Souvent cantonnés à aller chercher les enfants à l’école et à accueillir les courses dans le coffre, les SUV mènent aujourd’hui une vie bien rangée loin de la vision originelle du segment : être un véhicule taillé pour partir à l’aventure et découvrir les grands espaces.
Nous, chez Cars Passion, on a ainsi décidé de remettre dans son habitat naturel l’un d’entre eux : le Seat Tarraco. Entre le Pays Basque français et le désert des Bardenas Reales en Espagne, nous vous emmenons dans un road-trip dépaysant à l’essai du dernier SUV familial de Seat.
En vidéo – Road-trip en Seat Tarraco
Essai – Seat Tarraco
Après deux années commercialement réussies pour Seat grâce à la nouvelle Ibiza, mais aussi et surtout suite à l’arrivée des deux SUV Ateca et Arona, le Tarraco vient combler une nouvelle case encore inoccupée par le constructeur : celle des grands SUV familiaux (7 places), sur lequel le groupe VAG est déjà présent via le Skoda Kodiaq, mais aussi et surtout le VW Tiguan Allspace, avec qui d’ailleurs le Tarraco partage sa ligne de fabrication de Wolfsburg.
Look : le monospace du XXIe siècle
L’Alhambra ayant quitté la gamme du constructeur, notre nouveau-venu joue alors le rôle d’ami des familles. Après vingt ans de règne, des millions de biberons renversés et autant de poussettes pliées, les monospaces et leur look de camionnettes civilisées tirent tour à tour leur révérence pour laisser place à ces grands SUV.
Le Tarraco est une Seat, et ça se voit. Avec ses lignes tendues et sa signature lumineuse soignée, elle entretient la filiation avec le reste de la gamme du constructeur ibérique, tout en inaugurant de nouveaux éléments de style (comme la calandre) que l’on retrouvera sur les prochains modèles, à commencer par la Leon.
Long de 4,74 m, il est relativement massif et imposant, affirmant tout de suite ses gènes de SUV dédié aux familles et sa capacité à affronter plus que de l’autoroute. Ses sabots en plastique et sa garde au sol généreuse nous permettent même de penser qu’il sera à son aise une fois arrivé sur des chemins plus escarpés.
Seat a donné à son SUV un dessin séduisant et plutôt premium, avec des teintes très réussies comme notre gris/vert kaki, un joli catalogue de jantes et des éléments chromés qui haussent le standing du modèle. Le Tarraco est le nouveau porte-étendard de la marque, une vitrine du savoir-faire des équipes de design de la maison.
Ses feux avant et sa calandre l’inscrivent dans l’identité visuelle de Seat, alors que l’arrière, pouvant faire penser au dernier VW Touareg, inaugure quant à lui l’arrivée d’un bandeau reliant les deux feux. Les dimensions sont homogènes, l’ensemble est cossu et agréable à regarder ; ni trop clivant, ni trop ennuyant, c’est une réussite.
À bord : un réel bon en avant
Être l’une des marques du groupe VAG, ça a quand même beaucoup d’avantages. À commencer par la possibilité d’hériter quelques mois après de toutes les innovations technologies lancées par les marques plus huppées sur des modèles plus premiums. Bref, le Tarraco est bien né : sa planche de bord est un exemple d’ergonomie, sa dotation est remarquable, et la qualité de son habitacle est une réussite.
Parmi ces innovations provenant directement d’Audi et de VW, le Digital Cockpit (Virtual Cockpit chez les cousins), qui offre au SUV l’instrumentation numérique et personnalisable la mieux fichue du marché, ou encore un écran tactile de taille généreuse mais aimant particulièrement les traces de doigt.
Résultat, très peu de boutons, ou alors seulement pour des usages pour lesquels on ne veut pas qu’ils disparaissent : les commandes de clim’ et les fonctions liées à la conduite. Étant pourtant friand de nouvelles-technologies, l’intérieur d’une Tesla Model 3 ne me fait rien, voyez-vous. J’aime encore avoir des boutons physiques avec un *vrai* retour physique pour pas mal de commandes.
L’ergonomie est bien pensée, toutes les commandes tombent facilement sous la main, et un client de VW/Audi ne sera à vrai dire pas perdu dans cet environnement qui sent bon la firme de Wolfsburg. Côté ambiance à bord, le sérieux est de rigueur : avec une palette de couleur embarquée qui vous enseigne le Pantone des nuances de gris, on est bien dans le groupe VAG. Ça a du bon en soi… Les matériaux sont de bonne facture, avec même des petits inserts de bois sur la console centrale et de tissus sur les contreforts de porte, et les assemblages sont dans l’ensemble de qualité.
L’ami des familles
Avec plus de 4,70 m à la toise, le Tarraco fait partie des grands SUV, ce qui lui offre une habitabilité de premier choix pour les familles. Cinq vraies places, et même sept (dont deux d’appoint), des rangements partout et un coffre énorme, le Seat a le sens de l’accueil.
Tablettes aviation, sièges moelleux et confortables, grandes surfaces vitrées, toit-ouvrant panoramique : on se sent bien dans le Tarraco. Il incarne ainsi la vision originelle de la voiture familiale, accueillante et ouverte sur l’extérieur. Inondé de lumière, son habitacle est une invitation à enchainer les kilomètres.
Surtout que côté équipements, il est loin d’être en reste : HiFi Beats d’excellente facture, chargement des smartphones par induction, sièges chauffants à l’avant et à l’arrière, toit-ouvrant panoramique, multiples aides à la conduite, tout est fait pour que le voyage se fasse en classe-affaire.
Et pour ranger tout l’arsenal des occupants, il peut se targuer d’offrir un coffre parmi les meilleurs du marché avec une ouverture automatique en mettant le pied sous la voiture. Grâce à une banquette coulissante sur 18 cm et rabattable en 2/3-1/3, le Tarraco peut moduler son espace en fonction de ce que l’on souhaite : plus de stockage, ou plus d’espace aux jambes. Résultat : le coffre varie de 270 L en version sept places, à 760 L en version cinq places, et même 1775 L en deux places, un vrai déménageur !
Sur la route : la force tranquille
À part quand on s’appelle Audi RS6 ou Ateca Cupra, on peut rarement mêler « voiture familiale » à « voiture de sport » de façon logique. Seat, depuis l’avènement de sa marque sportive Cupra, rationalise sa gamme et ses autos, et le Tarraco en est l’illustration la plus parfaite.
Taillée pour plaire au plus grand nombre et toucher un maximum de public, le constructeur n’a pas cherché à faire de son SUV le plus dynamique ou le plus pétillant sur la route. Côté moteurs, il va puiser dans la banque d’organes du groupe avec des propositions simples mais efficaces : deux essence et deux diesel (150 ch et 190 ch). Il faut savoir qu’un intéressant moteur hybride-rechargeable de 210 ch avec 50 km d’autonomie fera quant à lui son apparition courant 2020.
Pour mouvoir la bête d’1,8 tonnes sans avoir à jouer de la boite de vitesse à chaque dépassement ou montée, le 190 ch (qu’il soit diesel ou essence) m’a tout de même semblé être le plus adapté au Tarraco. Le combo idéal se trouve alors être à mon sens le 2.0 TSI 190 ch avec la boite DSG7 et le système à quatre roues motrices, performant et relativement sobre si on ne le malmène pas trop (env. 8,0 L / 100 km).
Même si pourvu d’un sélecteur de modes de conduite, n’espérez pas tirer quoique ce soit du mode sport anecdotique et marketing plus que réellement utile. L’ibérique n’a pas le dynamisme du Peugeot 5008, son châssis n’est pas aussi affuté, sa direction est relativement lourde, et sa motorisation la plus puissante rechigne à proposer des relances vraiment impressionnantes.
Le Tarraco propose toutefois le haut-niveau de confort que l’on est en droit d’attendre de son positionnement de voiture idéale des familles. Son insonorisation est soignée, les passages de vitesse sont bien lissés par la boite automatique à double embrayage DSG, et la caisse est idéalement maintenue grâce à un bon travail sur les suspensions. Le confort est lui de premier ordre, avec un bon filtrage des aspérités sans que la voiture ne vienne à prendre trop de roulis.
Sur voie rapide, il est alors dans son élément. Régulateur de vitesse adaptatif lancé, aide active au maintien dans la voie activée et conduite autonomie dans les bouchons enclenchée, il est reposant et l’on oublie les kilomètres que l’on parcourt à son bord, que ce soit derrière le volant ou en passager. Silence et douceur de fonctionnement, une vraie routière.
En-dehors de la route : des gènes d’explorateur
Une fois sorti des sentiers battus, le Tarraco abat sa carte maitresse face au Peugeot 5008 : ses quatre roues motrices. Face à un Français pourvu uniquement d’un contrôle avancé de la motricité (Grip Control), l’Espagnol peut adopter en option comme ses partenaires du groupe la transmission intégrale (4Motion, Quattro, 4Drive, etc.). À cette transmission intégrale s’ajoute deux modes de conduite supplémentaires en tout-terrain : sable et neige.
Sans aller aussi loin dans notre approche du terrain qu’avec les cousins SUV Skoda, nous avons néanmoins pu attester du bon comportement du Tarraco sur les chemins escarpés et accidentés du sublime désert des Bardenas Reales.
Les quatre roues motrices apportent un vrai plus en terme de sécurité. Chaussé de Pirelli Scorpion, la transmission intégrale a parfaitement géré la motricité difficile sur des chemins instables recouverts de gros cailloux. Dès que l’arrière venait à se dérober, les différentes aides à la conduite sont venues corriger le tir et ré-axer la voiture.
Le Tarraco ne se targue pas d’être un franchisseur, il n’en a de toute façon pas les proportions et dispositions (garde au sol limitée, angles de chasse et de fuite réduits, pas de protection des sous-bassements), mais il peut se vanter d’être à l’aise sur tous les types de surface et de nous emmener sur du sable, dans de la boue et dans les stations de ski sans trop de difficulté.
Bilan : bien né
Grâce à son appartenance au groupe VAG, le Seat Tarraco intègre les technologies et moteurs éprouvés sur des modèles plus premiums à un tarif plus abordable puisque débutant à 32 890 € et culminant à 50 000 €, une fourchette globalement semblable à celle de son cousin Skoda Kodiaq et très proche du leader : le Peugeot 5008. Le VW Tiguan propose quant à lui quelque chose d’encore plus cossu à bord et des motorisations plus puissantes, mais reste très proche sur une version cœur de gamme.
Le nouveau porte-drapeau de Seat coche toutes les cases pour continuer le joli succès de la gamme de SUV du constructeur espagnol. Look soigné, ambiance à bord accueillante, belle habitabilité, technologie embarquée, haut-niveau de confort et polyvalence sur la route, il répond à tout ce dont une famille peut attendre du véhicule idéal. Avec ces prestations, il incarne le monospace du XXIe siècle, haut-sur-pattes et taillé pour s’aventurer sur tous les terrains, une franche réussite.