Quand on essaie une voiture c’est souvent dans un cadre privilégié, beaux paysages et beaux hôtels. Les constructeurs se donnent du mal pour mettre les essayeurs dans de très bonnes conditions. C’était le cas lors du premier essai de l’Alfa Romeo Stelvio que nous vous avions réalisé il y a un an.
Mais l’automobile se vit au quotidien, avec ses contraintes, alors j’ai voulu confronter ce SUV qui m’avait tant séduit, à l’épreuve de la vie de tous les jours. Un essai dans le réel, avec tout ce qui le compose, du trajet domicile-travail, au week-end chez Papi/Mamie, et aux courses au supermarché ! Vous l’aurez compris, je vais vous offrir du rêve !
Caractéristiques techniques Alfa Roméo Stelvio 4 cyl 2LT Q4, 280cv
- Dimension : Longueur 4 702 mm / Largeur 1 903mm / Hauteur 1 681 mm
- Poids : 1609 Kg
- Volume du coffre : 525 à 1600 Litres
- Puissance : 280cv, couple 400 nm
- Consommation moyenne réelle constatée (SP95) 10,9L/100kms
- Tarif à partir de 57400 euros
Version essence pour anticiper l’avenir
Un petit passage à la pompe vous permettra de constater que ça y’est, les politiques ont décidé d’aligner le prix du gasoil à celui du sans-plomb. Enfin on constate une remontée des ventes des versions ‘sans plomb’ et un réel renouveau de l’intérêt pour ces moteurs. Alors pourquoi continuer à émettre des particules fines et polluer non seulement l’atmosphère mais aussi nos oreilles avec ces moteurs dénués de toute poésie sonore. Le choix s’est donc orienté sur le 4 cylindres Turbo essence de 280cv, histoire de laisser s’exprimer les gènes sportifs de la marque. Notre Stelvio bénéficie de la finition Lusso (luxe), une des plus complètes.
Le gros bébé de la famille
Le Stelvio est le dernier né de la famille Alfa-Roméo, et on peut dire qu’il en a tous les gènes. Tout d’abord esthétiquement ont reconnait sa face avant au premier coup d’œil. Il arbore fièrement la calandre triangulaire au bout d’un long capot. L’avant du SUV est massif mais reste finement dessiné. Les phares disposent d’une signature lumineuse particulièrement esthétique, personnellement je les trouve plus jolis que sur la Giulia. Les différentes ouvertures du bouclier sont remplies d’une grille ‘nid d’abeille’ accentuant l’air sportif de l’auto. Les flancs restent fluides et racés et l’arrière massif demeure sportif grâce aux deux imposantes sorties d’échappement chromées.
Sur le bas du bouclier arrière une découpe rappelle un extracteur d’air et donne encore plus un effet dynamique. Pour son tout premier SUV, la marque italienne a soigné son design, fin et racé, tout en le dotant de dimensions confortables, 4,70m de long sur 1.9m de large et 1.67m de hauteur, c’est équivalent à celles de ses principaux concurrents, notamment les Audi Q5 ou Mercedes GLC.
Sous la robe, voici Giorgio !
La plateforme du Stelvio est identique à celle de la Giulia, nommée ‘Giorgio’, elle est le fruit d’investissements lourds, 1 milliard d’euros ! Primée comme la meilleure du monde, elle sera bientôt partagée avec d’autres marques du groupe, Maserati, Jeep. Il faut dire que même rehaussé de 20cm par rapport à sa sœur, le SUV est bluffant par son comportement.
Sain et précis, gommant beaucoup d’effets de roulis, on a le sentiment de conduire une berline. Notre modèle bénéficiait en plus du système Q4, avec par défaut une motricité aux roues arrières, mais qui, en temps réel, permet de la répartir jusqu’à 50/50 sur les trains avant et arrières. La combinaison de la plateforme et du Q4 en fait tout simplement une des voitures les plus agréables à conduire du moment. En effet, la voiture est sécurisante mais laisse la place aux sensations de conduites, un vrai bonheur d’automobiliste qui aime encore les sensations derrière un volant.
Luxe, calme et manque de technicité
L’accueil à bord du Stelvio est soigné. La poignée de porte rétro-éclairée permet d’accéder à un habitacle raffiné. Les fauteuils en cuir adoptent un dessin et un maintien très confortable. Les réglages électriques permettent un ajustement fin, tandis que pour le conducteur, il sera possible de mémoriser 3 profils. Raffinement que j’ai vraiment apprécié, le siège se recule à l’arrêt et avance au démarrage, de manière à faciliter l’accès, voilà du prémium !
Les ajustements sont bons et la finition bois brut de la planche de bord donne à l’ensemble un côté chic et contemporain. Le volant respire la sportivité, avec son méplat et surtout le bouton Start/Stop placé comme sur les cousines Ferrari. Coté compteurs, on en retrouve deux, soulignés par une belle casquette, ils rappellent ceux des Alfa classiques, un vrai clin d’œil aux amoureux de la marque mais qui déplaira à ceux qui espéraient un ‘tout digital’.
L’écran central propose la partie GPS/Radio, et c’est là qu’est le vrai manque de ce Stelvio… Pas de tactile, une définition moyenne, un GPS compliqué, c’est pour moi le seul point ou la concurrence est vraiment largement supérieure. Il faut se faire une raison, ce ne sont pas les jouets technologiques qui apporteront du plaisir de conduite, chez Alfa-Roméo ont préfère gâter le pilote qui sommeille en vous, le plaisir, il passe d’abord entre les mains et sous le pied droit !
Donc en vrai, ça donne quoi ?
Bon ok, tout ça vous le saviez déjà parce que vous nous êtes fidèles et vous connaissez déjà nos reportages par cœur. En vrai, l’expérience commence par la prise en main de l’engin dans une zone industrielle moche, avec des routes moches et des voitures moches. Donc premier constat, le Stelvio est beau ! Et le prendre en main est assez simple. Le gabarit est respectable mais la position de conduite, la visibilité et l’agrément de la boite (ZF à 8 rapports) font que tout parait simple.
Les commandes tombent bien sous la main, notamment sur la console centrale. Le mode D – N – A (Dynamic/Normal/Advanced Efficiency) permet de choisir le comportement de la voiture. En ‘A’, le couple est réduit, la conduite est souple et confortable, parfois cela manque un peu de répondant à la pédale. En ‘N’, on retrouve toute la puissance moteur ainsi qu’une bonne souplesse de suspensions, c’est le meilleur compromis. Pour ressentir pleinement les sensations de conduites il faut passer en ‘D’, moteur dynamique, suspension raffermie, boite réactive, là l’âme Alfa Roméo s’exprime pleinement. Une vision de la consommation instantanée calmera bien vite les ardeurs et de toute façon c’est l’heure d’aller faire les courses (je vous avais dit que je vous ferais rêver !).
Voilà comment embellir son quotidien
Au moment de se garer, je remarque que les places de parking sont particulièrement étroites, à moins que ce ne soient les 1,90 m de large qui occupent l’espace. Un dernier coup d’œil avant de rentrer dans le supermarché, vraiment, cette face avant me fait de l’effet ! Le coffre de 525 litres est largement suffisant et bien carré pour y loger l’ensemble des achats. Seul hic, le hayon électrique ne dispose pas de fonction « mains libres ». Le test du supermarché est donc validé, prochaine épreuve : le voyage en famille.
500 kilomètres de routes et d’autoroutes au programme de ce beau week-end de Pentecôte. Même pour 3 jours, le volume de bagages est conséquent… je vous rappelle que les sacs sont souvent remplis de 90 % de « au cas où ». Aucun soucis, tout rentre à l’aise dans la malle. Les trois chérubins rentrent eux aussi bien à l’arrière. Mention spéciale au plus petit qui a hérité de la place du milieu, un peu raide quand même. Les deux plus grands sont eux parfaitement installés.
L’autoroute en toute quiétude
Sur l’autoroute, les kilomètres défilent sans la moindre fatigue. Le régulateur adaptatif gère bien les ralentissements et accélérations du trafic, en 300 kms je n’ai touché à aucune pédale, impressionnant. J’ai tout de même désactivé l’alerte de franchissement de ligne, ma conduite en est la cause, j’ai une tendance à oublier le clignotant quand je double ou me rabat (c’est mal, honte à moi). Les suspensions filtrent bien les quelques aspérités de la route, le moteur est silencieux, l’ambiance est zen, les enfants dorment, ça donne envie de rouler longtemps. Comme sur des rails, le Stelvio est confortable, rassurant et apaisant sur les longs trajets. À vitesse stabilisée, la consommation du 4 cylindres est tout de même de 9 litres.
Comme une envie de jouer
Les routes de campagnes autour de notre lieu de villégiature m’ont donné envie de pousser l’Alfa un peu plus fort. Sélecteur en mode D, c’est parti pour une petite séance enchaînements de virages. Là encore le Stelvio se montre redoutable, le moteur accélère franchement, les reprises et relances sont bluffantes. Il faut dire qu’un gros travail a été effectué sur le poids de l’engin, avec seulement 1600 kg (le plus léger de sa catégorie).
La boite ZF est joueuse, elle monte les rapports en limite de zone rouge, offrant une sonorité moteur rageuse mais pas exubérante. Le gabarit de l’engin se rappelle vite à moi quand il s’agit de croiser une voiture, c’est le moment on je reprends conscience de conduire un SUV. Le système Q4 agit dans l’ombre en répartissant la motricité, cela évite les dérives, je pense que pour trouver les limites du Stelvio il faut vraiment y aller très très fort.
À l’aise sur tous les terrains
Il faut l’avouer, c’est sur les petites routes viroleuses que s’expriment pleinement les qualités de notre auto. En ville, on reviendra à une conduite plus apaisée, la situation haute permet d’envisager le trafic plus sereinement. Seul le bruit de moteur peut se montrer parfois désagréable, il n’a pas la noblesse d’un V6 ou d’un V8. C’est d’ailleurs une cause de frustration : l’échappement manque de sonorité, décevant. N’ayant pas eu l’occasion de pratiquer le off-road je ne pourrais pas en parler. AÀpart cela le Stelvio est à l’aise et confortable en toutes circonstances. Il se montre rassurant aussi en circulation dense, l’aide au freinage d’urgence veille et m’a évité deux fois de faire un bisou à la voiture précédente…
Alors ce Stelvio est la voiture parfaite ?
OUI ! Je vais être franc avec vous, je suis amoureux des voitures italiennes et de leur caractère. Pour être tout à fait honnête je n’aime pas trop les SUV mais celui-ci a toutes les qualités d’une berline avec de la place en plus et un design très fin. Coté points négatifs il y a encore à redire, par exemple la partie infotainement obsolète (le Q5 fait mieux), quelques grincements de plastiques sur la console centrale et surtout la consommation. En moyenne j’ai pu constater un appétit certain, environ 11 litres au 100kms en conditions mixtes, c’est trop.
Les technologies actuelles permettent de consommer largement moins tout en conservant les caractéristiques sportives d’un moteur. Au final c’est vraiment le seul point noir de cet essai. Alors ce Stelvio est bourré de qualités, aussi bien techniques que comportementales et même esthétiques. Côté tarif, à 60 000 euros (avec les options) notre Stelvio se situe dans la moyenne basse du segment à motorisation et équipements équivalents. Reste la question de la revente, pour l’instant il tient la côte mais il est encore un peu jeune pour parler de sa courbe de prix en occasion.
Et les sentiments dans tout ça
Toutes ces analyses sont froides et ne reflètent pas ce que transmet cette voiture, ce que ressent le conducteur (et ses passagers), du plaisir tout simplement. Il est rare d’avoir le sourire à l’idée de conduire sa voiture, c’est cela que propose Alfa Roméo, retrouver le plaisir d’aimer sa voiture, de nouer un lien avec elle. Une italienne sait vous séduire et vous faire oublier ses défauts, c’est une auto dont on parle plus tard avec nostalgie. Ce n’est peut-être pas la voiture la plus parfaite mais c’est celle qui sera moteur de votre passion.
J’ai aimé :
- Plaisir de conduite
- Ensemble moteur/boite/châssis
- Design intérieur et extérieur
- Vraie Alfa Romeo
J’ai moins aimé :
- Consommations trop élevées
- Détails de finition
5 commentaires
l’interieur fait surtout vieillot coté technologie par rapport aux allemandes (Audi en particulier…),on croirait l’ecran central avoir 10 ans d’age ….dans son esthétique mais aussi dans sa technologie !
Technologiquement, Alfa a effectivement un train de retard sur tous ses concurrents premiums… On va dire que le charme de la présentation et des matériaux peut contrebalancer ça.
Bonjour
ce n’est pas parce que c’est une essence qu’elle ne rejette pas de particule. Au contraire tous les essence injection directe relache de grosses quantités de particules bloquées bientôt par la nouvelle norme euro6d qui imposera des FAP pour toutes les voitures essence
À Auto Moto, après l’essai du Stelvio, voici leur conclusion. Les allemands doivent revoir leur copie.
Avant de critiquer, il faut essayer.
J’ai eu plusieurs BMW et je peux vous assurer que mon Alfa Giulia 200cv Q2 est la meilleure voiture que j’ai eu.
Le châssis est une référence.
Je vous rejoins, le châssis d’une Giulia ou d’un Stelvio est exceptionnel, d’ailleurs je fais un Tracday ce weekend avec les Alfa Giulia Quadrifoglio , un régal ! Vive Alfa !