Alors que la dernière Polo GTI arrive en concession et que la Golf GTI continue sa carrière, une nouvelle venue fait son apparition dans la gamme sportive de VW : la Up! GTI. Le constructeur de Wolfsburg s’est lâché et a décidé d’apposer sur sa mini-citadine son mythique blason.
Par ses dimensions et ses caractéristiques techniques, la petite puce est d’ailleurs sur le papier très proche de la pionnière des GTI, la Golf I GTI de 1976. Est-ce sa digne héritière, sportive fun et enivrante ? Essai dans l’arrière pays niçois.
Avis – VW Up! GTI
Look - 90%
Vie à bord - 75%
Équipements - 85%
Performances - 55%
Plaisir de conduite - 45%
Prix - 50%
67%
Note
Peut-être un peu sur-vendue côté marketing, la Up! GTI est une petite citadine volontaire et terriblement séduisante, mais pas vraiment une sportive fun et attachante à mener.
Depuis la méconnue et collector Lupo GTI de 2000, VW ne s’était plus aventuré dans le segment très peu concurrentiel des mini-sportives. À vrai dire, à part Abarth et Renault (et par extension Smart), personne n’ose s’engouffrer dans ce marché de niche où le look a finalement autant d’importance que les performances sur la route. Il n’y a qu’à voir le nombre de 595 ou de Twingo RS conduites par des parisiens ne s’aventurant que très rarement en-dehors du Périph’ et sur des routes dignes d’intérêt…
La Golf et la Polo ayant pris de l’embonpoint et de la puissance au fil des années, Volkswagen se devait de revenir aux fondamentaux et de proposer de nouveau au sein de sa gamme une voiture essentielle aux proportions plus réduites, la UP! GTI naquit… Le marketing et les attentes de nombreux fans faisant le reste, inutile de préciser l’impatience d’essayer cette nouvelle venue dans le petit monde des essayeurs et les espérances qu’elle a fait naitre en nous, un brin lassés, je pense, des sportives efficaces et performantes au possible, mais artificielles et sans vraiment d’âmes.
Chirurgie plastique chez Dr. GTI
Question look en tout cas, VW a soigné la plastique de sa lilliputienne pour la rendre aussi aguicheuse que sportive. Les clients de ce genre de voiture sont friands de grosses jantes et de couleurs vives, à en juger par les configurations d’Abarth que l’on peut croiser, et le constructeur l’a compris. La recette GTI rend ainsi sexy une voiture qui ne l’est pas vraiment pour moi dans sa configuration traditionnelle. Assez cubique et peu raffinée, la Up! n’a jamais eu grâce à mes yeux… Cette version GTI m’a quelque peu réconcilié avec son format de gros pot de yaourt (plutôt Danette que Petit Suisse).
Prenez une Up!, greffez-lui des appendices aérodynamiques pour la rendre méchante, chaussez-la de superbes jantes bi-ton de 17 pouces avec des étriers rouges, et habillez-la de teintes purement GTI (blanc, noir, rouge) avec quelques badges disséminés ici et là, et vous obtenez ce cocktail séduisant. La petite Up! a même fait tourner les têtes des monégasques au cours de notre essai, ces derniers étant pourtant habitués à un balai de supercars plus rares les unes que les autres.
Disponible en 3 portes (YES !) et en 5 portes (berk !), la citadine apparait ainsi dans cette déclinaison sportive sous son plus beau jour : suffisamment body-buildée pour attirer le regard, mais pas trop « stéroïdée » pour ne pas choquer et tomber dans le vulgaire. Le juste équilibre a été trouvé et la mayonnaise GTI fonctionne.
À bord, le passage au bistouri se poursuit : VW a conservé la présentation de la planche de bord somme toute assez basique de la Up!, tout en la parant d’une déco adaptée à sa nouvelle philosophie dynamique. L’essence de la GTI est là : le petit pommeau de vitesse (même si la balle de golf n’est plus), les sièges en tissus recouverts du motif écossais Clark ou encore l’imposant volant qui équipe toute la gamme (jusqu’à la Golf R). La console centrale se voit recouverte de plaquages rouges et le pavillon de toit devient noir. L’ensemble est bien conçu et sérieux, même si la qualité perçue peut sembler assez moyenne aux premiers abords, avec des plastiques assez « cheap ». N’oublions toutefois pas le segment dans lequel nous sommes…
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Côté équipements, la Up! GTI chapeaute la gamme et propose donc une dotation complète de série avec quelques belles surprises. Sièges chauffants, rétroviseurs électriques, aide au stationnement, et même freinage automatique d’urgence en ville, la petite citadine soigne ses occupants et ne propose en option que la climatisation automatique, le toit-ouvrant, et la Hi-Fi Beats. Pour la partie technologique, pas de Virtual Cockpit ou d’écran sur-dimensionné, mais votre smartphone sous iOS ou Android habilement intégré sur un support et qui, via une app gratuite et la connexion bluetooth, vous permet de jouir du GPS, de services connectés et de diverses informations sur votre conduite.
Côté habitabilité, je suis toujours surpris par l’espace à bord des voitures de ce segment, qui semblent minuscules de l’extérieur, mais qui, une fois dedans, permettent d’embarquer à quatre sans soucis mais sans trop de bagages, même si le coffre à double plancher de 251 L est le plus logeable de la catégorie.
Sur la route : GT(i)
Rentrons dans le vif du sujet, cette Up! GTi est-elle une vraie GTi ?
Si vous n’avez pas lu mon dernier essai de la Polo GTI cru 2018, je vous la résume en une phrase : elle va vite, partout, tout le temps, mais sans réelle émotion et sans grand fun, un peu comme une Golf en fait (hors Clubsport S). J’en attendais alors beaucoup de cette Up!, qui sur le papier rappelons-le, en plus d’être très proche de la Golf GTI première du nom, se veut surtout être une petite bombinette moderne capable d’être emmenée partout, de la ville aux routes sinueuses.
Au quotidien, la Up! profite de son gabarit de mouche pour se faufiler dans le trafic niçois et naviguer sans encombre dans les ruelles étroites du petit village de La Turbie. Une sportive de ville avec laquelle on s’est amusé à refaire plusieurs fois le tracé du GP de Monaco, en passant notamment dans le célèbre virage du Fairmont.
Un travail tout particulier a été porté sur le confort, que je craignais laborieux avant de monter à bord, mais qui au final est l’une des bonnes surprises malgré la monte en 17 pouces. La sensation d’être dans une voiture toujours au-dessus de son segment à bord d’une VW se confirme encore là, surtout sur voie rapide où elle brille par sa rigueur et sa tenue de cap. On a l’impression d’être à bord d’une petite Golf tant elle se débrouille bien avec son TSI de 115 ch… La Up! enquille les kilomètres sans nous le faire sentir, et ce grâce à une insonorisation soignée et une mécanique volontaire, aux antipodes de ce qui peut se passer dans une Twingo pour ne citer qu’elle. Bref, pour rouler pépère ou voyager avec, aucun soucis… Mais ça, on le savait déjà.
Là où on attendait cette GTI, c’est sur sa capacité à rayonner une fois sorti de la ville et arrivé sur la haute-corniche jusqu’à Monaco. Le Rocher, La Turbie, et le début de la Route des Grandes Alpes, une portion tantôt très roulante, tantôt sinueuse à souhait, le terrain d’essai parfait en somme. Aux premiers abords, j’étais heureux de ne pas retrouver la position de conduite bien trop haute de l’Abarth 595 qui donne l’impression de conduire un Multipla…
Puis je me suis installé, et première déconvenue : je n’ai jamais su trouver une position optimale, une position dans laquelle je me sentais « d’arsouiller » en confiance tout en évitant une séance de kiné’ après. la faute à un pédalier trop… vertical et à un volant non réglable en profondeur. Du haut de mon très original mètre 76, je me sens ainsi obligé de conduire avec le dossier très raide et de rehausser l’assise, le volant se retrouve alors trop bas pour être à la position idéale et si on vient à le remonter, ce dernier cache le haut du compteur. Dans les enchainements de courbe, on ne peut que déplorer également le mauvais maintien de ces jolis sièges Clark d’ailleurs, plus pensés pour la ville que pour le Turini.
Bref, je m’installe, je trouve un compromis de position, je tourne la clé et là… rien. Un vide intersidéral, une esbroufe de 3 cylindres comme on le trouve sur la moindre Polo de location chez Sixt ou la Golf de Madame Michu. Merde alors, que s’est-il passé VW ? Tu as doté ta Up! d’un look d’enfer sans lui offrir un son correct : David Bowie avec la voix de M. Pokora si vous préférez. Ok, un trois cylindres n’est pas reconnu pour être le plus chantant qui soit et la Up! se destine à être utilisée au quotidien, mais un travail mineur sur l’échappement aurait pu être fait pour donner un résultat un poil plus rauque et charmeur, comme on peut le trouver sur la Polo GTI.
Le son joue beaucoup dans une petite sportive et Abarth l’a compris en travaillant avec Monza et Akrapovic… Le moindre tunnel avec un Scorpion italien devient un concerto, un régal dans le dédale de passages souterrains de Monaco. Là, le néant. Une déception sonore qui se poursuit en montant dans les tours, où le maigre générateur/résonateur de bruit peine à masquer le sifflement du turbo et le grommellement du 3 pattes TSI. Futurs possesseurs de Up! GTI, changez moi cette ligne d’échappement au plus vite…
Le TSI justement, parlons-en… Le groupe VAG a abandonné son ex 1.2 TSI (4 cyl.) pour un 1.0 TSI (3 cyl.), proposant en théorie le même niveau de performances tout en réduisant le poids du moteur et surtout en soignant le bilan écologique. Souple et vigoureux en conduite coulée, le petit TSI déçoit dès que le terrain devient roulant et que le rythme augmente. Sa plage d’utilisation optimale extrêmement réduite (200 Nm entre 2000 et 3500 tr./min.) et son manque de couple au-delà privent la voiture de relances dignes du blason GTI. Inutile d’aller chercher les chevaux près de la zone rouge à 6000 tr./min., ils auront déjà galopé et il n’y aura plus rien.
Ce côté anémique du trois cylindres oblige à constamment jouer avec la boite manuelle pour bénéficier de la puissance dont on a besoin pour s’amuser un tantinet, à tel point de devoir repasser une première en sortie d’épingle à certains moments… Jouer avec une boite de MX-5 ou de 308 GTI, c’est cool ; pas là. Aussi décevante qu’un Mon Chéri après le réveillon, cette dernière souffre d’un guidage bien trop flou et de débattements trop longs pour être adaptée à une conduite sportive. Le combo moteur/boite est ainsi le gros talon d’Achille de cette Up!, qui hérite d’organes utilisés initialement dans des modèles standards, pas vraiment adaptés à la philosophie GTI. Je ne demandais pas un monstre de puissance, juste un peu de caractère et ce côté piquant qui aurait fait d’elle une voiture attachante…
Dernière déception, le freinage ; même si, compte tenu du poids réduit de la voiture (1070 kg), quatre disques n’étaient clairement pas obligatoires (elle hérite de deux tambours AR), il ne se passe rien dans la pédale du centre, spongieuse à souhait mais surtout souffrant du manque de mordant et d’endurance après quelques dizaines de minutes à jouer, assez peu rassurant sur son efficacité à pouvoir assumer une aprèm’ de roulage entre potes.
Bon, histoire de rester sur une note positive, impossible de ne pas noter la récurrence des ingénieurs Volkswagen à soigner les liaisons au sol et à proposer quelque chose de rigoureux et de performant. Pas de mode « sport » à enclencher, la voiture a été créée pour être aussi confortable au quotidien que saine lorsqu’on la bouscule un peu. Même si la direction aurait gagné à être plus informative et au feeling moins artificielle, on ne peut que se réjouir du comportement de la Up! et de sa faculté à suivre le rythme dans le sinueux, à ne jamais être piégeuse, à ne pas souffrir de trop de prise de roulis malgré la hauteur de caisse, et à savoir encaisser sur son train avant tout en laissant le train arrière se balader de temps à autre. On sent que les quatre roues sont littéralement aux quatre coins de la voiture, ça ne bouge pas d’un iota et c’est rassurant. Si seulement elle avait pu bénéficier d’une mécanique plus pétillante pour devenir rigolote…
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Passées les premières minutes à la découvrir, on s’ennuie au final assez vite à son volant… On a vite fait le tour de ses capacités dynamiques et on se plaira seulement à jouer avec dans le sinueux de temps en temps, en espérant ne pas avoir à faire face à trop de relief. La comparer à une Golf GTI MK1 est finalement une analogie marketing inadaptée pour qualifier une citadine punchy, mais pas réellement sportive. Les 110 ch du 4 cylindres de l’époque n’avaient qu’à emmener 810 kg et pas près de 1100 kg comme aujourd’hui, le tout était créé pour être maitrisé et pas pour être rassurant. Une sportive se doit d’être domptée et de vous remettre à votre place si nécessaire, la Up! GTI est prévenante et accessible à tous, pas vraiment fun, piquante et pétillante comme je l’espérais.
Affichée autour de 17 000 €, elle fait payer assez cher ses prestations, quasiment au prix d’une Abarth 595 145 ch (+ 30 ch). La comparaison avec l’italienne, reine dans son (petit) segment, n’est ainsi pas en la faveur de l’allemande. Le Scorpion, en plus de proposer un capital sympathie au top et un look néo-rétro craquant, offre un meilleur standing à bord et séduit bien plus sur la route et sur piste dès qu’on souhaite s’amuser un peu…
À vouloir plaire à tout le monde et n’être que compromis, la Up! GTI n’est ni mauvaise, ni très bonne, elle est moyenne partout en fait. Trop chère pour être une simple micro-citadine (une Up! normale TSI 90suffit), et pas à la hauteur pour mériter son patronyme à trois lettres. Finalement, son intérêt dans la gamme, une fois le message marketing passé, est limité au rang de vitrine plus que d’icône. Dommage, il y avait de quoi faire…
J’ai aimé
- Look sexy
- Habitacle qualitatif
- Équipements de série
- Polyvalence
- Chassis rigoureux
J’ai moins aimé
- Position de conduite
- Moteur TSI insipide et rapidement creux
- Aucun bruit d’échappement
- Freinage moyen
- Pas vraiment fun
La Volkswagen Up! GTI en chiffres
- Moteur : 1.0 TSI 115 ch (3 cylindres)
- Couple : 200 Nm dès 2000 tr./min.
- Accélération : 0 à 100 km/h : 8,8 sec.
- Vitesse max. : 196 km/h
- Transmission : mécanique à 6 vitesses
- Poids à vide : 1070 kg
- Consommation mixte : 4,8 L (communiquée) / 7,5 L (constatée avec relief)
- Puissance fiscale : 6 CV
- Prix : 16 790 € (sans options, 3 portes)