Il y a quelques jours, j’ai été invité à l’usine Renault de Flins pour célébrer comme il se doit l’anniversaire de l’un des modèles les plus emblématiques de la marque au losange : la Renault 5. Au programme, visite d’une exposition dédiée à la petite citadine, et parcours dans le Vexin au volant d’une Renault 5 GTL ainsi que d’une version Retrofit.
L’histoire de la Renault 5
La conception de la Renault 5 date de la fin des années 1960, mais il faudra attendre 1972 pour voir arriver les premiers exemplaires en concessions. À cette époque, on assiste à l’émergence des classes moyennes, et la jeunesse aspire à davantage de liberté. La cible de la Renault 5 est toute trouvée. À ses débuts, elle n’est proposée qu’en version trois portes, mais Renault va construire une véritable gamme autour de ce modèle afin de pouvoir satisfaire les besoins de tous les clients. Elle a connu un succès colossal, avec plus de 5,5 millions d’unités produites en vingt ans de carrière. La Renault 5 s’est également taillé une réputation en sport mécanique, notamment en rallye avec la mythique Maxi Turbo de 350 chevaux qui a remporté le Tour de Corse.
Retour dans le passé au travers de l’exposition
Première étape de la journée, j’ai eu droit à une visite guidée de l’exposition dédiée à la R5, au sein de l’usine Renault de Flins. 18 modèles prennent fièrement la pose, prêts à raconter leur histoire. Versions civiles, utilitaires et sportives se côtoient pour notre plus grand plaisir. J’ai ainsi pu admirer quelques raretés, comme la Renault 5 Le Car Van, une variante recarrossée par Heuliez en clin d’œil à la version vendue aux États-Unis. Cette dernière se passe de places arrière, au profit d’un grand coffre entièrement capitonné et doté de hublots. Dans un coin du hall se trouve également une splendide Supercinq Baccara de 1990, dans un état rigoureusement neuf, rappelant que la petite citadine au losange pouvait se montrer très luxueuse. Sans oublier la légendaire Renault 5 Turbo, la fameuse bombinette rouge équipée d’un moteur central arrière de 160 chevaux.
En bonus, un dernier modèle se trouvait sous une housse, au centre du hall. À la fin de la visite, l’équipe de Renault Classic l’a débâché, et nous a révélé la Renault 5 Diamant, un concept car électrique qui avait été présenté à la presse quelques jours plus tôt, à Paris.
Le département Renault Classic
Chacune des voitures exposées ont été maintenues en état par les équipes de Renault Classic. Ou plutôt par l’équipe, puisque ce département ne compte que 9 personnes. Ces dernières sont chargées de la conservation d’une collection de plus de 800 véhicules de la marque au losange, de la R5 à la Formule 1. Toutes peuvent être conduites, et sont stockées au sein de l’usine de Flins.
L’exposition étant fermée au public, l’équipe souhaite participer à un maximum d’événements pour se donner de la visibilité. Sans oublier que les voitures peuvent être prêtées, soit pour des reportages soit pour des tournages de films. Cela représente plus ou moins 100 prêts chaque année.
La Renault 5 en action
Après l’avoir admiré sous toutes ses coutures, il est temps d’emmener cette noble dame sur la route. Renault m’a confié les clés d’une R5 GTL, la version la plus vendue parmi toutes les Renault 5. Rien que ça! C’est donc parti pour un trajet d’environ 1H30 sur les belles routes du Vexin, sous un temps de rêve. La prise en main prend bien quelques minutes, la R5 n’a rien à voir avec les voitures que l’on connaît aujourd’hui. Mais finalement, j’adopte rapidement les automatismes et le charme opère. La boîte manuelle est étonnante de souplesse, le long levier est bien guidé contrairement à ce que j’aurais pu penser. Je me surprends même à rouler coude à la portière, comme si j’avais l’habitude de la conduire.
Bien évidemment, il faut adapter sa conduite, en anticipant un peu plus les freinages par exemple. La direction est un peu floue, mais la R5 a cinquante ans après tout. Et ça participe à son charme. Du roulis apparaît aussi dans les virages, mais c’est la contrepartie d’une suspension souple très agréable. Alors que la fin du trajet approchait, je me suis même dit que j’en achèterais bien une. En tout cas, une chose est sûre, je n’aurais pas dit non à quelques kilomètres supplémentaires. Mais pas de panique, un deuxième itinéraire est prévu l’après-midi.
Retour à l’usine au volant d’une R5 Retrofit
La deuxième partie de la journée est consacrée à l’essai d’une R5 un peu particulière. En effet, celle qui va me ramener à l’usine de Flins est une version retrofit, soit une version 100% électrique. Aucune différence n’est visible vue de l’extérieur, mis à part le bouchon de réservoir qui est remplacé par l’emplacement de la prise de recharge. Même chose pour l’habitacle, seul un petit indicateur d’autonomie fait son apparition sous les compteurs.
C’est donc parti pour environ 1H de route à son volant, et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est déroutant. Car à l’inverse d’une voiture électrique conventionnelle, cette R5 retrofit a conservé sa boîte de vitesses. Elle se conduit donc plus ou moins comme une voiture thermique, à ceci près qu’il faut gérer la pédale d’embrayage différemment. Il ne faut surtout pas chercher de point de patinage sous peine d’endommager l’embrayage. Une fois cela assimilé, il n’y a plus qu’à rouler sans brûler une goutte de carburant. Petit détail amusant, la voiture n’est pas totalement silencieuse : elle émet un son qui rappelle justement les petits moteurs à essence de l’époque, en moins bruyant tout de même.
L’ensemble est plaisant à emmener, et n’enlève rien au charme d’une Renault 5 traditionnelle. La conduite est souple, et les traits de caractère de la version thermique sont toujours visibles. La direction est un peu floue, les suspensions souples, et les relances donnent le sourire.
La Renault 5 Retrofit en détail
C’est au Méhari Club Cassis que l’on doit cette R5 Retrofit. Leur équipe s’était déjà occupée d’électrifier des Citroën 2CV, des Renault 4L, la dernière en date étant cette R5. Celles qui étaient présentes lors de la journée essai étaient en réalité des modèles de présentation, qui ont servi de navette à Roland-Garros il y a quelques semaines. La R5 Retrofit n’est donc pas encore disponible à la vente, mais on connaît déjà une bonne partie de sa fiche technique.
Du côté de la mécanique, on retrouve un moteur électrique de 22 kW en lieu et place de l’ancien bloc thermique. La puissance est sensiblement la même que sur les versions classiques, en revanche le couple est quasiment deux fois plus élevé. La boîte de vitesses est toujours de la partie. Les batteries sont installées dans le coffre, réduisant son volume de chargement de plus de la moitié. Pour le reste, le Méhari Club Cassis a fait le choix d’utiliser au maximum les pièces de la Renault 5 de base, afin de rationaliser les coûts de production.
Pour l’heure, et n’ayant pas encore été testée officiellement, l’autonomie en cycle WLTP est estimée à environ 80 km. Ce n’est qu’une estimation, mais on ne doit pas être loin de la réalité au vu de l’autonomie de la 4L Retrofit. Côté tarifs, le Méhari Club Cassis compte vendre le kit entre 8000 et 8500€. À cela il faudra ajouter le prix de la R5 que le client souhaitera rétrofiter.
Retour à l’usine et débriefing de la journée
C’est l’heure de rendre les clés, et de faire le bilan. C’était extraordinaire de pouvoir se replonger à ce point dans l’histoire de la Renault 5, et d’avoir eu la chance d’en conduire non pas une, mais deux. La version électrique propose sa dose d’originalité sans pour autant dénaturer l’originale. Elle a ce petit côté ludique en plus. Si son autonomie de 80 km peut sembler limitée, elle pourrait tout de même convenir à un usage urbain. Elle pourrait également servir de voiture secondaire, pour partir en balade le dimanche ou pour aller à la plage.
La Renault 5 thermique, en revanche, m’a véritablement bluffé. C’est un vrai régal de se trouver à son volant. Je m’en étais fait une idée, qu’elle s’est empressé de balayer dès les premiers kilomètres. L’autoroute n’est certainement pas son terrain de jeu favori, mais emmenez-la sur de belles routes de campagne et elle vous le rendra bien.