Rien de tel qu’un retour aux sources pour célébrer un anniversaire. Pour souffler ses 70 bougies, Abarth nous a invité à vivre sa vision de la passion automobile : en mode Rallye sur les spéciales du Var avec l’Abarth 124 GT !
Une journée sous le signe du Scorpion qui commence sur le tarmac de l’aéroport de Hyères, sous un ciel pas vraiment coutumier du Var en mai. Mais qu’importe, puisque la voiture qu’on côtoie aujourd’hui dispose d’un toit fixe. Enfin, pas tout à fait… puisqu’il s’agit d’un hard-top, que l’on peut retirer à la belle-saison et ré-installer lorsque le mercure dégringole.
Vous l’aurez sûrement deviné, puisque vous êtes de fins connaisseurs du paysage automobile, nous avons aujourd’hui entre les mains la 124 GT. Notre éminent Cyril l’a d’ailleurs déjà essayé ici sous toutes les coutures dans le centre de France et joué avec ici en Corse. De mon côté, possesseur et fervent amateur de la Mazda MX-5, il me tardait de découvrir sa cousine transalpine.
Premier contact, premier avis. Ses hanches musclées et ses lignes tendues n’évoquent pas vraiment le côté latin que j’aurais aimé retrouver en elle, et l’héritage transalpin que son nom laissait entendre est bel et bien révolu. C’est moins fin et fluide que sa cousine nippone, mais ça abat une autre carte : celle du sport. Avec ses jantes OZ, son couvre-chef en carbone et ses quatre trompettes d’échappement Monza, l’Abarth 124 GT est une vraie petite bombe de rallye adaptée pour la route. Son bleu marine et son toit en carbone rajoutent un petit côté classe à une auto résolument sportive, mais elle assume parfaitement son pedigree de petite bombinette, là où la MX-5 est plus sage et BCBG. Deux ambiances.
En tout cas, sur la route, les gens la regardent. Ce qui rend la bête relativement rare et donc plutôt exclusive. Ses yeux globuleux sertis de LED, ses grandes jantes à bâton et son toit en carbone font tourner les têtes. À moins que ça ne soit le Monza ?
Oui, il y est pour beaucoup celui-là. Grande marque de fabrique depuis la création de la marque, le bruit qui se dégage des fesses d’une Abarth doit être digne de ce nom. Et pour cela, la 124 GT peut compter sur son échappement aux vocalises relativement prononcées pour briller en société. Difficile de passer inaperçu avec un tel vacarme… Mais on s’en fiche, on est à bord d’une italienne (presque) décapotable, on peut se le permettre.
Notre route continue vers l’arrière-pays varois, et nous fait emprunter un peu d’autoroute. L’occasion de vérifier la polyvalence de la 124 GT qui, bien qu’un peu ferme en suspension, reste tout à fait « côtoyable » sur des trajets moyenne-distance avec un confort correct et une bonne consistance de la direction, qui lui assure une tenue de cap rassurante.
L’insonorisation supplémentaire apportée par le hard-top en carbone n’est en revanche pas aussi efficace que je le pensais : on perçoit encore les bruits d’air et turbulences que l’on ressent déjà avec la capote. Le Monza, en revanche, est lui un peu saoulant à la longue à vitesse stabilisée. Ne pouvant être atténué via un bouton magique, il bourdonne et continue à se faire remarquer lorsqu’on ne veut plus vraiment de lui… Heureusement, la sortie d’autoroute approche.
Les rayons de soleil commencent à percer, et je dois avouer être frustré par ce hard-top à l’utilité somme toute discutable. Alors oui, il se retire, mais pour le mettre où une fois que l’on est parti de la maison ? Cette liberté de pouvoir ouvrir et fermer sa capote en trois secondes chrono’ sans avoir à descendre de la voiture est si jouissive que j’ai toujours du mal à comprendre l’intérêt d’un tel ajout, aussi beau soit-il.
Puisque l’on est « coincé » dans ce petit cocon, attardons-nous y quelques instants… Habitué de la MX-5, on retrouve stricto-sensu l’habitacle de la Japonaise, tant par la qualité de l’ergonomie générale ne passant que par quelques boutons et un écran multimédia que par la nécessité d’être quelqu’un d’ordonné et d’essentiel tant les espaces de rangement sont réduits. Nous ne sommes pas au niveau d’une Lotus Elise ou d’une Caterham, mais l’Italienne comme la Japonaise demandent de faire des choix avant de partir avec vos bagages pour une semaine…
Abarth a toutefois donné à sa 124 quelques (petites) spécificités : des fonds de compteurs rouges, un volant spécifique, des sièges Sabelt jolis mais au maintien passable, et un pommeau de vitesse moins rigolo que la boule de la Mazda mais à mon sens un peu plus agréable en main. Allez, les routes autour de Collobrières se profilent, jouons un peu…
Sous le capot, l’Abarth n’a pas eu droit à une cure de Jouvence mécanique… Elle dispose toujours du bloc 1.4 de 170 ch pourvu d’une assistance respiratoire. Un moteur qui sied bien à l’auto et qui offre des relances, turbo oblige, plus énergiques que la Japonaise. En soi, ce comportement-moteur différent me convainc sur les routes extrêmement sinueuses du rallye du Var, où les épingles s’enchainent et les virages à l’aveugle imposent de nombreux freinages et des ré-accélérations très brèves. On reste finalement constamment sur les trois premiers rapports, et le surcroit de couple à bas-régime permet de relancer sans avoir à rester perché sur le haut du compte-tours.
Néanmoins, le bloc MultiAir souffre du turbo lag, cette latence entre l’instant où l’on met « plein gaz » dans la pédale et le moment où l’on sent la suralimentation se déclencher. Un manque de connexion entre le pied et la mécanique qui gène lorsqu’on est habitué à l’agrément et au répondant du bloc SkyActiv-G de Mazda. On s’habitue donc à rester dans le cœur du compte-tours, entre 3000 et 5000 tr./min., sans forcément chercher à aller grattouiller la zone rouge puisque les chevaux s’effaceront avant. Frustrant, je dois l’avouer.
Est-ce le moteur qu’il faut pour un petit coupé résolument sportif deux places ? Pas vraiment. Il manque de charme, mais aussi et surtout de puissance et de performance pour tendre avec le caractère venimeux du Scorpion que nous avons entre les mains. Avec ses suspensions Bilstein et ses réglages de châssis spécifiques vraiment axés performance, l’Abarth surclasse une MX-5 184 ch équipée du Pack Sport en rigueur de conduite et en comportement général dès qu’on hausse le ton, c’est dire à quel point plus de chevaux seraient les bienvenus pour accroître le fun à son volant.
Surtout que la 124 jouit de tout ce qui fait la renommée du duo italo-japonais : boite de vitesse bien guidée et rapports courts ? Check. Position de conduite idéale ? Check. Répartition des masses au top et moins de 1100 kg ? Check. À cela s’ajoute des freins Brembo bien plus performants que ceux de la MX-5 et un échappement caricatural qu’on apprécie de nouveau en conduite sportive avec ses pétarades à chaque lâcher de gaz et ses vocalises rauques dès qu’on accélère. Le tableau serait réellement proche de la perfection si FCA avait dans ses cartons un moteur essence de 220/230 ch pour son roadster. Une Abarth 124 Competizione ? Rêvons un peu…
En s’imaginant le cocktail explosif que cela pourrait donner, on enchaine à belle allure et en prenant confiance les routes autour de Gonfaron, haut-lieu du sport auto’ dans le Var. La 124 GT saute de virage en virage et nous met dans un certain climat de confiance. Reprenant la philosophie « light is right », c’est une auto vivante et rigolote, une parfaite première voiture à avoir dans le monde des vraies sportives puisque saine et performante sans être trop exigeante. On peut même imaginer tourner sur piste avec sans avoir à la préparer plus qu’elle ne l’est déjà par le constructeur italien. Pouilly-en-Auxois, La Ferté-Gaucher, Les Écuyers, Dreux ou encore le Driving Center du Castellet, autant de petits tracés sinueux qui iront parfaitement à l’Abarth.
N’ayant pas de circuit sous la main, Abarth nous a toutefois réservé une surprise…
Arrivé en-haut du Col de Fourche, fermé à la circulation pour l’occasion, nous avons eu la chance de toucher du doigt le quotidien d’un pilote de rallye aux côtés de Nicolas Ciamin ; 20 ans et déjà quelques belles victoires à son actif au volant du monstre qui se dresse devant nous : l’Abarth 124 R-GT, la déclinaison totalement débridée et décomplexée de notre auto de la journée.
Abarth vend (110 000 €) depuis deux ans une version rallye de sa 124 GT, qui n’a à vrai dire plus grand chose à voir avec la version de série. Une fois la base même de l’auto et ses petits feux retirés, tout le reste est inédit, dont le moteur d’Alfa Romeo 4C poussé à 300 ch qu’elle embarque sur les seules roues arrière, et une boite séquentielle qui passe les rapports à la vitesse d’une rafale d’AK-47.
Un tel outil entre les mains d’un tel talent donne forcément quelque chose d’assez spectaculaire. Prenez la plus grosse montagne-russe que vous ayez faites et multipliez les sensations par six. Un manège en cinq dimensions où l’on donne à son pilote d’un jour une confiance aveugle lorsqu’on aperçoit des ravins sans glissières derrière les vitres en plexi’.
Vue la facilité déconcertante avec laquelle il tire le frein à main en épingle et emprunte des trajectoires que je n’ose même pas prendre sur un jeu de PS4, on comprend vite que l’on a juste à savourer l’instant et à apprécier le comportement exceptionnel de cette voiture de course. Son architecture particulière (pure propulsion) lui permet d’être très mobile et d’être placée plus précisément que n’importe quelle autre auto de sa catégorie. N’ayant ni le niveau de conduite, ni le niveau d’expertise pour espérer exploiter cette 124 de rallye, les dix minutes passées à droite d’un vrai pilote pro’ ont suffi à me démontrer le potentiel de performance de cette machine.
Enfin, un petit baptême plein de charme en Abarth 131 paracheva cette belle journée placée sous le signe de la passion automobile. Pour ses 70 ans, Abarth est plus que jamais fidèle à la vision originelle de son créateur autrichien : faire des voitures performantes, attachantes et utilisables au quotidien, sans jamais oublier les sports mécaniques, son véritable laboratoire pour le monde de l’automobile.