Dans la famille Golf, je demande la plus exclusive ! Depuis 1971, au fil des générations, VW a toujours proposé une version sportive de la compacte légendaire sous le badge GTI. Allant même jusqu’à y rentrer au chausse-pied des V6 dans la Golf VR6 de 1993 puis dans l’exclusive Golf R32 de 2005, les fans de la marque ont toujours eu le choix d’une déclinaison très performante au sommet de la gamme. Aujourd’hui, la Golf R perpétue cette tradition avec 310 ch sous le capot et des prestations premiums. Est-elle pour autant toujours aussi sportive et exclusive ?
La Golf R a tout d’une supercar à son échelle : des performances incroyables, des petits détails premiums et des tarifs musclés. Mais elle sait aussi être une voiture utilisable au quotidien avec des modes de conduite efficaces et qui la transforme en Golf somme toute lambda.Notes – Volkswagen Golf R 2018
Look - 75%
Intérieur - 75%
Technologie - 85%
Performances - 90%
Plaisir de conduite - 70%
Efficacité - 80%
Prix - 60%
76%
R comme… rassurante
Extérieurement, en tout cas, la Golf R de 7e génération n’est pas aussi exubérante que ses caractéristiques sur le papier auraient pu le laisser croire. Dans le rétro’, seul un œil averti saura différencier cette version particulière d’une Golf somme toute standard une fois bien équipée. La Golf R dispose des mêmes artifices aérodynamiques qu’une Golf R-Line ; la généralisation du look sportif grâce à des packs de style sur des voitures à la cylindrée banale fait ici de l’ombre à notre Golf…
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Trop lisse, trop discrète, trop BCBG ? La Golf R est une Golf « quasiment » comme les autres et sa petite sœur GTI en devient même plus méchante à regarder. Quasiment, parce qu’elle a quand même quelques subtilités qui font d’elle la reine des Golf : le logo R sur la calandre, une superbe signature lumineuse à LED retravaillée lors du dernier restylage, et des entrées d’air sur la partie basse du bouclier lui confèrent un regard agressif sans jamais tomber dans le vulgaire.
Sur la partie arrière, un diffuseur spécifique intégrant la quadruple sortie d’échappement en titane signée Akrapovic, le logo R et le petit béquet annoncent un certain niveau de performance, alors que les feux à LED avec clignotants à défilement participent au côté premium de l’ensemble.
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Un pack aérodynamique au niveau des bas de caisse, de jolies jantes de 19 pouces et notre blanc nacré renforcent ce mélange entre sportivité et classe, une philosophie très proche de celle de sa cousine aux anneaux : l’Audi S3. La Golf R affiche ainsi avec subtilité sa vocation sportive, au risque de devenir trop sage à regarder et de perdre de son exclusivité.
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Même si la Golf est une bien jolie voiture et que son design plait au plus grand nombre, j’aurais personnellement aimé un poil plus de folie pour cette déclinaison ultime. Des jantes au design plus agressif et des ailes un brin élargies lui auraient apporté ce côté musclé dont elle manque pour effrayer sur la route et aller de pair avec ses vocalises et performances.
R comme… rationnelle
Au même titre que le plumage, le ramage de la Golf fait dans le sérieux et le premium. Loin du tissus Clark et des surpiqures rouges de la version GTI, la R s’embourgeoise et joue dans le haut-de-gamme plus que le sportif.
Pas de surprise, l’intérieur de cette Golf est dans la lignée de ce que propose le constructeur, et sans être aussi léché et épuré qu’une Audi S3, la Golf R affiche toutefois des prestations de qualité. Les assemblages et matériaux sont d’excellente facture, l’ergonomie est exemplaire et la technologie embarquée répond à l’appel.
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Elle hérite ainsi de tous les ajouts du dernier restylage de la Golf que nous avions pu découvrir il y a un an au volant de la version GTE. Active Info Display en guise d’instrumentation, grand écran tactile HD avec commande gestuelle et une réactivité au top, chargement par induction du smartphone : la Golf s’est mise à jour pour rester dans la course et propose tout cela de série dans sa version R.
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La présentation générale est malgré tout trop fade et sans réel personnalité : une fois le pack R-Line coché sur une Golf TDI, on se retrouve avec le même volant et la même décoration qu’une « vraie » Golf R. À bord, il est donc extrêmement compliqué de savoir que nous sommes à bord de la version ultime de la compacte : pas de surpiques spécifiques, pas de logo R disséminé dans l’habitacle (mis à part sur le très beau volant), il n’y a que les superbes sièges semi-baquet en cuir nappa et leur habillage type carbone qui donnent un petit côté sportif bienvenu.
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Seulement voilà, l’arrivée sur le segment de la dernière Mercedes Classe A (essayée ici) a chamboulé le marché et l’on sent ici le poids des années qui commence à peser sur la Golf. La présentation vieillissante, même si modernisée grâce à l’intégration d’écrans plus grands, devient ennuyante. L’avantage étant que l’on se sent vite à l’aise et qu’on a rapidement toutes les commandes en tête, le contre-coup étant la lassitude assez rapide que l’on ressent après plusieurs jours à bord.
Pas de panique, la Golf est toujours une référence en terme de soin apporté à l’habitacle et reste dans les meilleures du segment à ce niveau, mais on ne peut qu’espérer un rafraîchissement général du look intérieur au prochain renouvellement de l’auto qui se profile à l’horizon 2020.
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Au niveau de l’habitabilité, quatre vraies places, un espace honorable aux jambes et un coffre 343 litres (jusqu’à 1233 litres banquette rabattue) confèrent à la Golf R une polyvalence bienvenue qui se retrouve aussi sur la route.
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R comme… rapide
Là où le look plutôt sage et l’intérieur résolument classique et chic sont dans la lignée des autres Golf, la partie routière est elle impossible à retrouver plus bas dans la gamme.
Depuis son restylage il y un an, la Golf R a vu son moteur quatre cylindres 2.0 TSI (d’origine Audi) passer de 300 à 310 ch. Cela lui offre toujours des performances assez exceptionnelles pour une compacte avec un couple de 400 Nm, un 0-100 km/h expédié en 4,6 secondes et une vitesse maximale de 267 km/h en lui retirant la bride électronique. Proposée avec la transmission intégrale 4Motion et couplée à la boite robotisée à double embrayage DSG 7, la Golf R est une vraie sportive.
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Le moteur est encore aujourd’hui l’un des plus coupleux et l’un des plus agréables à mener sur le marché des sportives tournant autour de 300 ch. Il pousse fort, très fort même, avec une petite préférence à rester entre 2500 tr./min. et 6000 tr./min. pour proposer le meilleur de lui-même et assurer à la Golf des accélérations et reprises impressionnantes. La boite robotisée DSG, qui a une fâcheuse tendance à trop anticiper les passages de rapport et à nous priver de la sonorité exceptionnelle de la ligne d’échappement Akrapovic à chaque changement de vitesse, est heureusement pilotable via les palettes au volant et l’on se réjouit alors de son excellente réactivité et du brio du combo moteur/boite.
Le couple présent à presque tous les régimes participe au plaisir de cravacher la Golf R : le TSI est plein tout le temps et ne demande qu’à s’exprimer jusqu’au rupteur à 7500 tr./min. VW a travaillé sur la cartographie de son bloc pour éviter que l’effet habituel du turbo, ne fournissant du couple que sur une partie assez basse et réduite du compte-tour, ne vienne gâcher la fête. Surtout qu’à l’abord de la zone rouge, c’est là que la « cerise sur le gâteau » de la voiture se dévoile.
R comme… « Roaaaar »
Akrapovic. La simple évocation du sorcier des échappements ravit mes tympans. VW a ainsi eu la merveilleuse idée de proposer en option (3600 €) une ligne complète en titane signée Akra’, un must-have pour donner du caractère à cette Golf R.
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Discret en mode Normal, l’échappement se réveille en mode Race et explose littéralement une fois les 5500 tr./min. passés. Pour bénéficier de toutes ses vocalises, il faut ainsi jouer avec les palettes et ne pas hésiter à rétrograder pour l’entendre pétarader. Le moindre tunnel ou la moindre ruelle faisant office de caisse de résonance devient ainsi un terrain de jeu pour la Golf R, on redevient alors un enfant et l’on peut ainsi passer sa journée à accélérer et décélérer pour entendre la ligne en titane grogner derrière nous.
Un artifice exceptionnel qui contraste avec le look BCBG de la Golf. Il est ainsi assez drôle de voir les gens ne se retourner sur la voiture qu’une fois l’échappement réveillé… Comble de la performance, cet échappement fait gagner 7 kg à la voiture.
R comme… rassurante
« La Golf R, c’est une Golf que l’on peut réellement conduire au quotidien » ; ces quelques mots prononcés par le staff de VW avant que je ne prenne les clés de la voiture, je dois avouer que je les prenais plus comme un slogan marketing qu’une réalité. Et pourtant, elle propose une polyvalence tirant même vers la schizophrénie…
Comme toutes bonnes voitures modernes, elle dispose d’un sélecteur de modes agissant efficacement sur de nombreux paramètres de la voiture : Confort, Normal, Eco, Race et Individual pour en concocter un à sa sauce. Là où les modes Eco et Normal n’ont pas franchement d’intérêt, les modes Confort et Race combinés à la suspension pilotée DCC sont les témoins d’une bipolarité affirmée. Des équipements qui font de cette Golf R l’une des sportives les plus polyvalentes du marché.
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Le mode Race influe sur le comportement de la boite DSG (qui aura plus tendance à pousser les rapports), le bruit de l’échappement amplifié, le feeling de direction (qui se durcit) et une suspension rigidifiée. Sur la route, on se retrouve alors avec une véritable sportive avec laquelle faire des chronos se retrouve vite être une réalité (on a même un Lap Timer dans l’Active Info Display). Le chassis est extrêmement sain, avec un comportement typé traction, aidé par des roues arrière motrices pour enrouler les courbes et garantir une motricité assez folle.
L’ESP intègre un blocage de différentiel électronique (Haldex) qui répartit ainsi le couple sur chacune des roues en fonction des besoins. Le système XDS+ permet également de freiner les roues à l’intérieur du virage et d’améliorer l’agilité de la voiture dans les passages sinueux. Dans les faits, on passe ainsi à des vitesses assez exceptionnelles en virage au volant de la Golf R, et ce même sur des chaussées humides. Les diverses aides électroniques, la transmission intégrale et le grip des Pirelli P Zéro permettant d’avoir une voiture saine au possible et finalement relativement accessible en terme de pilotage.
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Nul besoin d’être un cador du bitume pour rouler propre et être efficace avec cette voiture, elle est prévenante et sait pardonner les excès de zèle. On s’approprie assez vite le comportement général et elle met rapidement en confiance. Plus directe en mode Race, la direction manque toutefois de consistance à mon goût, même si cela s’améliore en augmentant sa vitesse. Le feeling manque de naturel et l’on ne sent pas assez ce qu’il se passe sous les roues.
Même si rigidifiée en mode Race et relativement raide, la suspension sera le talon d’Achille de la Golf R en conduite musclée, puisqu’elle aura tendance à s’écraser sur son appui en entrée de courbe et nous donne l’impression que l’on subit malgré nous un transfert de masse trop soudain. Le train avant est toutefois incisif et le freinage vif, performant et endurant (merci les disques percés de 340 mm à l’avant).
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Après plusieurs heures à son volant, on a néanmoins la sensation d’avoir fait le tour de cette voiture. Non pas qu’elle soit dénuée d’intérêt ; elle est performante au possible et efficace comme peu le sont, mais elle ne distille pas forcément d’émotion et manque de piquant. Le « problème » de la Golf R, c’est la recherche permanente du chrono’ et de la performance/vitesse à son volant. Il est très difficile de rester aux limitation et d’en profiter à 70 km/h ou 90 km/h sur des routes de campagne. C’est une voiture relativement aseptisée et il faudra aller vite, très vite, pour commencer à la sentir s’exprimer et à prendre un vrai plaisir à le mener. Un point commun à toutes ces compactes surpuissantes et pas vraiment expressives : Mercedes A45 AMG, BMW M140i ou Audi S3.
R comme… raisonnable
En mode Confort, la Golf ultime se transforme en Golf somme toute lambda. L’échappement se feutre, la direction se ramollit, la DSG enchaine sans le faire sentir les rapports à des régimes moteur relativement bas et la suspension pilotée apporte une sensation de confort assez bluffante. On oublie alors que l’on a une cavalcade de 310 bourrins sous la Sainte-Pédale et l’on « cruise » gentiment avec tout de même une petite frustration en entendant l’Akra grommeler je dois l’avouer. En mode Eco, la sportive calme le jeu et si on s’implique corps et âme, on pourra même descendre en-dessous des 7 L/100 km.
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La Golf R dispose de toutes les aides à la conduite apportés par le restylage de 2017, et permet ainsi d’être utilisée dans les bouchons du quotidien ou sur l’autoroute. On peut donc compter sur le freinage d’urgence automatique, la lecture des panneaux, les feux à LED directionnels avec feux de route automatiques, le régulateur de vitesse adaptatif ACC avec arrêt et re-démarrage autonomes dans les bouchons, mais aussi du maintien actif dans la voie, le Lane Assist. Elle est ainsi aisément utilisable comme voiture de tous les jours ou pour partir en vacances, en étant silencieuse, confortable et relativement sobre si on reste raisonnable.
R comme… rare
De par ses prestation et ses tarifs, la Golf R reste et restera une voiture exclusive et donc relativement rare dans l’Hexagone, surtout avec sa ligne d’échappement Akrapovic.
Débutant à 45 890 € avec la boite DSG7, il faudra lui ajouter un malus de 4673 € (quand on vous dit qu’on est auto-phobe en France…). Déjà bien équipée de base, notre version d’essai disposait en plus de la sellerie en cuir Nappa Carbone (3375 €), du système multimédia Discover Pro (1515 €), du toit-ouvrant panoramique (1180 €) et de l’immanquable échappement en titane Akrapovic (3595 €).
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Une addition salée à plus de 60 000 €, à laquelle on devra ajouter le prix astronomique de la Carte Grise (20 CV fiscaux) et de l’assurance. La Golf R a tout d’une supercar à son échelle : des performances incroyables, des petits détails premiums et des tarifs musclés.
R comme… retraitée
Seulement voilà, les politiques écologiques en vigueur et la rationalisation du paysage automobile ont eu raison de la Golf R, qui sera prochainement supprimée du catalogue de VW en France. Disparition éclaire avant l’annonce d’une version renouvelée ou retrait permanent ? Rien de sûr à ce jour, même si l’arrivée prochaine d’une Golf GTI TCR forte de 290 chevaux (uniquement disponible en traction) rassurera les passionnés.
La GTI TCR (héritée de la compétition) semble en tout cas être l’héritière de l’exceptionnelle Golf GTI Clubsport S sortie en 2016, assurément la plus vivante des Golf modernes. Parce que c’est ce qu’il manquait réellement à cette Golf R : du fun à tous les niveaux ! Elle était une machine de guerre et de performance tout en pouvant être utilisable au quotidien, mais on ne prenait pas vraiment de plaisir, que ce soit à la regarder ou à la mener sur route ouverte.
La prochaine Golf GTI TCR est bestiale à admirer, et sûrement géniale à apprivoiser !
Merci pour tout Golf R. Une retraite (peut-être temporaire) bien méritée pour une voiture bourrée de qualité mais trop aseptisée pour être passionnante à côtoyer.
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Volkswagen Golf R 2018 en chiffres
- Moteur : 2.0 TSI, 4 cylindres en ligne
- Puissance : 310 ch DIN de 5.500 à 6.500 tr/min
- Puissance fiscale : 20 CV
- Couple : 400 Nm de 2.000 à 5.400 tr/min
- 0 à 100 km/h : 4,6 secondes
- 0 à 200 km/h : 18,4 secondes
- Vitesse max. : 250 km/h
- Transmission : Intégrale 4Motion
- Boite de vitesse : Double embrayage DSG à 7 rapports
- Pneus : 235/35 R19
- Freins avant : disques ventilés percés (340 mm)
- Freins arrière : disques ventilés (310 mm)
- Poids : 1430 kg
- Consommation mixte : 7,0 L / 100 km (annoncée) ; 9,5 L / 100 km (mesurée)
- Consommation sportive : 15,0 L / 100 km (mesurée)
- Dimensions L/l/h : 4,26 m ; 1,79 m ; 1,49 m
- Coffre : 343 L / 1233 L
- Prix : à partir de 45 890 € ; version essayée : 60 200 €