Une pomme croquée sur un téléphone, quatre anneaux sur un capot, deux initiales sur un sac à main, une sirène sur un café ou encore une virgule sur un short. Un logo seul suffit-il à faire dépenser plus ?
Bon, on connaît déjà tous la réponse à cette question puisqu’on accepte au quotidien de payer plus pour s’offrir la qualité, la renommée et/ou la symbolique de marques iconiques. Audi est l’une d’elles. L’un de ces constructeurs qui véhicule une image, quitte à en devenir même un marqueur social.
Pour rendre ce rêve accessible au plus grand nombre, le constructeur allemand s’est offert le luxe d’être le premier premium à lancer sa citadine en 2011. Un succès immédiat après l’échec cuisant de l’A2, un minispace peut être trop en avance sur son temps mais qui lança un segment à part entière : celui des urbaines chics.
Essai Audi A1 S-Line en Vidéo :
Aux côtés de l’A1, BMW était déjà là avec Mini, et nous, les Frenchys, avions jusqu’à encore quelques semaines la DS 3. Les années ont passé, les ventes se sont tassées, et la Mini, concurrente principale, s’est renouvelée. Après un restylage de mi-carrière et une gamme Audi entièrement revue, il faut dire que l’A1 en avait également furieusement besoin…
La firme aux Anneaux a ainsi présenté il y a quelques semaines au Mondial de Paris la nouvelle mouture de sa citadine, que nous sommes allés découvrir autour de Marseille.
Design : repartir d’une feuille blanche
Lorsqu’on sait que le design est la raison n°1 de l’achat de ce type de voiture et que la majorité des acheteurs ne prendront même pas la peine de faire un essai routier avant de signer, il était indispensable pour Audi de tout donner sur cet aspect.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les designers d’Ingolstadt s’en sont donnés à cœur joie.
Ciao rondeurs de la première génération, place à une citadine musclée et sculptée d’arrêtes et de flancs tendus. Prenez une R8 restylée ou un Q8 que vous placez dans un compacteur, et vous obtenez grosso modo le pedigree de la nouvelle A1. Une signature lumineuse hyper travaillée, des détails sympas comme le rappel à la Quattro sur la calandre, des teintes entièrement nouvelles, une pléthore de modèles de jantes et de nombreuses options de personnalisation : la recette réussie d’une citadine BCBG.
Uniquement disponible en cinq portes, elle s’allonge de 5 cm mais voit ses porte-à-faux se réduire au profit d’un empattement plus long de 10 cm. Un côté moins râblée et plus berline compacte que citadine, une tendance générale du marché aujourd’hui qui ne cesse de voir les petites voitures prendre de l’embonpoint.
En S-Line, l’A1 fait son petit effet et met l’ancienne S1 au tapis côté look. Elle mêle habilement une certaine classe et une dose de sportivité juste ce qu’il faut. Et c’est là tout le brio de cette auto : chaque modèle de jantes, chaque teinte et chaque niveau de finition la transfigure, pour plaire à tous les types de clients. Sachant que deux clients sur trois étaient des clientes, le but de cette nouvelle génération est donc de séduire tout le monde, sans distinction de sexe ou de philosophie.
Chic, sportive, raffinée ou tape-à-l’œil : un simple tour sur le configurateur du constructeur vous permettra de constater le nombre impressionnant de personnalisations possibles. Logiquement moins néo-rétro qu’une Mini, l’Audi amène toutefois ce petit quelque chose de plus cossu et de plus pétillant que ses cousines de châssis : la VW Polo et la Seat Ibiza. Elle complète la famille des citadines du groupe renouvelée il y a un an et demi, en proposant cette alternative premium et statutaire aux best-sellers. Elle s’inscrit également parfaitement au sein de la nouvelle identité stylistique Audi plus osée, qui je dois dire commence à me plaire de nouveau après quelques années d’ennui.
À bord : Plein les mirettes !
Là où à l’extérieur, l’A1 traversait les années sans trop prendre de rides, il faut avouer que l’intérieur avait lui un peu pris la poussière, dépassée par une concurrence et des cousines renouvelées avant elle.
Audi a là aussi mis le paquet pour créer l’effet « wahou » en rentrant à bord. Si tenté que l’on ait pu s’offrir une version bien configurée et bien optionnée, l’A1 donne une petite claque question présentation, à bord aussi. On reprend là les même concepts qu’à l’extérieur : le côté classique et ennuyant est laissé de côté, les rondeurs aussi, pour donner naissance à quelque chose de plus tendance, de plus branché et de bien plus technologique. En phase avec la cible du constructeur.
Axée vers le conducteur, la planche de bord a subi une cure de jouvence, tant sur le look que sur l’ergonomie. Le Digital Cockpit a remplacé les compteurs, un superbe écran tactile de 10 pouces occupe une grande partie de la console centrale et les grilles d’aération reprennent le design du reste de la gamme Audi.
L’ensemble est flatteur à regarder et à toucher sur la partie haute où tout est impeccablement fichu et bien travaillé (même le cliquetis des commodes de clim’), fidèle à la réputation du constructeur. En fonction de la finition choisie, on pourra opter pour une finition plutôt classique, plutôt coloré ou plutôt sportif, un côté personnalisation intelligent pour ratisser un public large et faire grimper la note.
On ne peut toutefois pas en dire autant de bon nombre d’autres éléments, comme la console entre les deux sièges recouverte de plastiques disgracieux et sensibles aux rayures, mais aussi des contreforts de porte absolument pas travaillés et à l’assemblage perfectible. Des fautes de goût remarquablement dommageables lorsqu’on sait que les mêmes parties sont plus qualitatives dans une VW Polo, par exemple.
l’intérieur de cette A1 souffle ainsi le chaud et le froid
Le premium se distingue aussi dans le détail, et l’intérieur de cette A1 souffle ainsi le chaud et le froid. Tout est beau et aguicheur à hauteur d’œil, mais il ne faut pas s’aventurer dans les détails où l’on déchante rapidement… On se retrouve avec le sentiment assez troublant que l’Audi partage bien plus d’éléments qu’on ne pourrait penser avec la Seat Ibiza, deux autos qui sont assemblées sur la même chaine de fabrication en Espagne.
La petite allemande propose toutefois un arsenal technologique plus important : instrumentation digitale de nouvelle génération, grand écran tactile réactif et de qualité, chargement par induction, port USB-C, éclairage d’ambiance à LED avec des dizaines de couleur ou encore HiFi Bang & Olufsen. Des équipements provenant directement du segment supérieur et que l’on peut désormais retrouver à bord de la citadine.
La politique de finition d’Audi demandera à aller fouiner dans le catalogue interminable d’options, mais on peut déjà déplorer l’absence de série du GPS, de la caméra de recul ou d’avertisseurs d’angles-morts sur une finition S-Line. Pire, certains équipements qui auraient du sens sur une telle auto comme le toit-ouvrant ne sont même plus proposés au catalogue, sans aucune explication de la part du constructeur.
Plus accueillante pour tout le monde
L’empattement amélioré de 10 cm permet à l’A1 de gagner en capacité d’accueil. L’espace aux places arrière est ainsi en net progrès, que ce soit en garde au toit, en largeur et en longueur aux jambes. La citadine permet d’embarquer sans sourciller quatre passagers, le cinquième étant pénalisé par un tunnel de transmission un peu trop encombrant et pouvant devenir gênant sur long trajet.
Le coffre profite également des nouvelles mensurations, avec un volume de chargement de 335 L, soit 65 L de plus qu’avant, ainsi qu’un plancher plat dès lors qu’on rabat la banquette arrière.
L’A1 progresse ainsi à tous les niveaux et, à l’image du fait qu’elle ne soit plus disponible qu’en cinq portes, affiche sa volonté d’être capable de sortir des villes et de faire preuve d’une polyvalence de plus en plus recherchée dans ce segment.
Sur la route : schizophrène
Pour animer sa petite citadine, Audi est allé logiquement chercher les moteurs à disposition dans le groupe VAG. Nous avons donc ici à l’essai le bien connu 1.0 T(F)SI de 116 ch, un bloc trois cylindres que nous avons déjà pu découvrir sur la Polo et sur l’Ibiza.
Force est de constater que ce petit moteur, qui représentera logiquement le gros des ventes, est une réussite. Peu bruyant, souple, relativement performant et sobre, il succède sans broncher au 1.2 TSI, feu une référence. Couplé à la boite automatique à double embrayage à sept rapports S-Tronic (DSG) aux étagement bien trop longs, il sied bien au caractère tranquille de cette A1. Son couple s’épuise très vite et demande de jouer constamment avec les palettes pour avoir de la reprise, mais il offre de beaux scores de consommation autour des 6 L aux 100 km si on joue le jeu.
« L’A1 se targue d’un plumage clairement pas en adéquation avec le ramage. »
Vif en ville et doté d’une belle allonge sur voie rapide, ce choix est idéal dès lors qu’on ne cherche pas à éprouver une quelconque émotion derrière le volant. Rationnel plus qu’autre chose, il ne faut pas lui demander une once de sportivité ou de quelconques aptitudes rigolotes. L’encéphalogramme reste plat quand on commence à le chatouiller et à rétrograder de 4 rapports une S-Tronic clairement optimisée pour ne pas consommer plus que pour s’amuser, l’A1 se targue d’un plumage clairement pas en adéquation avec le ramage.
Le bilan est d’autant plus mitigé qu’en version S-Line, nos A1 sont équipées du châssis-sport, un ajout complètement inutile en compagnie d’un moteur aussi sage. Montée en 17 pouces sur un tel châssis, la citadine tombe dans le caricatural avec une suspension sèche et raide, qui nuit considérablement au confort sans pour autant donner une rigueur implacable des trains roulants. Nous n’avons pas pu tester une version dotée de ressorts au durcissement réglable, chose qui devrait logiquement améliorer ce point.
Reste qu’en l’état actuel, on subit la voiture sur chaque ralentisseur ou chaque zone pavée, à en devenir même désagréable à la longue. Le réglage de suspension par défaut que nous avons ici est une déception et je ne pourrais que vous recommandez d’opter pour le sélecteur de modes disponible en option.
À défaut de vouloir partir dans le Col de l’Espigoulier, on se retrouve finalement à préférer regarder son A1 dans les vitrines de la cité Phocéenne à 30 km/h, ou à filer sur l’autoroute A7 avec toutes les aides à la conduite enclenchées, pour profiter de son insonorisation et de sa tenue de cap dignes d’une petite routière. L’A1 ne distille rien de particulier à son volant dans cette motorisation somme toute quelconque, elle fait parfaitement le job au quotidien, mais sans vraiment d’émotion.
Pour accompagner ce trois cylindres (95 et 116 ch), on pourra prochainement compter sur l’intéressant 1.5 T(F)SI EVO à désactivation des cylindres de 150 ch, plus performant tout en étant aussi sobre, et de l’athlétique 2.0 T(F)SI de 200 ch que l’on a déjà pu découvrir dans la Polo 6 GTI. Pas de diesel ou d’hybride au programme.
La S1 n’étant malheureusement pas reconduite pour cette génération, le 2.0 de 200 ch représentera donc la proposition la plus sportive de l’A1, et sera assurément le bloc qui collera le plus à l’identité sportive annoncée par le look musclé de cette nouvelle génération.
Tarifs et concurrence : difficile équation
Revenons-en au commencement : un logo seul suffit-il à faire dépenser plus ?
Partant de là, oublions le fait que la base même de la voiture est une Seat Ibiza, oublions également que toute la partie technologique est disponible à l’identique dans une VW Polo, et que le bilan routier est le même que les deux pré-citées, le confort en moins.
Dire que l’Audi A1 est une Ibiza re-maquillée peut paraitre extrême mais ça n’en est pas moins faux. Bandez les yeux à n’importe quel essayeur, et personne ne saura différencier l’une de l’autre sur route à configuration moteur équivalente.
La vue, c’est donc bien le seul sens du corps humain qui justifiera (si tenté qu’on ait à se justifier) le gap abyssal de plusieurs milliers d’euros entre deux voitures techniquement très proches. En achetant une A1, on paye une symbolique extrêmement forte, l’image de marque ainsi que le service en concession, bien plus que des qualités propres au modèle.
La petite germanique affiche un look très sympa et un intérieur tendance, mais en parlant de produit pur (et pas de revente), rien n’explique la rallonge de 7000 à 10 000 euros demandée par Audi en comparaison d’une Seat Ibiza et de 3000 à 4000 euros par rapport à une Volkswagen Polo.
L’A1 n’est pas mauvaise, elle est même une excellente petite citadine, bien meilleure sur tous les aspects que la génération qu’elle remplace. On ne peut toutefois s’empêcher de lier chacune de ses qualités, mais surtout chacun de ses défauts, aux tarifs astronomiques auxquels elle est affichée et à la hausse substantielle par rapport à la précédente (+ 4000 euros en moyenne).
Débutant aujourd’hui à 23 000 euros en finition Design 30 TFSI 116 ch (2e niveau de finition), il faudra compter 28 000 euros pour une jolie et correctement équipée finition S-Line, puis recourir à un catalogue d’options de 35 pages (réellement 35 pages) pour commencer à s’offrir une configuration premium côté équipements technologiques et aguicheuse en terme de look. Résultat des courses, une Audi A1 S-Line 116 ch S-Tronic bien dotée s’approchera sans broncher des 40 000 euros. Aïe.
Les quelques LED intérieures et extérieures, le design joliment recherché, et surtout ses quatre anneaux, n’ont pas su me faire oublier la douloureuse. Pire, même, les manques dans la dotation, le bilan routier quelconque combiné au manque de confort, et certaines finitions intérieures très limites me confortent dans l’idée que la VW Polo TSI 150 Carat Exclusive reste le choix parfait si l’on recherche une citadine polyvalente et raffinée.
Sa seule vraie concurrente « premium », la Mini, avait réussi ici à me faire digérer son addition salée par son look craquant et un plaisir de conduire intact à son volant. Passé un certain tarif, j’ai besoin qu’une voiture me fasse un petit quelque chose et me donne des émotions, ce que n’a pas réussi à faire l’A1, sûrement par manque d’une réelle identité. Le plumage sans le ramage.
Notes – Audi A1 2019
Look - 85%
Vie à bord - 70%
Technologie - 85%
Habitabilité - 75%
Moteur - 65%
Confort - 40%
Prix - 50%
67%
Look branché, intérieur huppé, technologique et accueillante, l'A1 soigne sa présentation pour plaire à un public encore plus large. Dommage qu'elle ne soit pas aussi pétillante sur la route et qu'elle fasse payer aussi cher ses prestations.
J’ai aimé
- Look aguicheur et sexy
- Habitacle tendance
- Technologie à bord
- Habitabilité en net progrès
- Moteur sobre
J’ai moins aimé
- Détails de finition limites (limites)
- Bilan routier quelconque
- Confort passable
- Pingreries d’équipements
- Tarifs prohibitifs
Audi A1 30 TFSI en chiffres
- Moteur : 1.0 TFSI 116 chevaux à 5000 tr./min. (3 cylindres turbo)
- Boite : S-Tronic à double embrayage à 7 rapports
- Couple : 200 Nm à de 2000 à 3500 tr./min.
- 0 à 100 km/h : 9,5 secondes
- Vitesse max. : 203 km/h
- Consommation mesurée : env. 7,0 L/100 km
- Poids : 1180 kg.
- Coffre : 335 L
- Puissance fiscale : 6 CV
- Garantie : 2 ans
- Malus : aucun
- Prix de la version essayée : à partir de 27 500 € (sans options)
Audi A1 2019 en images