiture
J’ai moins aimé :
- Manque de caractère sous les 3000 tours
- Confort relatif des sièges sport