Dans les années 1930, les plus grandes puissances mondiales se lançaient dans l’exploration des derniers recoins inconnus de notre planète. En s’attaquant à l’Antarctique, les Etats-Unis se sont rendu compte qu’il allait leur falloir un sacré engin pour réussir à parcourir les grandes plaines gelées du pôle Sud, un engin capable de résister à des températures extrêmement basses et d’embarquer personnel et matériel. Pas de problème, les Américains ont fait ce qu’ils savent faire de mieux : un véhicule gigantesque, baptisé le Snow Cruiser.
Un engin hors norme pour une mission hors norme
Le Snow Cruiser a été imaginé par Thomas Poulter, un homme qui avait déjà pris part à une expédition au pôle Sud. Autant dire qu’il savait ce qui l’attendait pour la suivante. C’est pourquoi il a mis au point un véhicule capable de se déplacer sur des terrains inhospitaliers, et ce peu importe la météo. La production du Snow Cruiser a donc été lancée le 8 Août 1939, et a duré presque quatre mois. Le 24 Octobre de la même année, le véhicule sort de l’usine de Chicago. Et quel véhicule ! On parle ici d’un mastodonte de 34 tonnes, long de 17 mètres et large de 6 mètres ! Le Sow Cruiser était monté sur des pneus GoodYear de 120 pouces, complètement lisses pour éviter à la neige de s’accumuler dans les sillons. Il était équipé d’un ensemble hybride, composé de deux moteurs diesel, d’origine Cummins, et de quatre moteurs électriques, eux-mêmes assistés par deux générateurs. L’engin avait été pensé pour pouvoir embarquer environ 13 000 litres de carburant, de quoi tenir un an sur place selon les estimations de Thomas Poulter.
Des débuts compliqués…
Une fois sorti de l’usine de Chicago, fin 1939 donc, le Snow Cruiser doit déjà relever son premier défi : rejoindre Boston, pour être embarqué sur un navire qui ralliera directement l’Antarctique. Un jeu d’enfant, surtout pour un engin de cette trempe ! Et pourtant, c’est lors de ce premier périple que les ennuis ont commencé, lorsque le véhicule subit une rupture de la direction… sur un pont, duquel il tombe. Il reste d’ailleurs bloqué dans le ruisseau durant trois jours, avant d’être libéré. Le reste du parcours se déroule sans ennuis particulier, et il peut rejoindre l’Antarctique par la mer. Une fois sur place, ce n’est pas la joie non plus. L’équipe expéditionnaire se rend vite compte que les pneus lisses ne sont pas la même idée que Poulter ait eue, à tel point que le Snow Cruiser se déplace plus facilement en marche arrière.
…malgré plein de bonne volonté
Malgré les quelques déboires de début de carrière, le Snow Cruiser a plus d’un tour dans son sac. Même s’il n’est pas aussi bien qu’escompté, il dispose de quelques éléments techniques bien utiles, qui servent à la fois à le sortir de situations délicates, mais aussi à améliorer le quotidien des explorateurs. L’engin peut rétracter ses roues, une technique qui a été éprouvée dès son arrivée sur la banquise. Lors de son débarquement, ses énormes porte-à-faux l’ont fait s’échouer, à moitié sur le bateau. Il lui a alors suffit de rentrer ses roues avant, et de passer toute la puissance à l’essieu arrière, pour ensuite se laisser pousser paresseusement. Cette même méthode lui servait également à franchir les crevasses ! Toujours concernant les roues, les gaz d’échappement étaient évacués sous les ailes, pour éviter que le froid extrême n’endommage les pneus. Côté confort, Poulter avait pensé à tout en faisant en sorte que le liquide de refroidissement du moteur circule également autour de la cabine, en plus du système de chauffage standard. Ainsi, les membres de l’expédition ont affirmé que jamais ils n’ont eu à se plaindre du froid à l’intérieur du Snow Cruiser.
Une triste fin de carrière
Pour des raisons assez floues, le Snow Cruiser est abandonné sur la banquise dans les années 1940, l’équipe retournant aux Etats-Unis. Il tombe ensuite dans l’oubli jusqu’en 1958, quand une nouvelle expédition remet par hasard la main dessus, alors qu’il est enfoui sous 7 mètres de neige. L’équipe effectue des prélèvements de neige et de glace, et constate que l’intérieur est exactement dans le même état que lorsqu’il a été abandonné quelques années plus tôt. Des magazines et des cigarettes jonchent le sol, tout est resté tel quel. Il est une nouvelle fois laissé sur place, et n’a jamais été retrouvé. Certains pensent qu’il se trouve toujours en Antarctique, pris dans la glace sous d’épaisses couches de neige. D’autres pensent qu’il aurait pu couler, et qu’il serait au fond de l’océan Austral. Comme toujours dans ce genre de situations, certaines rumeurs naissent. L’une d’entre elle voudrait qu’il ait été volé par l’Union Soviétique durant la Guerre Froide. Personne ne le saura jamais jusqu’à ce qu’il refasse surface un jour… Quoiqu’il en soit, il s’agirait de vite le retrouver : il aurait tout à fait sa place au casting de Fast & Furious 10 !