Vous êtes plutôt ancienne ou moderne ? Voilà une question qui revient souvent dans les débats entre passionnés. Alors pour faire ce choix j’ai eu le privilège d’intégrer la caravane du célèbre rallye, le Tour Auto 2024. Au programme une première journée en Bmw 2002 Turbo de 1975 suivi d’une deuxième journée en Bmw M2 de 2024. Deux voiture de la marque, deux sportives qui chacune revendique son caractère sportif. Seulement voilà, 50 ans les séparent, alors cette expérience saura t’elle faire la preuve que le plaisir n’a pas d’âge ?
Etape 1, Limoge – Carcassonne en 2002 Turbo
Je l’avoue, c’est plein d’enthousiasme que j’ai pris place à bord de cette légende. En son temps la 2002 a défrayé la chronique, ressituons la dans le contexte de sa sortie. Nous sommes en 1973, le monde vient de connaître son premier choc pétrolier, la France scande ‘on n’a pas de pétrole, mais on a des idées’, partout c’est la crise. C’est précisément là que le constructeur bavarois a mis sur le marché celle qui sera la première voiture de série à proposer un turbo, une sportive débridée de 170 ch pour 1080 kg. Inutile de préciser que ça à fait tâche. Pour preuve, les magnifiques stickers aux couleurs Motorsport (dont le 2002 TURBO à l’envers) était fourni… dans le coffre ! Au propriétaire d’assumer de conduire cette bombinette. Revenons à notre périple, tout d’abord il faut ouvrir la portière, avec une vraie clé, puis ouvrir le capot et ensuite désactiver le coupe circuit. Installation à bord, les sièges sont d’un confort tout à fait relatif, sans aucun maintien latéral. Gentleman Start your engine… il faut s’y reprendre à deux fois, le petit 4 cyl turbo s’ébroue dans une sonorité fabuleuse, on y est, back to the seventies.
Equipée d’une boite 5 optionnelle la 2002 est assez simple à conduire, à l’exception de sa direction non assistée, très lourde à l’arrêt. Il faut obligatoirement avancer pour tourner les petites roues de 13 pouces. Les vitesses passent admirablement bien, la position de conduite derrière le grand volant est plutôt droite mais on s’y sent bien. L’étape commence par un bout d’autoroute, bonne surprise, à 130 la voiture tire droit, elle freine correctement et seul le bruit ambiant nous indique la vitesse atteinte. L’odeur d’essence est permanente, le charme des anciennes. A bord de ce type d’auto il faut être aux aguets, surveiller la température, les bruits, les odeurs, on vit avec la voiture et cela me plaît bien. La 2002 Turbo n’est absolument pas aseptisée, elle vit ! S’en suivront des petites routes merveilleuses, ponctuées de villages où les habitants nous saluent, nous applaudissant, l’ambiance est chaleureuse, la Bmw est une starlette. Au milieu des convois de voitures anciennes du Tour Auto, la nôtre se fond dans la troupe. Précédée d’une Porsche 910, suivie d’une Maserati 200SI, elle tient le rythme sans sourciller, un pur bonheur. Au bout de 540 kms et deux spéciales, c’est un peu fourbu que nous arrivons, avec le sentiment d’avoir vécu une journée exceptionnelle, sans nul doute, cela restera un souvenir automobile extraordinaire.
Etape 2, Carcassonne – Pau en M2
Pour être complètement honnête, ce n’est pas sans plaisir que j’ai retrouvé un habitacle moderne et confortable, en l’occurence une Bmw M2 flambant neuve. Avec ses 460 ch en pure propulsion, elle est naturellement désignée comme l’héritière de la 2002. L’objectivité journalistique nous imposera de désactiver d’emblée toutes les aides à la conduite et autres alertes intempestives, bien évidemment pour être sur un pied d’égalité avec la petite Turbo. Pour cette journée nous intégrons le convoi des ouvreuses. Départ à l’aube, avant tous les concurrents, nous avons 3 heures pour rejoindre la première spéciale. Evidemment le confort est digne de Bmw mais la sportivité n’est pas en reste. La M2 est joueuse sans jamais être piégeuse. Précision importante, elle dispose d’une boîte manuelle à 6 rapports (objectivité journalistique). De ce fait les montées en régime sont controlées… par le pilote, et les vitesses atteintes au abord de la zone rouge frisent la correctionnelle, aucun autre détails ne sera stipulé ici. Sur route fermée en spéciale, la voiture est redoutable, elle passe fort, très fort, même sur chaussée dégradée. En conduite sportive, il faut aller chercher la puissance haut dans les tours, le moteur y exprimera toute sa hargne. Petit bémol sur le levier de vitesse en conduite sport, il manque un peu de précision. Le temps de refroidir un peu la mécanique ce sont les concurrents qui arrivent de la spéciale.
Quel cortège de folie, un propriétaire de Bugatti 57s de 1936 emmène son bijou comme en course, c’est incroyable. Plus tard après quelques lacets mémorables dans la montagne ariégeoise, il est temps de se poser un peu. Là encore le spectacle des voitures qui passent est fabuleux. Ferrari 250 GT SWB, Mercedes 300SL, Jaguar Type Lightweihgt, il y a 230 voitures d’exception engagées. S’en suit le passage sur le circuit de Nogaro, la M2 démontre sa polyvalence et nous prouve ses qualités extraordinaires sur circuit. Décidément cette Bmw est pleine de ressources, et c’est fatigués mais heureux que nous réintégrons le parc fermé de Pau.
Alors, ancienne ou moderne ?
Vous pensiez vraiment que le choix était possible ? A l’évidence ce sont deux voitures extraordinaires, chacune exceptionnelle dans son époque. Conduire la 2002 Turbo c’est revenir à l’essence même de la passion automobile, on vit la mécanique, on fait corps avec la voiture. La M2 repousse les limites, celles de la sportivité, celles de l’efficacité et celles de la polyvalence. Toutes deux sont incroyablement désirables, et surtout quasiment au même prix, aux alentours de 100 000 €, à un petit détail près, la 2002 n’a pas 60 000 € de malus, alors pour être franc, sur ce coup là, je serais plutôt partisan du « c’était mieux avant ».