S’il est un modèle qui se renouvelle sans cesse ces dernières années dans le segment des roadsters haut de gamme, c’est bien le Porsche 718 Boxster, et cette fois-ci il retrouve une appellation bien connue qui nous renvoie une poignée d’années en arrière puisqu’il aura la lourde responsabilité de porter le monogramme 718, en référence à la 718 RSK Spyder , voiture de course des années 50.
Bye bye 6 à plat
Cette mouture 2016 du célèbre cabriolet est, elle aussi comme sa cousine 911, embarquée dans la bataille de réduction des rejets de CO2 entraînant inévitablement la diminution de la cylindrée…..
» Ô rage…! Ô désespoir…! Ô « »jeunesse » » ennemie…! »
Et oui pour cela elle aussi fait ses adieux au flat 6 atmosphérique afin de recevoir un 4 cylindres à plat turbocompréssés. Les puristes ont sans doute encore du mal à avaler la pilule bien que ce ne soit pas la première génération de Porsche à opter pour un 4 cylindres. En effet le célèbre 550 Spyder tournant lui aussi sur 4 pattes ne s’en retrouve pas dévalué pour autant aujourd’hui. Simple passade ou chambardement définitif, seul le temps nous le dira.
Qu’a cela ne tienne, on n’allait pas, en plus, y perdre côté performance, ben non… nous sommes chez Porsche ne l’oublions pas. Il s’agissait de faire dans l’efficience et les hommes de Zuffenhausen ont réalisé un parcours quasi parfait. La puissance se porte désormais à 300cv soit un gain de 35cv ….et c’est pas fini…le couple bondit grâce à l’ajout du turbo et affiche maintenant 380NM dès 1950tr/min , de quoi lui offrir un comportement rageur dès que le feux passe au vert contrairement a sa sœur ainée qui demandait a son chauffeur un peu plus de patience avant d’obtenir le couple maximal du Flat 6. L’effort en résultant étant plus linéaire, les sensations s’en retrouve lissées et aux oubliettes les envolées lyriques qui caractérisaient l’ancien 6 cylindres, nous poussant parfois à tricoter avec le levier de vitesses pour nous enivrer de ses vocalises.
En guise de remède les « ingénieurs du son » ont mis un point d’honneur à travailler la sonorité du flat 4 pour lui faire jouer de belles notes malgré tout et on notera même de douces fulminations au rétrogradage et ça c’est très sympa.
Au moment de jouer la mélodie on se retrouve propulsés de 0 à 100km/h en 5.1s jusqu’à atteindre 275km/h à sa conclusion soit 11km/h de mieux et toc!
Performance d’accord, mais on a bien parlé d’économie en préambule. Et bien oui, grâce a cette transition mécanique elle devient plus sobre et avale presque 1L/100km de moins que la type 981 selon la marque et ne rejette que 168g/km de CO2.
Pour stopper le Roadster les performances ont également été revues a la hausse puisque la Porsche 718 Boxster adopte maintenant les freins du précédent Boxster S. L’essieu arrière se voit renforcé par son berceau et ses amortisseurs, ses roues rélargies, tout ça dans un souci de motricité.
Plumage, ce qui change
Il serait difficile de bouleverser l’esthétique autant que la mécanique sur ce nouveau Boxster. Et pourtant ce n’est pas moins de 70% de pièces nouvelles que ce 718 accueille, seul le pare brise, le capot de malle arrière et la capote ont été conservés. Les plus visibles étant à l’avant, les ouvertures dans le bouclier agrandis, et bien sûr les optiques revus et corrigés par affinage. Le pare choc arrière reçoit lui le monogramme « 718 Boxster » et les antibrouillards .Ainsi la baguette inférieure lui élargit le postérieur, gage de sportivité. Les ailes ont reçu leur injection de Botox, et l’entrée d’air latérale s’ouvre davantage permettant un meilleur refroidissement du nouveau cœur de la belle, celui-ci étant dorénavant équipé d’un turbo qu’il faut gaver en air frais tout comme son radiateur d’huile. Pour les jantes » Carrera S » noir satinée de 20 pouces (option) équipant notre monture d’essai il vous faudra débourser 3432 Euros supplémentaires.
À bord
A l’intérieur on améliore encore la recette, le volant multifonctions vous rappelle sans doute une certaine 918 et vous aurez vu juste puisqu’il s’en inspire. Avec le Pack Sport Chrono vous bénéficiez d’un bouton circulaire vous permettant, du bout du pouce, de changer de mode, celui-ci en comportant 4 : Normal, Sport, Sport +, Individuel, ou ce dernier vous autorisera à régler l’auto selon votre propre mode de conduite, elle n’est pas belle la vie ?
La partie supérieure de la planche de bord change intégrant de nouvelles bouches d’aération. Elle embarque un bel écran 7 pouces via lequel nous avons accès au tout nouveau système « Porsche Communication Management » unité centrale pour toutes les applications multimédias, audio et navigation. Compatible avec Apple Car Play votre Iphone fera corps avec le bolide vous permettant d’accéder aux fonctionnalités autorisées.
La position de conduite toujours excellente est encore renforcée ici grâce aux sièges baquets sport finition carbone (3300 euros) que nous offre notre modèle.
Il n’y aura plus d’excuses pour ne pas vous offrir un weekend à la mer à son volant, le volume de coffre AV (150l)+AR(125l) de 275L sera fort appréciable pour les virées avec madame, et ce, même en avant où arrière saison car tout est fait en son habitacle dans le but de retarder la mise sous capote, entre le volant chauffant (468 euros), et les sièges chauffants (420 euros) qui ne sont pas les plus onéreuses et les moins agréables des options.
Sur la route
La aussi le pari est réussi, le gain de puissance est tout à fait maitrisé par le châssis et autorise des passages en courbes bien plus optimistes. Le point d’honneur sera donné à la stabilité quant à l’agilité, le train arrière revu assurant le maintien du postérieur désormais suralimenté. Ironie du sort l’addition avec le nouveau PSM Sport ( ESP semi actif ) laissant un peu plus de marge au patinage et à l’angle de courbe admettra de légères dérives ce qui n’est pas pour nous déplaire , de quoi satisfaire quelques pulsions mais toujours sous contrôle évitant ainsi les excès .Le caractère sportif est clairement réaffirmé cela ne fait aucun doute, si bien que pour Porsche ce n’était pas encore assez, alors a l’image de Mickael Knight dans K2000, la pression du doigt sur le » Sport Response Button » ( boîte PDK )au centre de la molette de sélection de mode vous fait bénéficier d’un boost additionnel de 20s , une éternité en sommes.Quand bien même perd t’elle de la voix , le départ arrêté rendra jaloux les possesseurs de 6 cylindres tant la disponibilité du moteur est accrue dès la pédale de droite enfoncée.
L’inscription en virage est très précise, la direction plus directe de 10% empruntée à sa grande sœur 911 en étant responsable, les « pif paf » s’enchaînent comme sur un rail, s’acoquinant du PASM (Porsche Active Suspension Management) (1440 euros) qui œuvre en silence à vous faire maintenir le cap.
En bref
Pour résumé les ingénieurs Porsche ont une nouvelle fois fait la part belle à la sportivité tant en son cœur qu’en son enveloppe sur ce nouveau modèle, recette gagnante et qui se veut appliquée à toutes leurs nouveautés. Un châssis époustouflant qui pourrait aisément supporter davantage de puissance sans broncher, un moteur qui bouleverse les codes de la marque par son architecture mais aussi par son utilisation car vigoureux et disponible tout de suite. Le bémol ira à la « mélodie du bonheur » qui se voit amputé d’un tiers de ses musiciens, le chant du 4 cylindres ne remportant donc pas tous les suffrages, bien que sympathiquement mis en tube par l’équipe d’ingénieurs maison.
La vie à bord devient résolument connectée et le confort est encore en hausse tout comme le design et l’ergonomie du poste de pilot….conduite. Aussi les longs trajets ne sont dorénavant plus l’apanage des berlines routières et se veulent engageant.
A n’en pas douter l’écart avec le best seller 911 se réduit, du fait d’un agrément de conduite tout à fait remarquable. Le petit Roadster grignote du terrain techniquement mais aussi dans la grille tarifaire avec un embonpoint de 3100 euros sur la balance pour la version de base avec un prix de départ à 56000 euros. Dans le segment elle aura a faire à l’Audi TT S Roadster à 59 490 euros soit un « poil » plus cher et sera également confronter au 370 Z Roadster de Nissan qui coiffe au poteau ces deux dernières avec un tarif de 35 990 euros.
Le modèle essayé ici regarde de loin le prix de départ auquel il est fixé, il se charge d’un caractère sportif et donc des options qui vont avec, et là on est loin du tarif premier, ce qui sera pour nous le deuxième petit bémol mais rassurez vous ce n’est pas exclusif à cette bombinette.
Plaisir, c’est-ce qui caractérisera pour nous ce 718 Boxster , plaisir en tout temps ( quasi ) et toutes circonstances , et le « trackday » n’est pas à exclure loin de la.
Porsche 718 Boxster en chiffres :
– 300cv à 6500 tr/min – 380NM à 1950 tr/min
– 0 à 100 : 5.1 s
– Vmax : 275 km/h
– 2L 4 cyl Turbo
– 70% de pièces nouvelles
– 1335kg
– Conso : 7.4L / CO2 : 168g/km
– Prix : 56 000 euros / Malus : 2200 euros
J’ai aimé :
– Nouvelle disponibilité moteur
– Comportement châssis
– Look
– Instrumentation
J’ai moins aimé :
– Sonorité inhabituelle
– Prix / options
Galerie photos : Porsche 718 Boxster
Remerciements à Xavier l’heureux propriétaire de cette très belle Porsche 718 Boxster