Plus le climat sur terre se réchauffe, plus le moral des passionnés d’automobile a plutôt tendance à se refroidir. La mort de la mobilité thermique est annoncée, l’électrification des voitures devient inéluctable, les aides à la conduite se multiplient, bientôt l’automobile ne sera plus moteur de passion. Voici un tableau, certes sombre, de ce que nous commençons à pressentir, mais tout cela va peut être évoluer grâce à Porsche. L’avenir selon eux n’est pas forcément mono-culture, il se dessine de manière plutôt sereine grâce à une vision plurielle. Le développement du carburant de synthèse E-Fuel va permettre de continuer à faire rouler nos mécaniques à explosions, plutôt dans le secteur sportif au départ mais pourquoi pas, on peut rêver, dans le domaine des voitures du quotidien, surtout si ce sont des Porsche !
E-Mobilty et E-Fuel en vidéo, c’est ici :
Un bilan carbone neutre…
Les usines de productions de Weissach, Zuffenhausen et Leipzig sont ‘carbone neutre’ depuis 2021. On observe également une baisse des émissions de 90% par véhicule produit entre 2014 et 2021. Mais il faut aller encore plus loin, cela a commencé et continuera avec l’électrification progressive de toute la gamme, mais également par le développement d’un carburant de synthèse, l’E-Fuel. Elaboré comme un dérivé de l’ethanol il se compose de trois ingrédients principaux : de l’eau, du CO2 et de l’énergie. Le site de production est installé au Chili, endroit stratégique car il combine énormément d’avantages pour obtenir ces trois composants. Tout d’abord l’eau, elle sera puisée dans la mer toute proche, après déssalinisation puis électrolyse, les atomes d’oxygène et d’hydrogène seront séparés, seul l’hydrogène sera conservé. Passons au C02, rien de plus simple, notre atmosphère en est rempli, l’air que nous respirons en est chargé, il sera capté grâce à des aspirateurs. A cette étape il est intéressant de noter que le bilan carbone devient même négatif, en aspirant le CO2 de l’air ambiant. L’énergie électrique nécessaire à ces transformations provient d’éoliennes particulièrement actives dans cet endroit du monde. Après électrolyse entre le CO2 et l’hydrogène, la production du carburant est faite. Certains diront que la captation de CO2 sera faite au Chili mais les émissions seront lointaines, mauvaise réflexion. Ce gaz n’est pas toxique localement, ce n’est pas un polluant, il se dissipe dans l’atmosphère et agit au niveau terrestre global en provoquant un effet de serre mondial, cause du changement climatique. Encore une fois il est nécessaire d’avoir une logique globale, mondiale.
Des avantages au delà du secteur automobile
Cet E-Fuel est donc un Ethanol de synthèse, un Méthanol, utilisable dans la plupart des moteurs à essence du parc automobile mondial. Il présente l’énorme intérêt d’être adapté à toutes les infrastructures existantes, du transport au stockage, jusqu’à la distribution. Toutes ces étapes produiront du CO2 y compris quand cet E-Fuel sera consommé, mais grâce aux captations initiales de CO2, le bilan final s‘équilibrera pour arriver à la neutralité. Un autre élément est également à prendre en considération dans cette équation, celui de la production mondiale agricole. L’Ethanol est aujourd’hui majoritairement produit grâce aux déchets de l’industrie sucrière (betterave, canne à sucre) mais également par la production spécifique de ces végétaux. A une échelle mondiale, la production de l’E-Fuel ne mettrai pas en danger le fragile équilibre agro-alimentaire. En extrapolant il serait peut être également possible de faire voler des avions en dérivant l’E-Fuel. Le consortium HIF regroupe non seulement Porsche mais également de grands groupes industriels, son ambition est d’arriver à produire 130 000 Litres fin 2023 mais d’étendre cette production pour atteindre 550 millions de litres après extension du site à horizon 2035.
C’est pas pour tout de suite
Le tableau parait magique mais attention, il y a tout de même quelques nuances à apporter. Tout d’abord le prix de vente de ce carburant, si aujourd’hui il revient à 10euros le litre, il devrait avoisiner les 2euros dans quelques années. Le hic c’est que ce prix est sans taxes, soyons lucides, les états se serviront au passage, augmentant significativement le prix. Les doux rêveurs se diront que le malus écologique n’aura plus de sens avec des voitures thermiques utilisant une énergie neutre en carbone… vous y croyez vraiment ?!!!
Sans faire de plans à trop long terme, l’E-Fuel à la station service ce n’est vraiment pas pour tout de suite. Il sera d’abord réservé à la compétition, d’ailleurs le championnat supercup et les voitures engagées en endurance l’utilisent déjà. Dans un deuxième temps les PEC (Porsche Expérience Center) pourront l’utiliser afin d’alimenter les voitures destinées aux différentes expériences de conduite proposées. Enfin les voitures neuves sortant des chaines de montage auront dans le réservoir une dose de E-Fuel pour leurs premiers tours de roues. Si après tout cela il reste des excédents, alors peut être qu’ils seront injectés dans le circuit de vente global.
Expérience Porsche, quelle que soit l’énergie utilisée
Lors de la présentation de la stratégie ‘Neutralité carbone 2030’, nous a également été offert la possibilité de gouter au plaisir Porsche, qu’il soit électrique ou thermique alimenté en E-Fuel. Tout d’abord c’est le désormais familier du Porsche Taycan qui nous a été confié, en version 4s avec ses 571cv. Une occasion de constater une nouvelle fois que de toutes les voitures sportives électriques il est vraiment le meilleur. Sur autoroute ou sur routes sinueuses, il procure un plaisir de conduite digne de son blason. Je vous invite à lire ou relire nos différents articles sur ce sujet. Pour le carburant synthétique, Porsche nous a préparé une belle surprise, sur la piste glacée du circuit de Val Thorens, celle du trophée Andros. Là nous attendaient les derniers jouets de la marque, les Cayman GT4 RS et leurs 500cv, équipés en pneus cloutés et bien évidemment alimentés en E-Fuel. L’expérience fut magique car emmener de telles petits monstres en dérives, apprendre et comprendre quelques astuces de pilotes, c’est un rêve absolu. Ici les performances et la qualité du moteur n’ont jamais souffert de l’utilisation du carburant de synthèse, à tel point que finalement on en oublie ce qu’il y a dans le réservoir, le plaisir est intacte.
Deux solutions complémentaires
En comprenant ce plan de développement, c’est intéressant de constater que l’électrique n’est pas l’ennemi juré du thermique. Ces deux technologies peuvent cohabiter et contribuer à réduire significativement l’impacte écologique de la voiture sur le climat. En considérant 2030 comme un point de départ d’une nouvelle consommation automobile, c’est un monde pluriel qui se dessine. Oui les voitures électriques constitueront l’essentiel du marché, mais la voiture thermique restera un objet de plaisir, qu’elle soit moderne ou ancienne. Enfin une note d’optimisme se dessine pour ceux qui, comme moi, voient toujours dans la voiture une source de passion et de plaisir.