Chaque marque a son best-seller ! Sa locomotive, à Ingolstadt c’est la mission de l’Audi A4. Alors au moment de son premier restylage, il s’agit d’être pragmatique : rénover sans révolutionner, et attirer de nouveaux clients tout en conservant les actuels. L’équation n’est donc pas simple à résoudre, force est de constater que les nouveautés ne sautent pas forcément aux yeux, normal elles sont principalement cachées sous le capot.
L’Audi A4 35 TDI en quelques chiffres
- Moteur 4 cylindres Turbo Diesel 163 ch
- Boite automatique à 7 rapports S-Tronic
- Longueur : 4,76 M
- Largeur : 1,84 M
- Conso’ mixte constatée : 5,9 L/100 km
- Tarifs : à partir de 33 600 €
En vidéo – Audi A4 35 TDI
L’Audi S4 TDI en quelques chiffres
- Moteur : 6 cylindres en V Turbo Diesel 347 ch
- Boite automatique à 8 rapports Tiptronic
- Longueur : 4,76 M
- Largeur : 1,84 M
- Conso’ mixte constatée : 8,9 L/100 km
- Tarifs : à partir de 74 500 €
En vidéo – Audi S4 TDI
Des changements esthétiques tout en allusions
Au premier coup d’œil on ne remarque pas grand-chose, mais on a le sentiment d’une auto plus musclée… Rappelons-nous le passé glorieux d’Audi, les fameuses Quattro et leur design qui a marqué l’inconscient collectif. Elles avaient les ailes larges, le regard méchant, à la base du capot une ouïe refroidissait le bouillant moteur. Voilà ce qui saute aux yeux sur l’Audi 4 : les allusions faites à sa glorieuse ancêtre !
Les ailes ne sont pas élargies, mais des nervures apparaissent, ce qui en donne l’illusion. Astuce de designer, la lumière reflétée ainsi modifie l’aspect de la voiture. Au niveau du regard de la voiture, on perçoit plus facilement le changement, la face avant reçoit les plus grosses évolutions. Elargissement de la calandre, nouveaux boucliers, en finition S-Line elle est très proche de la S4.
La signature lumineuse évolue aussi, cela donne des airs de faux-cils, et cela permet surtout de la reconnaître au premier coup d’œil…dans son rétro. L’arrière est également redessiné, avec une ligne chromée entre les feux et un bouclier plus sportif. Au final cette A4 reçoit plus qu’un simple lifting, aucun panneau de carrosserie n’est similaire avec la précédente version, c’est le changement vue par Audi, tout change mais on ne le remarque pas tout de suite.
High Tech très (trop) présent
L’espace intérieur est toujours le même, peu de changements au niveau du mobilier. Les finitions restent parfaites, c’est bien fait mais ça reste pour moi encore trop austère.
L’écran multimédia devient entièrement tactile, avec une bonne précision et une bonne réactivité. Les rangements sont nombreux et bien pensés, notamment l’espace de rechargement du téléphone par induction (en option). Les équipements sont nombreux et de toutes dernières technologies.
Autant l’aspect extérieur nous rappelle le passé de la marque, autant à l’intérieur c’est l’avenir qui s’installe, entre l’écran tactile et le e-cockpit , l’œil est constamment sollicité par la machine. Alertes de franchissement de ligne, freinage prédictif, maintien dans la voie, régulateur adaptatif… À un moment, on se demande qui conduit ?
J’ai eu souvent le sentiment de ne pas être seul dans la voiture, le problème c’est que je n’étais pas forcément en bonne compagnie, imaginez-vous plutôt voyager avec votre moniteur d’auto-école qui vous fait tout le temps des remarques incessantes… Agaçant !
Des moteurs diesel TDI, mais pour quoi faire ?
Désormais chez Audi on se concentre sur … le diesel ! Et cela peut se comprendre quand on regarde les données objectives. Certes l’hybridation constitue peut-être l’avenir automobile (je ne crois pas au 100% électrique, mais c’est un autre débat), et les motorisations au mazout constituent encore près de 80% des ventes pour l’Audi 4.
Si on regarde les chiffres sans céder à l’hystérie écologico-bobo, on remarque que les rejets de C02 sont moindres et que les filtres à particules de dernières générations permettent d’avoir des véhicules plus ‘verts’. Fiscalement, surtout pour les entreprises, c’est toujours la meilleure option, les taxes et autres malus en tous genres restent plus avantageux.
Concernant l’agrément de ses moteurs, Audi a acquis une longue expérience et une maîtrise technologique incomparable, et la marque peut encore capitaliser sur le diesel. A moins d’une révolution fiscale, il reste encore quelques belles années avant le grand remplacement.
Un peu d’hybridation
La grosse nouveauté technologique est sans doute le ‘mild hybrid’, qui comme son nom ne l’indique pas, ne propose pas de motorisation électrique additionnelle. En fait l’hybridation passe par une amélioration de la technologie Stop and Start, une batterie lithium (12 v) permet une coupure du moteur quand celui-ci n’est pas sollicité, même en roulant.
Tous les systèmes embarqués (aides à la conduite, GPS, climatisation…) restent en fonction tandis que le moteur ne consomme plus rien. Sur le papier cela permettrait une économie de carburant d’environ 1 L/100 km. Le démarreur disparaît et est remplacé par un alterno-démarreur qui recharge la batterie supplémentaire au freinage ou à la décélération.
Au volant : des sensations plutôt gommées
La version la plus vendue sera certainement la 35 TDI (à partir de 40 400 € avec ses 163 ch), et je ne vais pas vous mentir, à son volant on ne se prend pas pour un pilote. La voiture accélère de manière linéaire, les courbes sont effacées en douceur, les irrégularités de la route sont avalées, bref c’est une très bonne routière familiale. Mais que reste-t-il du plaisir de conduite ?
Pas grand-chose malheureusement, c’est plutôt la voiture qui vous conduit et qui vous fait passer un moment calme et agréable sur la route. De mon avis pas forcément objectif, il manque du piquant, ce brin de folie qui donne envie de rejoindre son auto le matin pour passer un moment ensemble. Heureusement Audi a pensé à ceux qui recherchent encore quelques moments de frissons sur l’asphalte, ou sur la terre, et l’A4 se décline aussi en version S4 et AllRoad.
L’Audi A4 aime aussi manger de la terre
La version AllRoad se présente comme la baroudeuse de la famille, celle qui n’a pas peur de se salir. Avec sa calandre spécifique, ses bas de caisses signés ‘Quattro’, et sa garde au sol relevée, elle annonce clairement le programme. C’est dans les chemins forestiers qu’elle se sent le mieux, même si en trafic urbain sa position de conduite plus haute lui confère un agrément certain.
Une fois le mode de conduite ‘all-road’ enclenché et la piste trouvée, on peut l’emmener facilement dans la gadoue et les cailloux. C’est pour moi une version idéale pour s’amuser, inutile d’atteindre des vitesses folles, à 20 ou 30 km/h on prend déjà beaucoup de plaisir tant la voiture reste sécurisante. Les descentes, même raides, sont maîtrisées grâce au contrôle de descente.
Il suffit de se présenter dans la pente et tout lâcher (sauf le volant), la voiture gère le freinage, la motricité c’est bluffant. Avec une véritable polyvalence, renforcée par les modes de conduites proposés, cette version sera autant une découverte qu’un coup de cœur, une voiture offrant plaisir et rationalité.
Le cas S4
Il fallait bien aborder le sujet qui fâche… La S4 TDI. Oui ok je vous entends déjà hurler au sacrilège mais encore une fois tous les griefs sont fondés sur des éléments très subjectifs. En étant rationnel il faut bien admettre que la S4 TDI mérite vraiment son titre de sportive, ne me tapez pas immédiatement, je vais m’expliquer.
Côté esthétique, rien à dire tous les éléments clé sont présents, la calandre spécifique (désormais en nid d’abeilles), les grosses jantes, l’allure générale, tout le monde s’accorde à valider le projet. Alors voyons ce qui se passe sous le capot, on y trouve un V6 TDI de 347cv. Équipé d’un mono-turbo, il est assisté d’un système inédit de compresseur électrique. Grâce à une batterie supplémentaire de 48V, la suralimentation est assurée dès les plus bas régimes, le turbo sera actionné soit par le compresseur soit par les gaz d’échappement.
Au final pas d’effet ‘coup de pied’ aux fesses mais des montées en régimes instantanées et une efficacité surprenante malgré le régime faible du moteur, c’est vraiment la seule différence ressentie au volant. Côté bruit moteur là encore les ingénieurs se sont cassés la tête pour restituer des sons dignes de la version essence. Des systèmes d’annulation de vibrations et d’émissions de basses fréquences ont étés développés juste pour le plaisir des oreilles.
Parlons chiffres encore : côté puissance c’est la même que la version essence, le couple est par contre supérieur de 200nm avec 700nm. Le 0 à 100 s’abat à 4,9 sec contre 4,8 sec. Il convient d’admettre que fiscalement elle est beaucoup plus intéressante, grâce aux émissions de Co2 largement inférieures. Alors force est de constater que pour apprécier cette S4 TDI, les derniers points de blocages sont purement psychologiques, il faut admettre la supériorité du mazout face à l’essence, oui je sais ça pique.
Audi enfonce le clou
Avec cette phase 2 de l’Audi A4 (dite B9), c’est bien une nouvelle version qui nous a été présentée. Ses lignes extérieures réaffirmées et son côté vintage induit permettent à Audi de se rappeler à notre bon souvenir et de s’affirmer dans le temps.
L’utilisation intensive du diesel et les nouvelles recherches menées pour encore l’améliorer montrent bien que les vagues d’électrisation massives ne sont pas encore pour demain, même si l’air du temps nous dit l’inverse.
C’est ici une marque pragmatique qui, chiffres à l’appui, tente de repositionner le débat dans son contexte. C’est un pari osé de proposer cette continuité, et d’aller à contre-courant.
J’ai aimé
- Comportement sécurisant
- Habitabilité et confort
- Lignes plus agressives
J’ai moins aimé
- Assistances trop présentes
- Manque de personnalité intérieure